Publié le 31 Mai 2011
Le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, institué en octobre dernier, s’est réuni pour sa première Assemblée plénière, sous la présidence de Mgr Rino Fisichella. Les membres de ce nouveau dicastère ont été reçus par Benoît XVI le lundi 30 mai 2011. L’occasion pour le Pape d’expliquer pourquoi l’Église est appelée à accomplir une nouvelle évangélisation et à intensifier son action missionnaire.
Pour Benoit XVI, les temps ont changé, les mutations culturelles sont profondes, la sécularisation a laissé de lourdes traces y compris dans les pays de tradition chrétienne. La crise actuelle se traduit par l'exclusion de Dieu de la vie des personnes, une indifférence généralisée à l’égard de la foi chrétienne, et même la tentative de marginaliser le christianisme dans la vie publique. C’est la version du courant réactionnaire supportant Benoit XVI craignant les sociétés sécularisées, à cause de l'apport des sciences humaines et des sciences pures favorisant un regard critique sur la «Vérité soit disant éternelle» de l’Église. Leur analyse du contexte moderne les amène à considérer qu'un raidissement moral et théologique revaloriserait le christianisme miné par la laïcisation et le relativisme. Ce qui est tout sauf réaliste.
Evoquant le thème du Synode des évêques de 2012 (Nouvelle évangélisation et transmission de la foi chrétienne), Benoît XVI a souligné la nécessité de renouveler le mode d'annonce, en particulier pour qui vit dans une société où la sécularisation a laissé un lourd héritage, notamment dans les pays de tradition chrétienne. Benoît XVI a brossé un sombre tableau de la situation actuelle : la crise qui tenaille les sociétés n’épargne pas la foi et les sentiments religieux - a-t-il dit - aujourd’hui, nous sommes confrontés au drame de la fragmentation qui ne permet plus d’avoir une référence unique. Des personnes désireuses d’adhérer à l’Église sont fortement façonnées par une vision de la vie en contradiction avec la foi. Pour Benoit XVI annoncer Jésus comme seul Sauveur du monde est plus compliqué que par le passé. Comment l’Église veut-elle parler au monde moderne, quand elle a remplacé les évêques de type prophétique par des évêques distants du peuple, et qu’elle a fermé certaines institutions de théologie et condamné ses professeurs. Le dialogue et la libre expression sont réduites au silence, car l’avis du fidèle ne compte pas comparé à ce que veut le magistère.
Benoît XVI a alors dit son espoir que les travaux de cette assemblée débouchent sur "un projet de relance immédiate de l'annonce qui prenne en comptes la formation, celle des jeunes notamment. Il faut des gestes concrets en mesure de rendre évidente la réponse de l'Eglise. Si toute la communauté est appelée à raviver son esprit missionnaire pour répondre aux attentes de l'humanité d'aujourd'hui, il ne faudra pas sous-estimer que le style de vie des croyants doit être crédible et convainquant pour les demandeurs". Benoît XVI demande aux membres du nouveau dicastère de mettre au point un projet qui puisse aider toute l'Église catholique à affronter la nouvelle évangélisation. Cela ne m’emballe pas.
Cette nouvelle évangélisation n’est pas une solution pour faire revenir les fidèles à l’église. Il faut plutôt adopter une approche contextuelle et donc resituer le message du Christ au cœur de notre histoire pour y déceler l'intuition des personnes croyantes qui nous ont précédés. Celles qui ont donné naissance aux théologies féministes, écologiques ou de la libération. Autrement dit, on doit favoriser une relecture de l'expérience chrétienne en fonction des défis contemporains marqués par la pluralité spirituelle. Cela nous invite donc au dialogue et à l'ouverture, au sein du christianisme mais aussi au cœur de nos sociétés. Par là, le christianisme pourra offrir une voie plus humaine pour mieux contribuer à la construction d'un monde plus juste, plus fraternel, pacifique et pluriel.
Merci !