L’Église en période de Covid-19, entre jouer un rôle et un retour à la normale

Publié le 24 Avril 2020

Comme nous le montre Charles Collins le jeudi 23 avril 2020 sur cruxnow.com (https://cruxnow.com/church-in-uk-and-ireland/2020/04/english-cardinal-praises-healthcare-workers-during-special-mass/) le cardinal Vincent Nichols a déclaré jeudi soir que le travail des agents de santé de première ligne dans la pandémie de COVID-19 portait "la marque de la foi chrétienne" et il a mis en garde contre «tout sentiment d'apitoiement sur soi alors que nous jouons notre rôle dans ces disciplines vitales». Nichols s'exprimait lors d'une messe pour les malades et leurs familles «qui souffrent des effets de ce terrible virus», les travailleurs de la santé et les travailleurs sociaux. C'était la première d'une série de messes célébrée dans différentes cathédrales en Angleterre à 19 h tous les jeudis. L'heure a été choisie de manière à précéder la salve d'applaudissements pour les travailleurs du National Health Service qui a lieu à 20 heures tous les jeudis dans le Royaume-Uni depuis que le pays a été bloqué le mois dernier pour tenter de stopper la propagation du coronavirus, afin de les remercier «pour leur courage et leur générosité» et «leur grand engagement envers leurs patients qu'ils servent si généreusement».

 

Joshua J. McElwee dans NCRonline.org nous montre aussi ce vendredi 24 avril (https://www.ncronline.org/news/parish/grace-comes-through-three-bishops-ministering-during-pandemic) que le cardinal de Chicago Blase Cupich, l'évêque de San Diego, Robert McElroy et celui de Cheyenne, Wyoming, l'évêque Steven Biegler, chacun parlant par téléphone le 22 avril, ont mentionné un certain nombre de façons dont les catholiques pourraient utiliser cette fois pour le développement spirituel, car pour Blase Cupich l'expérience d'être séparés les uns des autres pourrait enrichir la façon dont les catholiques célèbrent la liturgie à l'avenir, puisque cela permet de redécouvrir certaines valeurs fondamentales de ce que signifie être église en ce moment qui fera de nous une meilleure église après cela. Et selon McElroy cela ne doit pas être un moment de «pause», et qu’ils essayent de toucher les gens avec la grâce de Dieu et la présence de l'église dans la mesure du possible. Il faut selon Biegler utiliser ce temps pour approfondir leur lecture des Écritures. Ils se sentent proches des paroissiens qui ont perdu l’accès à l’eucharistie et ne peuvent plus se réunir ensemble.

 

Cupich, McElroy et Biegler mettent en avant le service des malades notamment Cupich avec le travail d'une équipe de 24 prêtres que son archidiocèse a organisée pour rendre visite aux patients hospitalisés atteints de COVID-19 et pour offrir l'onction des malades si nécessaire, ces derniers  ont chacun reçu une formation spécifique et utilisent des équipements de protection individuelle pour prévenir la transmission du virus, et l’aide aux autorités locales, à travers des gestes envers les familles sans emploi en leur donnant de la nourriture, les prisonniers libérés en les logeant et ceux encore enfermés en leur obtenant des articles essentiels.

 

Les évêques américains ont aussi réagi au décret du président américain visant à suspendre une partie de l’immigration légale, car «Il n'y a guère de preuves que les immigrants enlèvent des emplois aux citoyens». Dans le sillage du pape, ils exhortent dans une lettre «à l’unité et à la créativité de l’amour», au lieu de «la division et l’indifférence», du fait que «Le virus est impitoyable dans la prédation de la vie, il ne connaît ni frontières ni nationalités. Et cette décision empêche les religieux d'autres pays de venir aux États-Unis, ce qui est pourtant un soutien fondamental pour le travail de leur Église (https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-04/aux-etats-unis-l-episcopat-s-erige-contre-le-blocus-de-l-immigr.html).

 

Et les évêques américains sont à plaindre vu le président qu’ils ont puisque Donald Trump a proposé jeudi une "injection" de "désinfectant" pour combattre le coronavirus, et  des "ultraviolets" ou une "lumière très puissante" à projeter "à l'intérieur du corps", ce qui a consterné la communauté scientifique, et de nombreux spécialistes qui ont accusé le président américain d'être irresponsable en faisant ces suggestions "dangereuses", comme le montre LeMonde.fr (https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/24/rayons-uv-et-desinfectant-injecte-dans-les-poumons-les-elucubrations-du-docteur-trump-contre-le-covid-19_6037652_3210.html).

 

Le religieux argentin Arturo Zampini, nommé par le pape François pour diriger la "task force" du Vatican contre le coronavirus dont l’activité principale est «La réponse immédiate des églises locales et au-delà de l'église, à la santé des gens, en particulier à l'aide humanitaire», a reconnu ce jeudi qu'il craignait surtout les conséquences sociales de la pandémie et l'augmentation de la faim dans le monde qui "nécessite beaucoup de coopération internationale". Le pape veut faire de la crise sanitaire une opportunité de mobilisation pour le bien commun, afin qu'un modèle de société plus humain se dégage. Zampini a rejeté l'idée que l'épidémie de coronavirus est une sorte de punition divine. "Ce n'est pas une punition de Dieu, mais plutôt une auto-punition", a- t-il dit (https://www.religiondigital.org/vaticano/Zampini-pandemia-hambrunas-lugares-planeta_0_2225477439.html).

