Quatre ans de pontificat et des frondeurs pour le pape François
Publié le 13 Mars 2017
francetvinfo.fr nous montre qu’il y a quatre ans tout juste, le 13 mars 2013, le pape François était élu. Une date anniversaire pour ce pape qui sait se rendre populaire mais qui est aussi très contesté au sein de l’Église.
Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio est devenu le pape François. Quatre ans de pontificat jour pour jour sans faire le consensus. Certains dans l'Église s'opposent à ses positions doctrinales. Mais c'est aussi sur la méthode que le pape François fait des mécontents. Ainsi, ces dernières semaines, des affiches très virulentes ont été collées dans les rues de Rome. Le pape François veut laisser toutes les voix s’exprimer mais commence à en faire les frais.
L’épisode récent des affiches anti-pape – rapidement enlevées- en dit long sur le climat qui règne à Rome. Il y a beaucoup de confusion et de grogne, constate Romilda Ferrauto. "Il y a une opposition qui s'affiche et qu'on a l'habitude de définir comme conservatrice, des personnes qui ne sont pas d'accord sur des points de doctrine", souligne la journaliste et rédactrice en chef de Radio Vatican. "Mais il y a aussi une opposition plus sournoise qui n'aime pas le style du pape François, sa manière de gouverner" ajoute-t-elle, avant de conclure : "Cette opposition, elle est beaucoup plus dangereuse à la limite, parce qu'elle est un peu partout." Romilda Ferrauto, observatrice de l'évolution du Vatican depuis 25 ans, constate aussi que les réformes voulues par le pape François ont du mal à passer. "Il y a des prêtres qui se sentent un petit peu désorientés par ce pontificat et qui râlent", nous dit-elle.
Que le pape François soit critiqué c'est bon signe, estiment de leur côté ses amis jésuites, les plus proches. Et pour le pape François, toutes les voix dans l'Église doivent s'exprimer. Le vaticaniste de longue date, Luigi Accattoli, souligne que l’Église, en Occident en particulier, a du mal à suivre."Tout le pontificat se joue sur cet enjeu : faire sortir l’Église d’elle-même. Pour l’instant, l’Église n’en a pas la force", analyse le vaticaniste. "On ne peut pas, aujourd’hui, savoir si le Pape François réussira à faire bouger l'Église ou s’il restera dans l’histoire comme un Pape sympathique mais qui n’a pas été obéi", conclue-t-il.
LeMonde.fr nous montre pourquoi ses réformes ne passent pas au sein des milieux conservateurs de l’Église dans l’article d’Aymeric Janier : «Le pape François à l’épreuve de la réforme vaticane». Pour le National Catholic Reporter, le pontife argentin n’a certes pas bouleversé le dogme catholique sur la contraception, le célibat des prêtres, l’ordination des femmes ou le mariage homosexuel, mais il a assurément contribué à faire bouger les lignes. À l’appui de son argumentaire, l’hebdomadaire américain cite quelques-uns des «mérites» de l’évêque de Rome : sa nouvelle méthode d’évangélisation, fondée sur la compassion et la miséricorde; sa façon de promouvoir la discussion et le débat – par le truchement des synodes – ou encore son inclination à préférer le discernement au cas par cas à la rigidité doctrinale systématique.
«Cette tentation de la réforme, loin de faire l’unanimité, exacerbe les passions. La frange la plus conservatrice de l’église, à l’extérieur mais aussi au sein même de la curie, l’accuse de dilution idéologique. En cause, sa politique de la main tendue aux réfugiés musulmans ou son engagement à agir contre le dérèglement climatique, entre autres» nous dit The Financial Times. En signalant, la semaine dernière, qu’il était ouvert à l’idée d’une possible ordination d’hommes mariés dans les zones les plus touchées par la crise des vocations – et ipso facto une pénurie de prêtres – le pape a une nouvelle fois pris le risque de s’attirer les foudres des tenants de l’immobilisme, comme le rapporte The New York Times, et The Atlantic.
Damian Thompson croit qu’une cabale feutrée est à l’œuvre derrière les murs du Vatican, rédacteur en chef adjoint de The Spectator, qui emploie à dessein le terme de «complot». De fait, explique-t-il, ce n’est un secret pour personne que, dans l’ombre, certains cardinaux influents conjurent pour écourter le règne papal, par crainte qu’un schisme ne se produise. Catherine Pepinster, de The Observer, va encore plus loin, évoquant une «guerre civile», dans laquelle les gardiens du temple bataillent ferme pour préserver «l’âme du catholicisme».
Pour le pape François réformer l’Église sera difficile, ses ennemis sont nombreux et souhaitent qu’il échoue. Sans doute faudra-t-il qu’il s’appuie sur le Peuple de Dieu pour mettre en minorité les communautés nouvelles et les nouveaux mouvements ecclésiaux qui ne souhaitent pas les réformes nécessaires.
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