Des élections présidentielles peu engageantes
Publié le 11 Mars 2017
Benoît Hamon fait face à la fronde de l’aile droite du PS et aux médias qui semblent vouloir qu’il ne se qualifie pas au second tour en choisissant le néolibéral Emmanuel Macron. Dernière opération médiatique en date, dire que le meeting du Havre a eu moins de personnes que celui d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas le nombre de place à un meeting ou des sondages qui font voter les gens. Il faut bien choisir, car celui qu’on croit l’homme providentiel finit toujours par décevoir.
Les exemples qui montre que la politique que va mener Emmanuel Macron risque de renforcer les populismes sont nombreux. Mais le plus intéressant est celui de Mateo Renzi, qui se prétendait social démocrate. Son «Jobs Act» a introduit la soit disant flexisécurité qui a permis le licenciement abusif des employés tout en ignorant les syndicats et l’aile gauche de son parti. Avec un chômage qui est passé à 11,7 % des actifs et une croissance à 0,7 %, le résultat de cette politique est plus que mitigé et n’a pas fait revenir d’emploi, sans oublier une dette publique passée à 130 % du PIB. Le résultat de cette politique est la montée des populismes en Italie à travers le mouvement Cinq Etoiles. Enfin, pour ceux qui ne voient pas cette proximité entre Renzi et Macron, le premier s’est inspiré de ce dernier avec "incammino2017.it", mais n’a réussi qu’à diviser le Parti Démocrate, qui a vu se former le mouvement Démocrates et progressistes (DP) pour rénover le «centre gauche».
Ensuite ceux qui sont tenté par Jean-Luc Mélenchon devraient réfléchir. L’exemple de Christina Kirchner en Argentine est parlant. Cristina Kirchner au pouvoir de 2007 à 2015, a mené une politique protectionniste permettant une forte dévaluation de la monnaie tandis que l’on ne peut plus rien vendre dans le pays sans accord de l’État, ce qui se double par une limitation des importations et une fiscalité élevée. Le bilan est un pays qui connaît une forte inflation, un déficit budgétaire important et une économie au bord de la récession. La misère n’a pas disparu, elle est ajustée par une forte protection sociale mais qui ne peut rien faire face à l’augmentation des prix et le gouvernement manipule aussi les chiffes des taux d’inflation et ceux de la pauvreté pour faire croire aux bons résultats de sa politique économique. Enfin, la corruption a permis aux Kirchner et à leurs proches de s’enrichir. Le résultat du kirchnérisme est l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri en 2015 un homme de droite néolibéral qui met en place une politique d’austérité et favorable au patronat dont les grands déficitaires sont le peuple argentin.
Ensuite Marine Le Pen qui nous mettra en avant dans une politique ingouvernable. Elle prend pour modèle Donald Trump qui s’est fait élire président des États-Unis en tapant sur les plus faibles (immigrés et réfugiés) pour drainer une majorité contre eux et détourner l'attention des vraies causes des problèmes. Le nouveau titulaire de la Maison Blanche veut aussi d’en finir avec l’Obamacare rendant les soins abordables, de suspendre l'entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays, des réfugiés et des immigrés sans-papiers, tout en attaquant les accords commerciaux des États-Unis et les programmes de protection de l'environnement. Sans oublier des allègements fiscaux aux milliardaires et des coupes dévastatrices pour les programmes qui influent sur la classe moyenne. Il prend également une stratégie consciente de mensonges en dénigrant les institutions publiques clés, les médias grand public et les juges. Le résultat est que Trump a une forte résistance contre lui et se retrouve avec un pays divisé.
Enfin, ceux qui sont tentés par le vote Fillon, cela mérite réflexion. L’exemple britannique du Premier ministre David Cameron est des plus intéressants. Il a mis en place une austérité drastique qui a permise la baisse du chômage par la précarité de l’emploi à travers le fameux contrat zéro heure, qui n’assure aucune heure de travail, avec une réduction des prestations sociales et des coupes budgétaires doublées par la privatisation de la santé, de l’éducation et du logement. Le résultat de cette politique est la montée du parti d’extrême droite Ukip et le Brexit qui a fait sortir le Royaume-Uni de l’UE.
Benoît Hamon lui a choisit comme modèle Bernie Sanders qui veut une politique de solidarité, de générosité et d’intégration. Il veut reconquérir les déçus du gouvernement pseudo-socialiste de François Hollande. Bernie Sanders comme lui a le souci des salaires, des conditions de vie des travailleurs ou des étudiants et comme lui Benoît Hamon pense qu’il est nécessaire de procéder à un tournant dans la ligne économique et sociale du Parti démocrate américain et des partis sociaux-démocrates européens. Benoît Hamon souhaite mettre la question sociale au centre de la présidentielle de 2017. Cette question a été délaissée. Pour mettre en avant un modèle social démocrate qui marche, il prend exemple sur le Portugal où le PS a trouvé un compromis avec le PC et le Bloc de gauche pour augmenter le pouvoir d’achat, le soutien aux petites et moyennes entreprises et la lutte contre le chômage. La gauche radicale a aussi accepté de respecter les traités européens. Dommage que la France insoumise comparé à EELV n’a pas su aller vers cette approche.
Les États-Unis montrent à travers l’exemple d’Hilary Clinton qui gagna les primaires démocrates favorisée par le Parti démocrate et les médias face à Bernie Sanders, ce qui entraîna sa défaite face à Donald Trump, vu que les experts politiques la donnaient de droite comme de gauche (on a un candidat qui se dit ni de droite ni de gauche, Emmanuel Macron), ce qui ne donna aucun élan à sa campagne électorale. Les journalistes durant cette période n’avaient pas fait preuve de déontologie et ne s’étaient pas rendu compte que les électeurs de Bernie Sanders n’auraient jamais voté pour Hilary Clinton trop proche des marchés. Il est à craindre que nos chers journalistes et instituts de sondages fassent la même erreur, car il est difficilement concevable de voir les électeurs de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon voter Emmanuel Macron. Agiter le vote utile finit par être inaudible.
Merci !