Les interprétations théologiques récentes de l'ascension de Jésus
Publié le 29 Mai 2014
À partir des années 1960, un certain nombre de théologiens ont donné leur interprétation sur la tradition néotestamentaire de l'ascension de Jésus. Certains l'ont même rejeté à raison comme le vestige d'une vision postérieure datant du IIe siècle, au moment où les éléments juifs du christianisme commencent à être relégués. Ils laissent entendre que les contemporains ne pouvaient croire à la montée corporelle de Jésus au ciel, ce qui n'est pas faux.
La première interprétation colle à la pensée juive de la résurrection à l'époque de Jésus ? L'objection viendrait du fait que les chercheurs s'inspirent de Paul qui disait que «la chair et le sang ne peuvent hériter de royaume de Dieu» (1 Corinthiens 15, 50). Vient alors l'idée que l'ascension est une tradition tardive et qui fut rajoutée dans les écrits du Nouveau Testament. La déclaration que fait Paul signifie clairement que les corps terrestres sont soumis à la corruption, montrant la puissance du péché, ce qui fait que les morts ne peuvent pas entrer au ciel, mais seraient dans un stade intermédiaire en attendant la résurrection des morts. Suivant la tradition juive, la résurrection pouvait être spirituelle, on peut ainsi voir l'ascension et l'envoi en mission comme une expérience spirituelle qui aurait décidé les disciples de Jésus à continuer le mouvement.
La deuxième interprétation colle à celle de Rudolph Bultmann (1884-1976), un spécialiste du Nouveau Testament. Il écrit que «La cosmologie du Nouveau Testament est essentiellement mythique dans son personnage, le monde est considéré comme une structure à trois étages, avec la Terre au centre, le Ciel au-dessus et en dessous l'enfer. Le Ciel est la demeure de Dieu et des anges célestes .... Personne n'est assez vieux pour penser ou supposer de lui-même que Dieu vit dans un ciel local». Des idées telles que l'incarnation corporelle, l'ascension et les apparitions de Jésus dans la gloire sont pour ce courant théologique de la mythologie.
La troisième interprétation est que l'ascension est une pure fiction. Robert Funk et le Jesus Seminar affirment que dès les premières étapes du mouvement chrétien, que "résurrection et ascension / exaltation [étaient considérés] comme un événement unique." Cela implique que Jésus fut repris immédiatement au ciel après sa résurrection et que les apparitions venaient du ciel. Mais lorsque les apparitions plus tardives commencèrent à être dépeintes comme physiques, "il est devenu nécessaire de mettre un terme aux apparitions corporelle, car Jésus ne pouvait pas continuer à errer sur la terre. Il aurait été vu par beaucoup de gens et aurait dû mourir une seconde fois". Donc, toute la tradition de l'ascension est une fiction inventée par Luc pour résoudre ce problème. Ce serait une "résurrection spirituelle", "où la personne de Jésus fut élevé mais pas son corps."
La quatrième interprétation sans doute la meilleure donne une interprétation plus combattive de l'ascension. Jésus disparaît, pour partir à la droite de Dieu, si l'on suit Actes 2, 34, ou dans la clandestinité, pour ceux qui croient qu'en fait il était juste dans le coma dans le tombeau, d'où il ne serait ressorti que lors de la Guerre Juive de 66-70. Le 9 août 70, lors d'un conseil de guerre pour délibérer sur l'opportunité d'incendier et de raser le Temple, Titus évoque 'la lutte l'une contre l'autre de ces deux sectes, en dépit de leur origine commune'. Rome a décidé de mettre fin aux violences entre juifs et judéo-chrétiens. Le mouvement de Jésus est alors le seul qui puisse résister aux Zélotes, moins nombreux mais moins connus, ils ont des soutiens parmi quelques légionnaires, les cas de Longin est Corneille le démontre. Le mouvement est non violent, mais Jésus n'a pas interdit de défendre sa vie. Et si Jésus était revenu à ce moment là, qui sait ? Les apparitions continuèrent après sa disparition. L'ascension ne serait juste qu'un départ précipité de Jésus pour continuer son mouvement de résistance non violent. Il fut donc toujours présent au sein de sa communauté, grâce au rôle important de sa famille qui dirigea l'Église jusqu'en 135.
Après tout, il est possible que l'auteur de Luc et des Actes s'inspire d'une tradition populaire faisant un parallèle avec les assomptions respectives de Moïse, d'Hénoch ou d'Isaïe, ou encore avec d'autres récits édifiants mettant en scène l'élévation de personnages illustres de la mythologie gréco-romaine, comme Romulus, Hercule ou Médée, voire des apothéoses d'empereurs romains, dans une démarche et un récit qui tendent à historiciser le phénomène d'élévation de Jésus.
Merci !