Pensionnats autochtones : l'absence d'excuses de l'Église "honteuse" pour un ministre canadien
Publié le 3 Juin 2021
tv5monde.com avec l’AFP nous montre ce jeudi 3 juin 2021 que l'absence d'excuses du pape et de l'Église catholique pour le rôle de cette dernière dans la gestion des pensionnats autochtones au Canada est "honteuse", a jugé mardi Marc Miller, le ministre canadien des Services aux autochtones.
Les appels de groupes autochtones à des excuses du pape se sont multipliés ces derniers jours après la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, géré par l'Église catholique au nom du gouvernement. Interrogé pour savoir s'il soutenait ces appels à des excuses papales, le ministre a répondu "tout à fait" lors d'un point de presse. "Je pense que c'est honteux qu'ils ne l'aient pas fait encore, que ça n'ait pas été fait à ce jour", a regretté M. Miller. "Il y a une responsabilité qui repose directement sur les épaules de la Conférence des évêques catholiques du Canada" (CECC), a-t-il ajouté. Cette dernière a estimé lundi que la découverte de Kamloops était "bouleversante" et fait part de sa "profonde tristesse".
Mais quelques heures après les déclarations du ministre, l'archevêque de Vancouver Michael Miller a présenté ses "excuses" sur les réseaux sociaux. "À la lumière de la révélation bouleversante (de la découverte) des restes de 215 enfants de l'ancien pensionnat indien de Kamloops, je vous écris pour présenter mes sincères excuses et profondes condoléances aux familles et aux communautés qui ont été dévastées par cette terrible nouvelle", a déclaré Mgr Miller dans un communiqué. Il s'est engagé à "faire preuve d'une transparence totale" en rendant accessibles les archives et dossiers de l'archidiocèse concernant tous les pensionnats. "L'Église a incontestablement eu tort de mettre en œuvre une politique gouvernementale colonialiste qui a été dévastatrice pour les enfants, les familles et les communautés", a-t-il aussi jugé.
L'ancien pensionnat de Kamloops était l'un des 139 établissements du genre mis en place dans le pays à la fin du 19e siècle, et qui ont existé jusque dans les années 1990. L'église et le gouvernement canadien, assurant vouloir "civiliser" les enfants autochtones en leur inculquant les valeurs occidentales, les retiraient de leur communauté et les plaçaient dans ces pensionnats où nombre d'entre eux ont subi des sévices physiques et sexuels (https://www.clicanoo.re/AFP/Article/2021/06/03/Au-Canada-des-petites-chaussures-pour-denoncer-lhorreur-des-pensionnats).
En 2018, les députés canadiens ont adopté une motion pour demander au pape des excuses personnelles au nom de l'Église catholique canadienne après s'être heurtés à un premier refus du pape François, qui avait suscité la déception du Premier ministre Justin Trudeau. En 2009, le pape Benoît XVI avait exprimé ses regrets pour les abus dont ont été victimes les enfants autochtones canadiens -- indiens, métis et inuits -- de la part de l'Église catholique, dénonçant la conduite "déplorable" de certains membres du clergé.
Le ministre Miller a en outre rappelé ce qu'avait un jour rapporté un autochtone à propos de ces pensionnats où les élèves - qui souffraient souvent de malnutrition - étaient "punis" pour avoir mangé des pommes des vergers ou des œufs destinés au marché. "C'était des camps de travail", a jugé le ministre. Quelque 150 000 enfants autochtones y ont été enrôlés de force, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. En 2015, une commission nationale d'enquête a qualifié ce système de "génocide culturel".
Le ministre canadien des Services aux autochtones et les groupes autochtones veulent les excuses du pape, ce qui serait un symbole fort après ce qu'ont subis les peuples autochtones du Canada. Plusieurs témoignages d'Amérindiens affirment que la misère, l'alcoolisme, la violence conjugale et les taux de suicide élevés, lot encore de nombre de leurs communautés, sont en grande partie l'héritage de ce système de pensionnats.
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