Zöllner propose des «prisons ecclésiastiques» pour les prêtres pédophiles
Publié le 6 Août 2021
Jordi Pacheco nous montre sur religiondigital.org ce vendredi 6 août 2021 que face au grave problème de conscience et de crédibilité que représente pour l'Église catholique les abus sexuels sur mineurs en son sein, l'institution continue de réfléchir aux moyens de lutter contre ce fléau. Le dernier à s'exprimer à cet égard fut le jésuite allemand Hans Zöllner, l'un des plus grands experts dans ce domaine. Réfléchissant à la manière dont l'Église pourrait garantir un contrôle plus efficace des pédophiles condamnés dans ses propres rangs, le président du Centre pour la protection des mineurs de l'Université pontificale grégorienne propose d'imaginer une sorte de «prisons ecclésiastiques» pour les criminels.
Dans une interview avec religion.ORF.at recueillie par Katholish.de, Zöllner a suggéré qu'une fois la peine de prison purgée, les membres du clergé accusés d'abus pourraient être volontairement accueillis, soignés et également strictement contrôlés pour empêcher de nouvelles attaques. Conscient que ces agresseurs ont de nombreuses possibilités de récidive, le psychologue et prêtre fonde également sa proposition sur des expériences positives aux États-Unis, où ces centres ont été activés où des criminels "accepteraient d'aller dans une maison comme celle-ci parce qu'ils savent qu'ils seront contrôlés."
Zöllner a décrit ces installations dans des "zones éloignées", des installations "similaires à une prison" dans le sens où il y aurait "des restrictions claires sur la sortie et le contact avec l'extérieur". Selon le jésuite, le contrôle, définissant exactement ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, est "l'un des outils les plus importants avec les agresseurs à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église". Cependant, pour Zöllner, cette initiative ne pourrait être efficace que dans les sociétés occidentales «hautement spécialisées», comme l'Europe, les États-Unis ou le Canada. «Dans d'autres parties du monde, où la responsabilité de la communauté est plus importante, les paroisses ou les communautés spirituelles pourraient assumer ces tâches», dit le jésuite.
Si cette procédure était appliquée, il y aurait un dilemme que Zöllner n'ignore pas : si des criminels sont expulsés de l'Église, comme ce serait tout à fait commode, cela impliquerait que l'institution n'y aurait plus accès, ce qui empêcherait donc leur contrôle ou surveillance. Mais, ce serait la justice civile qui s’en occuperait comme l’avait souhaité le père Gerald Fitzgerald, fondateur des Serviteurs du Paraclet, un ordre créé en 1947 pour s'occuper des prêtres à problèmes, qui a écrit régulièrement aux évêques des États-Unis et aux fonctionnaires du Vatican, y compris le pape, pour leur dire que de nombreux agresseurs sexuels dans le sacerdoce devraient être laïcisé immédiatement, et il souhaitait les mettre dans une île de la Barbade, près de Carriacou, dans les Caraïbes, afin qu’ils n’approchent plus d’enfants (https://www.ncronline.org/news/accountability/bishops-were-warned-abusive-priests).
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