 

Et comme le montre cath.ch (https://www.cath.ch/newsf/le-coronavirus-nest-pas-une-excuse-pour-laisser-des-gens-mourir-en-mer/), il est bon de rappeler que la pandémie de coronavirus ne doit pas être une excuse pour laisser des êtres humains mourir en Méditerranée. C’est ce que dénoncent, le 24 avril 2020, les évêques de l’Union européenne (COMECE) et ils appellent l’Union européenne et ses États membres à œuvrer pour une réponse commune aux migrations forcées, en établissant «un mécanisme de solidarité prévisible convenu entre les États membres de l’UE pour faire face aux situations d’urgence des migrants vulnérables en détresse en mer», afin que la mer Méditerranée ne se transforme en un vaste cimetière.

 

La COMECE partage les préoccupations de la Conférence des évêques de Malte concernant le sort de 47 personnes bloquées pendant des jours sur un navire de sauvetage d’une ONG dans la zone de recherche et de sauvetage de Malte, dans une situation extrêmement précaire et finalement ramenées en Libye. L’UE devrait aider ses États membres à assurer le débarquement rapide et sûr des migrants et des demandeurs d’asile dans le port sûr le plus proche, «qui devrait être un port européen, car les ports libyens ne peuvent être considérés comme sûrs», souligne le père Barrios Prieto, Secrétaire général de la COMECE. Comme l’exige la résolution MSC.167(78) du Comité de la sécurité maritime de l’Organisation maritime internationale, les personnes sauvées en mer ne peuvent être débarquées que dans un port sûr. Or «les migrants et les demandeurs d’asile sont souvent soumis à la torture, à la violence et à des traitements inhumains lorsqu’ils sont ramenés dans les pays d’où ils ont embarqué», poursuit le père Barrios Prieto. Malgré les difficultés causées par la pandémie actuelle de Covid-19, la COMECE souligne que les principes humanitaires devraient toujours prévaloir. 

 

Enfin, José María Castillo dans religiondigital.org ce vendredi 24 avril (https://www.religiondigital.org/teologia_sin_censura/Castillo-vale-puedo-confesar-telefono_7_2225247468.html) nous fait par de sa réflexion de cette période sans sacrement. Il lui «semble que le «confinement», que nous subissons en raison de la pandémie de virus, ne va pas beaucoup changer la pratique sacramentelle actuelle des chrétiens.» Et il montre que la vision sacramentelle de l’Église n’était pas le souci des premiers chrétiens puisque de Marc Aurèle à Constantin (161-306) le christianisme a pris racine chez les populations, pas à cause de la multiplication et de l'exactitude de leurs cérémonies. C'était l'époque où les chrétiens n'avaient pas de temples.

 

Il se demande : «Alors, qu'est-ce qui a tellement impressionné les gens qu'en si peu de temps que l'Église a attiré tant de fidèles ? Un groupe d'adeptes, qui vivaient un sens de la communauté si fort, qui unissait les individus et les familles, plutôt que par certains rites religieux, en particulier par un mode de vie commun, comme l'écrivait à juste titre Origène (Contre Celse, 1,1), ce fut décisif, voire décisif.» Si L’Église s’est imposée c’est qu’elle "a offert tout le nécessaire pour constituer une sorte de sécurité sociale : elle s'occupait des orphelins et des veuves, des personnes âgées, des handicapés et de ceux qui manquaient de moyens de subsistance; elle avait un fonds pour les funérailles des pauvres et un service pour en cas d'épidémie". "Mais plus important que ces avantages matériels était le «sentiment de groupe», qui accueillait principalement ceux qui vivaient déracinés dans les grandes villes."

 

Enfin, ce qui intéresse vraiment José María Castillo et l’inquiète, "c'est que trop de responsables et de dirigeants de l'Église actuelle peuvent donner l'impression qu'il est plus important d'observer et de se soumettre à la religion (avec ses règles et ses rituels) que d'être fidèle au projet de vie que l'Évangile nous propose".

 

Et les règles du décret diocésain en Allemagne pour un retour aux célébrations cultuelles ne sont pas étrangères au monde confiné, car il est entendu que, lorsque des mesures de désescalade seront adoptées dans d'autres pays et que l'activité publique sera progressivement relancée, les différentes Églises doivent respecter des protocoles de prévention de contagion dans le culte très similaire. Ce seront les suivantes : plus d'un mètre entre les personnes dans les célébrations couvertes jusqu'à 30 fidèles, 50 à l’extérieur, sont quelques-unes des mesures qui commenceront à fonctionner dans les temples allemands, les personnes qui présentent des symptômes ou qui sont à risque continuent de s'abstenir d'aller à l’église, dont les célébrations du dimanche peuvent aller jusqu'à trois, avec un maximum de deux servants d'autel, et dans cette ligne, le prêtre peut simplement être accompagné d'un lecteur, d'un chanteur et d'un organiste, car le décret nie la possibilité de chœurs et d'orchestres. Le panier de quête sera placé à la sortie de l’église. Le texte impose aussi l'utilisation de gants jetables lors de la préparation du calice et des hôtes et la désinfection des mains du prêtre avant l'offertoire, ainsi que la distance en attendant de recevoir la communion (https://www.religiondigital.org/diocesis/Reglas-ir-misa-post-pandemia-alemania-decreto-distancia-seguridad-prevencion-coronavirus-aforo-higiene_0_2225477449.html).

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église, #Actualités

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