Le pape François défend l'idée d'un revenu universel pour l'après-COVID

Publié le 24 Novembre 2020

Philip Pullella dans Reuters nous montre ce mardi 24 novembre 2020 que dans un livre à paraître, le pape François défend l'idée d'un revenu universel de base pour le monde de l'après-COVID-19 et critique une nouvelle fois le concept économique du ruissellement.

 

Au fil de cet ouvrage intitulé "Un temps pour changer", qui paraîtra le 2 décembre en France, le pape François aborde avec son biographe Austen Ivereigh les changements économiques, sociaux et politiques qui sont à ses yeux nécessaires pour réduire les inégalités lorsque la pandémie due au nouveau coronavirus sera passée.  Il juge notamment que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base, qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d’emploi qui les enferment dans la pauvreté". Le revenu universel, qui a été notamment défendu en France par Benoît Hamon lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017, est une allocation versée sans condition à chaque citoyen. Le pape François dénonce en outre la conception fausse, selon lui, de la théorie du ruissellement selon laquelle une économie en croissance rendra chacun plus riche. Pour ses partisans, le ruissellement économique consiste à prendre des mesures, telles qu'alléger la fiscalité, pour les entreprises et les classes aisées dans le but de favoriser l'investissement et les créations d'emplois dont profitera ensuite tout le reste de la société. Il s’en prend aussi longuement sans les nommer, «aux gouvernements qui ont ignoré les douloureuses preuves de l’augmentation du nombre de morts avec des conséquences inévitables et graves» pour privilégier l’économie. Tout en concédant que « la plupart des gouvernements ont agi de manière responsable, en imposant des mesures strictes pour contenir l’épidémie» (https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/les-anti-masques-ne-manifesteraient-jamais-contre-la-mort-de-george-floyd-declare-le-pape-francois-7060820).

 

Parmi les autres sujets abordés dans ce livre, le pape François considère que les opposants au port du masque, qui y voient une volonté des gouvernants de restreindre leurs libertés, sont victimes de leur imagination et il salue les manifestants qui se sont indignés de la mort de George Floyd, Afro-Américain décédé au printemps à la suite de son interpellation par la police aux États-Unis. Tout en taclant les anti-masques : «Tu ne verras jamais ces gens-là protester contre la mort de George Floyd […], ils sont incapables de sortir de leur propre petit monde d’intérêts». Les anti-masques ne monteront pas au créneau non plus «contre des bidonvilles où les enfants manquent d’eau et d’instruction» ou pour que «les sommes faramineuses investies dans le commerce des armes servent à nourrir l’ensemble de la race humaine et à scolariser chaque enfant», estime le souverain pontife. Il se dit également opposé au déboulonnage des statues de personnages historiques associés notamment à l’esclavage ou à d’autres formes d’oppression. «Pour qu’il y ait une véritable Histoire, il faut qu’il y ait une mémoire, ce qui exige que nous reconnaissions les chemins déjà parcourus, même s’ils sont honteux», juge-t-il. «L’ignominie de notre passé, en d’autres termes, fait partie de qui et de ce que nous sommes. Je rappelle cette histoire non pas pour faire l’éloge des oppresseurs d’autrefois, mais pour honorer le témoignage et la grandeur d’âme de ceux qu’ils ont opprimés», ajoute-t-il (https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/les-anti-masques-ne-manifesteraient-jamais-contre-la-mort-de-george-floyd-declare-le-pape-francois-7060820).

 

Pour la première fois, il qualifie les Ouïghours, minorité musulmane de Chine, de peuple "persécuté", ce que des défenseurs des droits de l'homme lui réclamaient depuis des années. La Chine est accusée de mener une répression systématique, que certains assimilent à des crimes contre l'humanité et à un génocide, contre les Ouïghours dans la région du Xinjiang, où plus d'un million de personnes sont détenues dans des camps. La Chine qualifie ces accusations de campagne de dénigrement à son encontre et affirme que ces camps sont des centres d'éducation et de formation pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme. Pour de nombreux observateurs, le Vatican a été jusqu'à présent réticent à évoquer la situation des Ouïghours en raison de négociations avec la Chine sur le renouvellement d'un accord portant sur la nomination des évêques. Cet accord a été prolongé en septembre.

 

Dans cette section sur les peuples persécutés, le pape François cite aussi les chrétiens dans certains pays musulmans, plus particulièrement ceux «d’Égypte et du Pakistan tués par des bombes qui ont explosé pendant qu’ils priaient à l’église», les Rohingyas qui fuient la Birmanie et dont de nombreux membres ont trouvé refuge au Bangladesh voisin, où, "il y en a des milliers dans les camps de réfugiés avec le Covid-19 qui se déchaîne" qu’il donne comme le «le groupe le plus persécuté sur Terre en ce moment», ou les Yazidis, victimes de l'organisation État islamique en Irak, en disant que «ce que Daesh leur a fait est proprement cruel» (https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/pape-francois/persecution-des-ouighours-en-chine-le-pape-francois-evoque-pour-la-premiere-fois-le-sort-de-cette-communaute_4193027.html, et https://www.leparisien.fr/societe/migrants-evacues-a-paris-affaire-theo-sonde-lunaire-les-infos-a-retenir-ce-mardi-midi-24-11-2020-8410142.php).

 

Enfin, le pape François a écrit dans un nouveau livre "la migration n'est pas une menace pour le christianisme, sauf dans l'esprit de ceux qui gagnent à prétendre qu'elle l'est". "Rejeter un migrant en difficulté, quelle que soit sa croyance religieuse, par peur de diluer une culture 'chrétienne', c'est déformer de manière grotesque à la fois le christianisme et la culture", affirme-t-il. Il estime aussi que ces critiques sur son insistance à accueillir les migrants viennent souvent de citoyens peu pratiquants "mais qui considèrent l'héritage de leur nation comme une sorte d'identité. Leurs craintes et leur perte d'identité ont augmenté alors que la fréquentation des églises a diminué", et il met en exergue la précarité des migrants qui vivent dans la promiscuité de camps insalubres en pleine pandémie du coronavirus,  car "si la Covid entre dans un camp de réfugiés, cela peut créer une véritable catastrophe".  Tout en ajoutant qu’"Il est inacceptable de décourager l'immigration en laissant des centaines de migrants mourir lors de traversées maritimes périlleuses ou de périples dans le désert", juge-t-il. Dans ce nouveau plaidoyer, il rappelle que les migrants "mal payés" constituent souvent la main-d’œuvre des sociétés les plus développées, tout en étant "dénigrés" (https://www.europe1.fr/international/selon-le-pape-francois-la-migration-nest-pas-une-menace-pour-le-christianisme-4007637).

 

Dans ses textes, le pape François encourage les catholiques dans leur foi et donne des clés pour envisager sereinement la période après la pandémie. Il plaide aussi pour l'assouplissement des sanctions internationales, l'allégement de la dette des pays pauvres et l'instauration d'un cessez-le-feu mondial (https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2020-07/livre-pape-francois-force-dans-l-epreuve-bayard-lev-pandemie.html).

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église, #Actualités

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