Le pape François fête ses 10 ans de pontificat avec cardinaux et podcast

Publié le 13 Mars 2023

LePoint.fr avec l’AFP nous montrent que le pape François a marqué ce lundi 13 mars 2023 les dix ans de son pontificat par une série d'interviews et un podcast dans lesquels il fustige les États belliqueux et autoritaires, visant en particulier le Nicaragua de Daniel Ortega qui menace en représailles de suspendre ses relations avec le Vatican.

 

Premier souverain pontife sud-américain, il pourfend régulièrement les dérives autoritaires et les attaques contre l'Église, y compris sur son continent d'origine. Dernière attaque en règle, le pape François a qualifié vendredi de "dictature grossière" le régime du président Daniel Ortega, dans un entretien au quotidien argentin Infobae. "Avec tout le respect, je n'ai pas d'autre choix que de penser que ce dirigeant souffre d'un déséquilibre", a déclaré le pape qui s'était dit en février "préoccupé" après la condamnation à 26 ans de prison de l'évêque Rolando Alvarez et l'expulsion de 222 opposants vers les États-Unis. Dans les nombreuses interviews accordées à l'occasion des dix ans de son pontificat, le pape est aussi revenu sur le conflit en Ukraine. Interrogé par le quotidien italien Il Fatto Quotidiano sur ce qu'il souhaitait pour l'avenir, il a répondu: "La paix. La paix pour l'Ukraine martyrisée et pour tous les autres pays qui souffrent l'horreur de la guerre qui est toujours un échec pour tous". "On a besoin de paix", a-t-il de nouveau insisté dans le podcast de Vatican News, appelé "popecast". "C'est quoi un podcast ?" a d'abord demandé le pape argentin, avant de poursuivre une fois obtenue l'explication "bien, faisons-le".

 

Cette décennie bergoglienne a aussi vu le développement du dialogue interreligieux, notamment avec l'islam. Le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, haute autorité sunnite, a ainsi envoyé lundi ses vœux au pape François pour cet anniversaire. L'imam de la prestigieuse mosquée du Caire y salue les efforts du pape "pour construire des ponts d'amour et de fraternité" dans le monde. Des messages de félicitations sont également venus du patriarche de Constantinople Bartholomée, le plus prestigieux dignitaire des Églises orthodoxes, et du chef de l'Église anglicane, l'archevêque Justin Welby. "C'est un pape de ce temps. Il a su saisir les besoins d'aujourd'hui et les proposer à l'ensemble de l'Eglise universelle et c'est une belle intuition qu'il a eue, éclairé par l'esprit saint. Et maintenant, il donne à l'Église un élan pour les temps à venir. Il sème du bon pour l'avenir", a confié à l'AFPTV Don Roberto, un prêtre venu dimanche au Vatican pour marquer les dix ans de pontificat du pape François. Mais ses efforts nourris pour se rapprocher de l'orthodoxie ont été rattrapés par l'actualité et la rencontre historique de 2016 avec le patriarche orthodoxe russe Kirill, soutien de Moscou, semble plus lointaine que jamais.

 

Et que souhaite-t-il pour lui-même ? "Que le Seigneur soit clément avec moi. Faire le pape n'est pas un métier facile. Il n'est pas possible de faire des études pour faire ce métier", répond-il. À 86 ans, sa santé fragile l'oblige à se déplacer en chaise roulante et il n'a pas exclu une éventuelle démission, comme son prédécesseur Benoît XVI, tout en assurant le mois dernier qu'une renonciation ne figurait "pas à son agenda pour le moment".

 

Depuis son élection, il y a dix ans, jour pour jour, le pape François s'est distingué de ses prédécesseurs. Le premier souverain pontife originaire d'Amérique latine est également le premier à porter le nom de saint François d'Assise. Le signe d'un changement de doctrine au sein de l'Église romaine (https://fr.euronews.com/2023/03/13/entre-reformes-liberales-et-contestation-en-interne-dix-annees-de-pontificat-pour-le-pape-). Héritant d'une Église en perte de vitesse, l'ancien archevêque de Buenos Aires l'a progressivement tournée vers le monde tout en défendant la doctrine catholique sur le mariage des prêtres, l'avortement ou l'homosexualité. Sévère critique du néolibéralisme, de l'impérialisme et de la confrontation militaire, le pape argentin a déplacé le curseur vers la justice sociale, l'écologie ou l'inlassable défense des migrants fuyant la guerre et la misère économique. Face au drame de la pédocriminalité dans l'Église, l'un de ses plus douloureux défis, il a levé le secret pontifical et obligé les religieux à signaler les cas à leur hiérarchie. Mais les associations de victimes attendent encore davantage. "Au cours des dix dernières années, nous avons assisté à la plus grande redistribution du pouvoir entre les villes, les pays et les continents dans l'histoire de l'Église contemporaine. Le véritable pouvoir de l'Église réside dans le groupe des 120 cardinaux chargés d'élire un nouveau pape. Le nombre total de cardinaux issus du monde occidental a été réduit et, ce faisant, l'influence géopolitique de l'Occident a diminué tandis que celle du monde oriental a augmenté", analyse Piero Schiavazzi, professeur de géopolitique du Vatican à la Link University de Rome (https://fr.euronews.com/2023/03/13/entre-reformes-liberales-et-contestation-en-interne-dix-annees-de-pontificat-pour-le-pape-).

