L'austérité, la fossoyeuse de l'Europe
Publié le 30 Mai 2014
Ces élections européenne du 25 mai 2014 démontrent une chose que les leçons de la crise de 1929 et la montée des régimes d'extrême-droite n'ont pas servie de leçon à l'Europe. Depuis la crise de 2008, nous sommes face à une situation qui ressemble et épouse celle des années 1930 et qui ne profite qu'aux partis populistes. Un constat visible se dégage : l'échec du néolibéralisme qui prétendait que le modèle keynésien était mauvais pour l'économie.
De 1929 jusqu'en 1935, pour régler la crise les pays européens choisirent la déflation pour défendre la monnaie, au lieu de l'humain. Par ce biais l'activité économique d'un pays est ralentie, et l'on peut voir que l'Europe actuelle c'est déjà le cas. Cette politique demande l'équilibre budgétaire par la réduction des dépenses publiques, par la stabilisation commerciale par une compression des prix favorable aux exportations, mais elle est obtenue par une baisse drastique des salaires. L'expérience tourna court, la crise amputa les recettes de l'État et augmenta ses charges, les pays défendirent leur position commerciale par la dévaluation monétaire et le protectionnisme, avec les syndicats qui font obstacle à la réduction des salaires. C'est ce que nous voyons actuellement comme politique employée par l'UE, déguisée sous le nom austérité depuis la crise de 2008 et qui est un véritable échec.
De nombreux pays ont cru pouvoir fonctionner de manière «autarcique» dans les années 1930, c'est-à-dire sans recours aux échanges extérieurs. Mais cela isola des pays comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, et le Portugal ayant choisis des voies populistes ou fascites, au lieu de les rendre plus compétitifs. Cela profita surtout aux élites traditionnelles, au monde capitaliste, à la grande et à la moyenne bourgeoisie débarrassées des syndicats, qui l’emportèrent sur les masses qui espéraient une vraie révolution sociale, et se retrouvent généralement sans droits, sans libertés et sans prospérité, car l'austérité généralisée qui pèse surtout sur les masses populaires amène un endettement de l’État, un affaiblissement de l’appareil productif et un appauvrissement global de la population. C'est le protectionnisme que nous propose l'extrême droite actuellement. Un remède pire que le mal.
La relance de l'économie suppose au contraire l'augmentation des dépenses de l'État (financer les grands travaux, indemniser le chômage, et venir en aide aux entreprises) et l'acceptation du déficit budgétaire, mais aussi de la dévaluation monétaire (actuellement l'Euro est trop fort, et devrait être dévalué) qui doit en même temps stimuler les exportations. Pour cela l'État doit avoir des moyens accrus : la concentrations des entreprises (des subventions et des dégrèvements fiscaux) pour en simplifier le contrôle; en développant le secteur public par la nationalisation des secteurs essentiels : les banques, les transports, l'information parfois quelques entreprises industrielles (armement et la sidérurgie). Aujourd'hui, les thèmes de Keynes reviennent en force, que ce soit les politiques budgétaires ou l'analyse de l'instabilité des marchés financiers. Keynes était partisan d'une forte régulation du secteur financier, qui n'a pas encore vu le jour.
Comme nous le voyons pour les années 1930 tous les fondements du libéralisme économique, aujourd'hui appelé néolibéralisme - individualisme, non intervention de l'État, libre concurrence - ont fait faillite dans l'Europe en crise. La crise de 2008 a montré que le "laissez-faire" et le "laissez-passer" n'est pas une solution. La crise ne fait qu'accentuer la montée des populisme et des extrémismes. Comme dans les années 1930, au lieu de privilégier la raison et un vrai projet de société, on laisse la situation s'envenimer, et on croit que le déni est préférable à une véritable politique pour mettre fin à la crise.
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