Publié le 30 Janvier 2013
liberation.fr nous montre le reportage de Sylvain Mouillard le 29 janvier sur l'institut de catholiques traditionalistes organisait mardi soir une prière contre le projet de mariage pour tous. Un barnum bien organisé abritant des discours réactionnaires.
Le décor est bien en place. Il est 19h45 sur la place Édouard Herriot, à deux pas de l’Assemblée nationale, et des dizaines de catholiques intégristes se rassemblent dans le silence. A l’appel de l’institut Civitas, ils viennent prier contre «les forces du mal» - comprendre les parlementaires en faveur du projet de loi de mariage pour tous, dont l’examen a débuté ce mardi au palais Bourbon. Le quartier est bouclé par un important dispositif policier. Mais les forces du mal, ne sont pas celles qui veulent bloquer les progrès de la société.
A une extrémité de la petite place, ceinte par des barrières métalliques, une statue de la Vierge Marie, une croix en bois et un tableau représentant la Sainte Famille. Philippe, 42 ans, est venu comme «simple catholique». «Le gouvernement prend un chemin qui va à l’encontre de nos valeurs, explique-t-il. On ne peut pas aller contre un certain bon sens ainsi qu’un certain ordre naturel.» Autour de lui, la foule est bigarrée. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Peu après 20 heures, un responsable prend le micro. «Notre prière s’adresse à nos hommes politiques, pour qu’ils ne se laissent pas guider par autre chose que la foi ou la nature humaine.» Il invite l’assistance à se mettre à genoux et à prier. Les députés sont guidés par leur foi en l’homme pas par une vision craintive de la société qui permet le rejet de l’autre.
Certains ont prévu le coup et déploient des sacs plastiques pour se protéger de l’humidité. Les pancartes sont nombreuses : «Oui à la famille, non à l’homofolie», «Le mariage, 1 homme et 1 femme». Les chapelets sortent des poches, les chants résonnent. «Je vous salue Marie pleine de grâce. Priez pour nous pauvres pécheurs. Ainsi soit-il. Alléluia !» Les prières sont entrecoupées de sermons de l’abbé Régis de Cacqueray, responsable de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X en France, et l’abbé Beauvais, prieur de l'église lefébvriste parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le plus surprenant est qu’on ai laissé des personnes prier en pleine rue, alors qu’on s’en était plaint quand des musulmans le faisait en pleine rue, consternant.
Les discours sont violents. On parle d’une «liberté en réalité liberticide», de «l’affranchissement des lois de la nature qui mène plus sûrement au suicide». L’abbé de Cacqueray dénonce «les personnes de même sexe dont on sait bien qu’elles assouvissent leurs passions avec des partenaires multiples dans des atmosphères souvent orgiaques et insupportables». Une expression revient souvent : «Un projet de loi contre-nature.» Le message des ecclésiastiques est clair. «Il faut rendre la loi du pays conforme à la loi de Dieu pour résister à l’avilissement généralisé.» Les préjugés sont bons pour faire peur, mais ils ne connaissent pas de couple homosexuels, ce discours n’est que de la vulgaire propagande.
Soudain, on perçoit un début d’agitation à quelques pas de là. Plusieurs députés socialistes, dont Yann Galut (Cher) et Alexis Bachelay (Hauts-de-Seine), tentent de s’extirper de l’Assemblée nationale. Ils sont bloqués par les policiers. «Nous voulions aller voir cette manifestation illégale d’une organisation d’extrême droite qui appelle à la haine, et nous en sommes empêchés, s’insurge Galut. Nous sommes étonnés que Civitas ait eu le droit d’organiser cette prière de rue. Le préfet de police de Paris devra rendre des comptes. Nous allons très bientôt lui écrire pour avoir des explications.» Le président du groupe UMP de l'Assemblée, Christian Jacob, a lui aussi critiqué la tenue de cette veillée de prières. "Il y a des lieux appropriés pour le culte, la rue n'est pas un lieu approprié", a-t-il dit à Reuters. Après quelques minutes de tergiversation, la petite troupe de parlementaires rebrousse chemin. Les incantations de Civitas, elles, continuent à s'élever dans la nuit. Les parlementaires ont raison, il est anormal de voir des fanatiques avec leurs symboles religieux prier à proximité de lieux publics, où ils sont censées le faire avec l’autorisions de la municipalité, ils n’ont reçu que l’accord de la préfecture de police.
Voilà, ceux qui veulent leur retour dans l’Église peuvent voir la haine dont peut faire preuve un groupe intégriste. D’ailleurs ils ne respectent pas non plus la séparation de l’Église et de l’État, quand un imam radical ne la respecte pas, on l’expulse, mais c’est le contraire ici. La foi n’a rien à faire en politique, car ici elle bloque les avancées sociétales et le rejet de l’autre n’est pas ce qui constitue, la liberté, l’égalité et la fraternité.
Merci !