Revirement en Pologne après "l'affaire Wojtyla": les évêques vont créer une commission pour enquêter sur les abus sexuels
Publié le 16 Mars 2023
religiondigital.org nous montre ce jeudi 16 mars 1023 que les évêques polonais vont créer une commission indépendante d'experts pour étudier la maltraitance des enfants dans l'Église au cours des dernières décennies, ce qui représente un changement complet de la position tenue jusqu'à présent par l'épiscopat de ce pays. La mesure, adoptée à l'unanimité, a été annoncée le 14 mars par Mgr Wojciech Polak, à l'issue d'une session plénière de la Conférence épiscopale à Varsovie, et fait suite au grand tollé officiel et public suscité par la nouvelle selon laquelle, alors qu'il était archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyla et le futur pape Jean-Paul II, auraient couvert certains cas de prêtres abusifs.
L'archevêque primat a déclaré que la commission indépendante comprendra des historiens, des avocats et des psychologues, couvrira tous les diocèses et ordres religieux et travaillera sur les archives de l'Église catholique et celles de l'État polonais, sans avoir précisé si, comme le Portugal et d'autres pays, ils accepteront d'écouter les témoignages et les plaintes des personnes concernées. Cependant, il a exprimé la volonté que le résultat puisse être "d'une grande aide pour les victimes", car elles "ont besoin de la vérité". La tâche de la commission, a ajouté Polak, sera «d'examiner avec diligence les documents, liés à la résolution des affaires de crimes sexuels de certains religieux contre des mineurs (...) afin d'en montrer le contenu dans son intégralité, en tenant compte la loi et l'état des connaissances, ainsi que le contexte socioculturel». La Commission et la tâche qui lui sera confiée sont peut-être la réponse la plus cohérente que les évêques aient donnée au choc provoqué par un livre récemment publié sur le cas de l'archidiocèse de Cracovie, qui a donné lieu à un documentaire qui a été récemment projeté sur une chaîne de télévision privée, en Pologne, déclenchant un chœur de protestations tant de l'Église que de l'État.
Mais en réalité, le but est de défendre Jean-Paul II envers et contre tout. C'est pourquoi, dans la déclaration finale de leur assemblée plénière cette semaine, les évêques ont de nouveau évoqué les tentatives "sans précédent" de "discréditer la personne et l'œuvre de saint Jean-Paul II", appelant "tous à respecter la mémoire d'un de nos compatriotes les plus importants" et remerciant ceux qui ont défendu la «bonne réputation» du pape Wojtyla.
Ekke Overbeek, l'auteur d'un livre récemment publié en Pologne qui fournit des données sur la connaissance que le pape Jean-Paul II devait avoir de cas de pédophilie dans le clergé polonais a suscité beaucoup de colère dans le pays, et pour savoir si Wojtyła faisait face à des cas d'abus sexuels en tant qu'archevêque, Overbeek a examiné les dossiers du service de sécurité du régime communiste, le SB (Służba Bezpieczeństwa) conservés à l'Institut de la mémoire nationale et des documents judiciaires. Il a également rencontré des témoins et des victimes encore en vie. Ce dernier explique que le monde universitaire et l'opinion publique occidentale soupçonnent depuis des années que Jean-Paul II était au courant de cas de pédophilie parmi le clergé et que ce n'était pas quelque chose qu'il lui était difficile de croire. Pourtant, ce débat n'a guère eu lieu en Pologne. Il raconte à EFE que, dans plusieurs cas, des victimes d'abus d'il y a un demi-siècle lui disent qu'il est la première personne à s'y intéresser. Overbeek dit ne pas vouloir nier l'importance historique de Jean-Paul II et sa contribution à la restauration de la démocratie en Pologne. "Peut-être est-il temps d'arrêter de l'idolâtrer comme une statue et de le regarder comme un être humain", résume-t-il (https://www.religiondigital.org/mundo/Nuevos-ingredientes-Juan-Pablo-II_0_2541645828.html).
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