La sainte tunique de Trèves en Allemagne, une relique dont on doute de l'authenticité

Publié le 23 Août 2015

La sainte tunique de Trèves en Allemagne, une relique dont on doute de l'authenticité

La sainte tunique de Trèves en Allemagne serait considéré comme le vêtement que Jésus portait peu de temps avant il a été crucifié, comme le décrirait dans l'évangile de Jean (19, 23-4). Cette tunique sans couture de teinte gris-brun changeante de petites dimensions (1,48 m devant, 1,57 m dans le dos, 1,09 m de largeur inférieure et 70 cm de largeur supérieure, des manches longues de 46 cm et larges de 31 cm), tissée à partir du haut jusqu'en bas en coton ou lin feutré, est conservée dans la cathédrale Saint-Pierre de Trèves en Allemagne, dans un sanctuaire de verre climatisée. Elle est en concurrence avec la sainte tunique d'Argentueil.

La légende voudrait que la tunique aurait été mise à la cathédrale de Trèves entre 325 et 330 par Hélène, la mère de Constantin le Grand, qui aurait découvert la tunique en Israël, avec relique de la Vraie Croix. La cathédrale de Trèves, la plus ancienne église en Allemagne, a été construite par le premier empereur romain chrétien. Mais cette identification est peu fiable, car entre 310 et 329, l'évêque Agritius fait construire une première basilique sans que l'on mentionne la tunique. Même pour l'agrandissement de la basilique par l'évêque Maximin de Trèves (329-346), on ne fait pas mention de cette relique durant cette période.

Ce n'est qu'au XIIe siècle que l'on commence à en parler, au moment où apparaissent la plupart des reliques qui sont des faux grossiers. On en fait mention pour la première fois dans un document en 1196. Le pèlerinage remonte à 1512, lorsque le Saint Empereur romain Maximilien Ier a exigé de voir la Sainte Tunique alors que l'archevêque Richard von Greiffenklau émet de sérieux doutes sur cette relique. Cela a conduit à des demandes de citoyens laïcs pour voir eux aussi la relique et les pèlerinages pour voir la tunique commencèrent. Ces pèlerinages attireront 100 000 pèlerins. L'usage du pèlerinage courant entre 1524 et 1545 mais il se perd au milieu du XVIe siècle, puis il est relancé au début du XIXe siècle avec un pèlerinage tous les 30 ou 40 ans. Le pèlerinage a provoqué la controverse en 1844, quand il a été utilisé comme une occasion pour les catholiques d'affirmer leur identité contre la domination protestante. Les dernières ostensions eurent lieu en 1933 qui donna lieu à une guerre de propagande entre l'Église catholique et le parti nazi, en 1959, en 1996 et en 2012. En 1959, le diocèse de Trèves a commencé à apporter une dimension œcuménique au pèlerinage, en adoptant le slogan : "Et unir ce qui est séparé". Au cours du dernier pèlerinage de la sainte Tunique, en 1996, l'Église protestante de Rhénanie a été invité à se joindre au pèlerinage pour la première fois.

L'Eglise allemande reconnaît elle-même que l'origine de la pièce de Trèves est loin d'être établie. Un "examen archéologique" de la tunique a eu lieu en 1890-1891 qui disait vaguement que le tissu avait toutes les apparences à du lin et du coton mais aucune étude scientifique sérieuse n'a été réalisée. Les analyses effectuées sur l'étoffe ont conclu qu'elle a été entièrement restaurée autour de 1500. L'historienne du textile Mechthild Flury-Lemberg, qui a examiné la tunique dans les années 1970 aurait constaté qu'une grand part de la tunique était composée de tissu ajouté au cours des restaurations de 1512 et de 1891, mais qu'elle contenait également quelques lambeaux de laine qui remontaient au début de l'Empire romain, ce qui est très difficile à dire sans datation au carbone 14. Mais, elle a par prudence conclu que l'âge et l'origine de la tunique "ne peuvent pas être déterminées exactement." D'aspect gras et brunâtre, elle se compose de satin de soie, de tulle et de taffetas agglutinés au fil des réfections successives, Mechthild Flury-Lemberg n'a pas pu y identifier clairement des fibres remontant jusqu'à l'an 33.

Un test en 1984 a soit disant montré que le tissu de la tunique Argenteuil serait venu également de la région méditerranéenne et aurait à peu près du même âge que la tunique Trèves. Donc Jésus aurait eu deux tuniques avant de mourir, je ne connaissais pas une telle prévenance des Romains durant l'exécutions de rebelles. Il est difficile d'avancer une telle hypothèse puisqu'aucune datation au carbone 14 n'a été faite, puisque les réparations de 1512 et 1891 la rende impossible, et donc dater la tunique et dire d'où est elle venu est particulièrement difficile. D'après d'autres analyses scientifiques sur les tissus, ce vêtement daterait du VIe siècle, mais rien n'est certain.

Finalement tout ce que l'on peut dire, c'est que la sainte tunique de Trêves serait apparue au XIIe siècle et s'avère être une fausse relique. Pour l'évêché de Trèves l'authenticité de la tunique est accessoire, puisque c'est le pèlerinage qui a du sens et c'est aussi pour la ville de Trèves une attraction touristique et un miracle commercial.

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Histoire de l'Eglise

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Commenter cet article
C
Pour votre information . la tunique d argenteuil est le maillot de corps . meme recement on portait encore des dessous ( jupon ...) alors encore plus a 2000 ans . celle ci serait tout simplement la robe qu'il portait par dessus . la tunique d 'argenteuil est celle de st jean car elle est sans couture .
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P
croisé,<br /> <br /> Je précise bien que c'est une tunique sans couture. Peut-être que j'aurais du dire qu'elle était la robe sans couture signalée dans l'évangile de Jean. Une sorte de manteau court servant de sous-vêtement.<br /> <br /> Merci !