Un collectif féministe demande une commission pour améliorer la situation des femmes dans l’Église
Publié le 22 Juillet 2021
«Toutes Apôtres !», un collectif catholique et féministe, souhaite ouvrir «un espace d’enquête et de propositions» pour améliorer la condition des femmes dans l’Église comme nous le montre SudOuest.fr avec l’AFP en ce jeudi 22 juillet 2021.
Pour améliorer la situation des femmes dans l’Église catholique, le collectif féministe «Toutes Apôtres !» a demandé jeudi la création d’une commission indépendante, dans une lettre remise à la Conférence des évêques de France. «Nous souhaitons voir s’ouvrir un espace d’enquête et de propositions», expliquent les membres de «Toutes Apôtres !», qui soulignent dans leur lettre les différences d’accès à des postes de responsabilité et les inégalités salariales.
Ce collectif est notamment composé de sept femmes qui avaient déposé leurs candidatures l’an dernier pour accéder à des fonctions qui leur sont interdites dans la tradition catholique romaine. C’est le cas de Sylvaine Landrivon, 65 ans, qui aspire à devenir évêque. «L’Église catholique, sans les femmes elle tombe», affirme-t-elle, en appelant à la création d’une commission indépendante pour «faire un état des lieux» de la situation des femmes au sein de l’Église.
Cette docteur en théologie dénonce une «espèce d’omerta» et insiste sur la nécessité de donner la parole aux femmes pour briser le silence. Même argument pour Loan Rocher, une femme transgenre qui a posé sa candidature pour être ordonnée diacre. «Et si on écoutait les femmes ?», plaide-t-elle en résumant son combat en trois mots : «Égalité, parité, équité».
L’objectif de la commission demandée par «Toutes Apôtres !» est de «documenter une réalité» qui échappe aujourd’hui à la connaissance de l’Église pour pouvoir poser un «diagnostic partagé», selon le communiqué de l’association. Le projet veut s’inspirer de la Ciase, la Commission indépendante qui enquête sur les agressions sexuelles sur mineurs dans l’Église. Une instance qui a lancé un appel à témoignages en juin 2019 et qui doit rendre public son rapport fin septembre.
Mercredi soir, le collectif a organisé une soirée de prière interreligieuse pour «l’égalité des femmes et des personnes discriminées» au sein des différentes religions, à l’église Notre-Dame d’Espérance, à Paris (XIe). Plusieurs représentantes des confessions catholique, juive, protestante, bouddhiste et musulmane étaient présentes, comme Iris Ferreira, la première femme rabbin ordonnée en France le 4 juillet 2021. Venue pour soutenir les membres de "Toutes Apôtres !" dans leur démarche, Iris Ferreira se bat pour "une plus grande représentativité des femmes et des minorités dans l'ensemble des religions" (https://www.bfmtv.com/societe/religions/place-des-femmes-dans-l-eglise-un-collectif-catholique-et-feministe-demande-une-commission_AD-202107220280.html).
Et il serait grand temps que l’Église ouvre les yeux, car comme le dit Anne Soupa qui souhaite «des regards neufs enquêtent sur la manière dont sont traitées les femmes» dans L’OBS (https://www.nouvelobs.com/idees/20210722.OBS46809/tribune-pour-une-commission-d-enquete-sur-la-situation-des-femmes-dans-l-eglise-catholique-par-anne-soupa.html) : «Nombre de prêtres et de religieux s’affichent sans détour : ils plaignent les femmes et favorisent leurs initiatives. Au cours de messes, des membres de notre collectif plaident leur cause au micro et sont applaudies par l’assemblée, ce qui tranche avec la réserve habituelle. Et même la Conférence des Evêques de France nomme une femme porte-parole.»
Et «Rome persiste à considérer que «la femme» a «une vocation» (alors qu’elle n’en attribue aucune aux hommes), celle d’être épouse et mère. Ayant déjà «la plus belle part», elle n’a rien de mieux à désirer.» Il faut dire que «Ce divorce entre une opinion catholique qui change et une institution qui se bouche les oreilles est lourd de conséquences. Il discrédite l’institution et fait fuir les femmes. La seule issue honorable nous semble être, comme pour les abus sexuels, d’aller y voir de plus près.»La solution la plus raisonnable est la demande de la création d’une commission analogue à la commission Sauvé, «aussi indépendante, aussi compétente, aussi respectée qu’elle. Son rôle ne devrait pas tant être de s’interroger sur le bien-fondé de la «vocation» des femmes, que de pointer les conséquences de cette idéologie sur l’existence des femmes.» Et «Cette commission indépendante ferait remonter la parole des femmes sur elles-mêmes, ce qui, je le dis avec la honte au visage, ne s’est jamais encore produit dans l’Église. La démarche synodale allemande a inclus la question des femmes dans ses priorités. Pourquoi les évêques français la refuseraient-ils ?»
L’Église doit faire face à son histoire, car le mouvement de Jésus s'est rapidement répandu dans tout l'Empire romain grâce à l'initiative de femmes prophètes, évangélistes, missionnaires, chefs d'églises de maison et veuves, et au soutien financier de femmes d'affaires chrétiennes telles que Marie de Magdala et Jeanne (Luc 8,1-3) comme ainsi que Lydie (Actes 16,11-40), Phoebe (Romains 16,1-2), Olympias, une diacre du IVe siècle (dont le jour de fête est le 25 juillet) et d'autres (https://www.ncronline.org/news/opinion/simply-spirit/women-believers-changed-roman-empire-now-we-must-change-roman-church).
On peut aussi comprendre cet empressement de «Toutes Apôtres !», car les signes sont tout sauf porteur d’une ouverture aux femmes puisqu’une nouvelle commission sur le diaconat féminin a été nommée et plusieurs membres du nouveau groupe se sont publiquement opposés à l'idée d'un diaconat féminin (https://www.ncronline.org/news/opinion/simply-spirit/women-believers-changed-roman-empire-now-we-must-change-roman-church).
Merci !