La rédaction du mensuel féminin du Vatican démissionne

Publié le 27 Mars 2019

Le correspondant au Vatican de RFI.fr, Eric Sénanque nous montre le mardi 26 mars 2019 que c’est une démission qui fait du bruit au Vatican : la directrice du supplément féminin de l’Osservatore Romano le quotidien du Saint-Siège claque la porte, tout comme son comité de rédaction, dénonçant une reprise en main de la publication, qui a beaucoup fait pour évoquer la place des femmes dans l’Église. Sa voix ne parlera plus désormais depuis l’intérieur du Vatican. Lucetta Scaraffia a décidé de claquer la porte de «Femme, Église, Monde», le supplément  mensuel du très sérieux quotidien du Saint-Siège.

 

Lancée en 2012 sous l’impulsion du pape Benoît XVI, cette publication jouissait d’une grande liberté éditoriale, sous la baguette de cette historienne respectée. C’est ce supplément qui avait publié l’an dernier une enquête approfondie sur les conditions de travail des religieuses, et dévoilé la réalité des abus sexuels sur les sœurs. Une réalité que le pape François avait pour la première publiquement évoquée en janvier dernier.

 

Dans son dernier éditorial, Lucetta Scaraffia ne cache pas son amertume, dénonçant le manque d'appui de la nouvelle direction de l’Osservatore Romano qui depuis trois mois n’a cessé selon elle d’affaiblir la ligne éditoriale de sa publication. L’historienne démissionne, accompagnée des 10 autres femmes membres du comité éditorial. L’Italienne a même écrit une lettre ouverte au pape dans laquelle elle déplore d’être placée «sous le contrôle des hommes».

 

Mme Scaraffia évoque un retour "à la coutume dépassée et aride de choix venant du haut (...) de femmes considérées comme faibles". Elle a aussi rendu public l'éditorial du dernier magazine qui doit théoriquement être publié le 1er avril, dans lequel elle met directement en cause "la nouvelle direction de L'Osservatore Romano", accusée d'avoir mis les femmes dos à dos. La revue de femmes avait le soutien de l'ex-directeur de L'Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, un érudit professeur d'université remercié du jour au lendemain en décembre, remplacé par l'écrivain Andrea Monda dans le cadre d'un plus vaste remaniement de toute la communication du Vatican (https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/26/femmes-eglise-monde-revue-feministe-du-vatican-cesse-sa-publication_a_23700575/).

 

Le directeur de l’Osservatore Romano, dans une note se défend de toute interférence dans la ligne éditoriale du supplément féminin. «Je n'ai jamais sélectionné qui que ce soit selon le critère de l'obéissance» explique-t-il. Il affirme toutefois n'être jamais intervenu dans le mensuel, se limitant à "suggérer" des thèmes et des personnes à éventuellement impliquer (https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/26/femmes-eglise-monde-revue-feministe-du-vatican-cesse-sa-publication_a_23700575/).

 

Difficile de se faire une place dans une Église cornaquée par les hommes souhaitant que les femmes restent dans le rang, plus encore quand on voit une initiative comme le supplément de l’Osservatore Romano, «Femme, Église, Monde», qui permettait de voir la touche féminine de l’Église se faire peu à peu contrôler par un homme.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Je vous rejoint dans ces réactions, et me pose la question suivante:<br /> faudrait-il se "décatholiciser" pour faire comprendre à l'Eglise actuelle qu'elle est hors des clous. En France la CEF n'a aucun regard lucide sur les influences délétères dans son rang. Quelle Eglise voulons-nous, faisons nous en nous taisant? Utilisons-nous assez pertinemment notre droit à la parole de baptisés? Les cathos de gauche n'existent plus disent quelques sociologue, n'est-ce pas plutôt qu'une partie de la cléricature ne veut plus les prendre en compte, ni les voir... A qui profite le crime de Jean Paul 2, saint à décanoniser! Qui est donc "intrinsèquement pervers" dans le monde catho d'aujourd'hui?<br /> Faute de prendre les commandes, ne pas se taire.<br /> Bien à vous toutes et tous.<br /> Antoine MARTIN
Répondre
P
Antoine Martin,<br /> <br /> L’Église existera toujours, tant qu'il y aura des communautés. Si elle est collégiale, qu'elle met vraiment en avant l'unité, et qu'elle soit pleinement transparente avec le souci de mettre en avant les fidèles qui pourrait soutenir les clercs. L’Église pourra avancer et si on l'aime, on doit ne pas se taire et souhaiter qu'elle se réforme.<br /> <br /> Merci !