Hollande au camp des Milles : «Le devoir de refuser certains mots»

Publié le 8 Octobre 2015

Hollande au camp des Milles : «Le devoir de refuser certains mots»

Libération.fr nous montre que durant la cérémonie en hommage aux Juifs déportés en 1942, le chef de l'État a annoncé la mise en place prochaine d'un texte qui fera de «toute inspiration raciste ou antisémite» une «circonstance aggravante».

Entièrement au charbon. On ne pourra pas accuser François Hollande d’avoir mégoté la réponse de l’État face à la montée du discours populiste. Après son face-à-face musclé avec Marine Le Pen mercredi au Parlement européen à Strasbourg, détourné à des fins de politique hexagonale, qu'il a éreinter, en quelques mots bien sentis et notamment en lui disant que «La souveraineté européenne, c'est d'être capable de décider pour nous-mêmes et d'éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes», le chef de l’État était jeudi 8 octobre 2015dans son exercice favori: le discours mémoriel. De quoi, toujours, tirer des leçons pour le présent et se présenter en père de la Nation au-dessus de la mêlée. De quoi, surtout, incarner le rempart ultime face à l’extrême droite. Le tout à deux mois des régionales, dix-huit mois de la présidentielle et dans une région Paca qui pourrait tomber aux mains du FN –lequel hurle d'ailleurs à la campagne politique déguisée en visite officielle.

Certes le chef de l’État a visité un lycée et annoncé que le projet de loi faisant du racisme une circonstance aggravante dans tout délit, serait prêt avant la fin de l’année. Mais la présence à ses côtés de Najat Vallaud-Belkacem et de Christiane Taubira ressemble à un démenti par l’image opposée à ceux qui parlent de la France comme d’un pays de «race blanche». Au camp des Milles, près d’Aix-en-Provence, d’où partirent plus de 2000 Juifs français en 1942 et qu’il qualifie de «Vel d’Hiv du Sud», François Hollande se pose en garant d’une «mémoire citoyenne, celle qui relie, celle qui unit […] face aux faussaires de l’histoire et aux négationnistes».

Le message se veut historique et général mais Hollande ne tarde pas à foncer tête baissée dans le débat politique. «Nous sortons à peine d’une grave crise économique qui peut laisser un sentiment d’abandon et déclassement», reconnaît le président, qui attaque «ceux qui utilisent ces angoisses pour séparer, diviser et parfois détester». Juste avant lui, le président de la fondation du camp des Milles, Alain Chouraqui, a dénoncé la «montée de l’intolérance et des inégalités […] la tentation de la pureté identitaire qui, par refus de l’altérité, conduit à la violence de masse».

Pour Hollande, le parallèle avec les années 30 est plus que valable, cette époque où «la première digue à sauter fut celle des mots». «Il était alors acceptable presque banal de tenir pour méprisable celui qui était différent, acceptable qu’on puisse rabaisser les Juifs et les étrangers à longueur d’articles», rappelle-t-il dans la pénombre de l’auditorium de l’ancienne fabrique de tuiles devenue camp de transit géré par Vichy.

À l’heure où la parole réactionnaire enfle en France, «nous avons donc le devoir de refuser certains mots et dénoncer les effets de ces mots, ce qu’ils traduisent: les divisions, les amalgames, les exclusions, les discriminations», insiste le chef de l’État, qui accélère donc le projet de loi sur le racisme après les propos de Nadine Morano. Au-dessus de la mêlée mais surtout au charbon.

Comme le dit Challenges.fr, ce mercredi et ce jeudi le chef de l'État n'a pas seulement répondu à Marine Le Pen, mais aussi à tous les déclinistes de France qui pensent, de Eric Zemmour à Alain Filkielkraut en passant par Robert Ménard et Nadine Morano, que la France serait beaucoup plus heureuse fermée au monde, repliée sur des frontières illusoires, crispée sur une identité judéo-chrétienne qui n'a jamais existé. Il est bon de montrer que ceux qui n'aiment pas la France, ce sont ceux qui attisent les haines et les préjugés.

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités

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S
Annonce d'une N ème loi sur le racisme? C'est cool. Toutefois, n'oublions jamais que la meilleure manière de lutter (en amont) contre le racisme, l'antisémitisme et la haine de l'autre, c'est l'ÉDUCATION....! Eh oui, car, tout cela le racisme, de quelque nature que ce soit, est, reste et demeure le fruit de l'IGNORANCE. C'est dire donc que le raciste est avant tout victime de sa propre ignorance. D'ailleurs, VOLTAIRE ne considère-t-il pas l'IGNORANCE comme "la plus grande maladie dont souffre l'humanité" ? Merci et bien à vous.
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P
Sandro,<br /> <br /> Vous avez raison, d'ailleurs l'école se doit d'enseigner à refuser l'intolérance quelle que soit son genre (fanatisme, fondamentalisme, intégrisme, xénophobie, et homophobie). Il est grand temps d'en faire le combat pour la République avec l'emploi, et l'école peut nous guider dans ce sens.<br /> <br /> Merci !
G
Ce minable que par fatigue les Français ont élu (Si, Si,) PR oublie-t-il que le camp des Milles a été aussi celui des familles de harkis rapatriés en France ?
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P
gaëtan,<br /> <br /> Je vous avez prévenu, votre commentaire a été supprimé. J'attendais beaucoup mieux de vous.<br /> <br /> Merci !
P
gaëtan,<br /> <br /> Vérifiez vos sources, les camps de transit et de reclassement étaient au nombre de sept pour les Harkis: Bias (Lot-et-Garonne), Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), La Rye - Le Vigeant (Vienne), Larzac-La Cavalerie (Aveyron), Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). C'est nullement au camps des Milles. Et ne comparez pas des événements qui n'ont rien à voir.<br /> <br /> Encore une fois que vous n'aimiez pas le Président cela vous regarde, mais ce manque de respect n'aura pas de suite la prochaine et cela qu'ils soit de droite ou de gauche, la prochaine fois, le commentaire sera supprimé. Je vous ai déjà prévenu pour le pape et le président. <br /> <br /> Merci !