 

Pourtant au sein du monde catholique, le pape François est loin de faire l'unanimité. Pour ses détracteurs, malgré son image d'homme de dialogue, il a imposé à marche forcée une libéralisation de l'église qui n'est pas du goût de tout le monde. "Il y a toujours eu la droite et la gauche, les conservateurs et les progressistes dans l'Église, mais un compromis a toujours été trouvé entre les deux parties. Selon les conservateurs, le pape François n'a pas fonctionné de cette manière", explique Franca Giansoldati, correspondante au Vatican du quotidien conservateur "Il Messaggero". Les critiques à l'encontre du pape François se sont faites plus audibles après la mort du pape émérite Benoît XVI en décembre 2022 et les rumeurs sur sa possible démission. "Le pape François n'a pas l'intention de démissionner. Dans le livre que le cardinal Muller et moi avons écrit, le cardinal souligne le fait que sa démission ne serait pas bénéfique pour l'unité de l'Eglise et lui-même, bien qu'il soit critique à l'égard du Pape François, ne veut pas qu'il se retire". "Le pape François a dû mener l'Église à travers les périodes les plus sombres de ces dernières années. De la pandémie à la guerre en Ukraine. Le souverain pontife a lancé d'innombrables appels et a condamné le conflit, exprimant son intérêt pour une visite en Ukraine et en Russie dans le cadre des efforts du Saint-Siège pour mettre fin à la guerre", conclut la correspondante d’Euronews à Rome Giorgia Orlandi ((https://fr.euronews.com/2023/03/13/entre-reformes-liberales-et-contestation-en-interne-dix-annees-de-pontificat-pour-le-pape-).

 

Comme le montre francetvinfo.fr  (https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/pape-francois/francois-decoit-les-plus-progressistes-le-bilan-en-demi-teinte-du-pape-dix-ans-apres-son-election_5707409.html) ce pape, venu de l'autre bout du monde, ne juge pas : il accueille, prône la miséricorde. C'est sa marque de fabrique, selon le vaticaniste Antonio Pelayo, prêtre et conseiller de l'ambassade d'Espagne. "Il a un regard différent : l'homosexualité est une réalité, on ne peut pas ignorer que beaucoup d'hommes et de femmes sont homosexuels, sont nés homosexuels. François pense que l'Église ne peut pas les laisser dehors, éloignés pour toujours de l'Église." Sauf que dans le catéchisme de l'Église catholique l'homosexualité reste intrinsèquement désordonné. Pour le théologien Philippe Bordeyne, président de l'Institut Jean-Paul II sur la famille à Rome, ce pape réformateur sait, en fait, rester, prudent. "Cela peut être son rôle de remettre en cause le catéchisme, puisqu'il a changé, comme sur la peine de mort par exemple. Mais je pense que François est conscient, aussi, des risques de division de l'Église", analyse-t-il.

 

D'un côté il y une partie de l'Église plus conservatrice, qu'il ne veut pas voir s'éloigner, et de l'autre, si le pape François multiplie les ouvertures, cela ne suit pas ensuite : le dogme, la doctrine ne changent pas, et donc, le pape François déçoit les plus progressistes. L'historienne Lucetta Scaraffia, qui a dirigé le premier magazine pour les femmes du Vatican, Donna Chiesa Mondo, mais a jeté l'éponge il y a quatre ans, dénonce pour sa part :"Je suis très déçue parce que le pape a toujours dit des choses très intéressantes qui donnaient beaucoup d'espoir, mais il n'a rien fait !" "Finalement, il n'y aura jamais de bon pape pour les femmes. Elles devront se faire une place dans l'Église en l'exigeant ou en s'imposant comme elles l'ont fait dans le reste de la société", avance l'historienne. Une avancée tout de même : il y a dix ans, moins de 20% des employés du Vatican et du Saint-Siège étaient des femmes. C'est presque un quart maintenant, et le pape a nommé des femmes à des postes de direction, c'est une première. Il y aura même une numéro 1 dans un ministère avant deux ans, a promis le pape François.

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Église, #Actualités

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