Les enfants nés sous GPA à l'étranger ne devraient pas servir d'alibi à des combats d'arrière-garde qui ne les concernent pas
Publié le 20 Juin 2015
ouest-france.fr dans on article du vendredi 19 juin 2015 intitulé «GPA. Les enfants nés à l'étranger bientôt inscrits à l'état civil ?» nous montre que quelques centaines de partisans de la Manif pour tous se sont rassemblés jeudi soir devant le palais de justice de Paris à la veille de l'examen par la justice de l'inscription à l'état civil d'enfants nés à l'étranger de gestation pour autrui (GPA).
Pour la Manif pour tous, qui s'est fait connaître en se mobilisant contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, la GPA est «une pratique indigne synonyme d'asservissement de la femme et de marchandisation de l'enfant». Selon ces militants, «interdire la GPA en France est insuffisant : il faut interdire la GPA pour les Français qui y ont recours à l'étranger». Pour Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif Pour Tous, «retranscrire ces actes à l'état civil, c'est reconnaître la GPA», et «la France, patrie des droits de l'Homme doit agir et être le leader de l'abolition de la GPA».
Les manifestants, parmi lesquels le maire (UDI) de Neuilly Jean-Christophe Fromantin et le député (Les Républicains) Hervé Mariton, tenaient des drapeaux bleus et roses représentant une famille de parents hétérosexuels avec deux enfants, main dans la main. Sur leurs pancartes on pouvait lire «GPA=business des enfants la France peut-elle tolérer ?» et «GPA=trafic humain la France doit la combattre».
Le seul problème est que la Manif pour tous vise à côté car sur Libération.fr, comme l'explique la sociologue Irène Théry, de l’École des hautes études en sciences sociales, la décision de la CEDH ne remet pas en cause le droit d'interdire la GPA en France, mais elle prône aussi une «reconnaissance totale» de la filiation des enfants nés à l’étranger. C'est pour cela que la cour de cassation va se prononcer sur la reconnaissance à l’état civil français de la filiation des enfants nés légalement de GPA à l’étranger le 3 juillet.
Bien sûr les groupes opposés à l'homoparentalité et donc à la GPA, n’ont pas hésité à répandre des énormités juridiques, prétendant par exemple que l’arrêt de la Cour européenne allait nous contraindre à légaliser la GPA, alors que c’est exactement l’inverse. Ils ont proposé que les enfants nés par GPA n’aient plus de «parents», mais seulement des «tuteurs», pour bien les punir, comme s’ils ne savaient pas que la filiation existe déjà. La fraternité et l'égalité semble être le dernier de leur soucis.
Je conclurais avec d'Irène Thierry qui nous montre que pour la Manif pour tous l'intérêt de l'enfant est le moindre de ses soucis : "En refusant que ces enfants puissent être inscrits sur le livret de famille de leurs parents, la France les a constitués en une catégorie à part : ils sont traités comme des étrangers dans leur propre pays. Les anti-GPA, superdéfenseurs autoproclamés des enfants, veulent avant tout qu’ils aient cette tache au front. Cela rappelle la façon dont on a traité autrefois les «bâtards», pour les punir des fautes de leurs parents. Quelles fautes, d’ailleurs ?"
Merci !