Publié le 31 Août 2018
L’AFP nous montre que les chefs de l'Église catholique australienne se sont engagés vendredi 31 août 2018 à ne plus jamais tolérer les abus pédophiles mais ont rejeté une demande de lever le secret de la confession pour permettre aux prêtres de dénoncer de tels abus. L'Église répondait au rapport final de la commission d'enquête royale qui a travaillé pendant cinq ans sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie.
"Beaucoup d'évêques n'ont pas écouté, n'ont pas cru et n'ont pas agi", a dit le président de la Conférence des évêques catholiques australiens, l'archevêque Mark Coleridge. "Ces échecs ont permis à certains auteurs de commettre leurs crimes encore et encore, avec des conséquences tragiques et parfois fatales. Les évêques et dirigeants d'ordres religieux s'engagent aujourd'hui : Plus jamais".
Après une décennie de pressions, le gouvernement australien avait lancé la commission d'enquête en 2012. Elle a rendu ses conclusions en décembre dernier après avoir été contactée par plus de 15 000 personnes disant avoir été victimes d'abus pédophiles impliquant l'Église, des orphelinats, des clubs de sport, des écoles ou des organisations de jeunesse. Plus de 4000 institutions ont été mises en cause - dont de nombreuses entités catholiques - dans ces témoignages souvent très éprouvants au cours d'auditions publiques ou à huis clos.
Parmi les recommandations de la commission, l'idée que les prêtres puissent rompre le secret de la confession pour dénoncer des abus pédophiles qui leur seraient révélés dans ce cadre. Mais cela empièterait sur la liberté religieuse et le secret du confessionnal est "non négociable", a déclaré l'archevêque Coleridge.
"Ce n'est pas parce que nous nous considérons comme au-dessus de la loi ou parce que nous ne considérons pas que la sécurité des enfants soit suprêmement importante, nous le pensons." "Mais nous ne n'acceptons pas l'idée que la sécurité et le secret de la confession s'excluent mutuellement. Nous ne pensons pas que l'abolition du secret renforcerait la sécurité des enfants."
La commission royale avait également recommandé que le célibat des prêtres puisse être observé sur la base du volontariat. Les catholiques australiens ont accepté à cet égard de demander les conseils d'experts en théologie en coordination avec le Saint-Siège. Dans son rapport, la commission avait estimé que l'Australie avait "gravement manqué à ses devoirs" envers ses enfants pendant des décennies.
Elle avait affirmé que sept pour cent des religieux catholiques australiens avaient fait l'objet d'accusations d'abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010 sans que les soupçons ne débouchent sur des investigations. Les enfants dénonçant de tels abus étaient au mieux ignorés, au pire punis. Dans certains diocèses, la proportion atteignait 15% de prêtres soupçonnés de pédophilie. L'Ordre des Frères hospitaliers de Saint-Jean de Dieu était le pire, avec 40% de ses membres mis en cause.
Mark Coleridge a reconnu que l'Église avait commis des "manquements colossaux" en Australie comme ailleurs dans le monde. "Nous savons que seules les actions, pas les mots, peuvent rétablir la confiance. Et tant que la confiance n'aura pas été rétablie, toutes les excuses du monde ne pourront que manquer leur cible." "Nous répondrons promptement aux accusations contre des membres de l’Église. Nous améliorerons nos structures de gouvernance, nous serons plus transparents et nous écouterons."
Sœur Monica Cavanagh, présidente de Catholic Religious Australia, a souligné que l'Église australienne avait accepté 98% des recommandations de la commission, dont l'enquête a représenté un "moment important et nécessaire" pour le pays. "La procédure pour réformer les pratiques de l'Église de façon à assurer une sécurité intégrale est déjà engagée", a-t-elle souligné.
L’Église australienne ne se conformera donc pas à la nouvelle réglementation, approuvée dans plusieurs États du pays, qui vise à briser le secret de la confession afin de dénoncer les auteurs de crimes graves, tels que les abus sexuels. Mais en ce qui concerne le célibat sacerdotal Coleridge a admis qu’il était «improbable» qu’il y ait «un changement rapide ou dramatique» dans la discipline du célibat, il a également révélé qu’il y avait des personnes à Rome avec qui il pensait qu’"il y aurait une possibilité de changement dans ce type de mouvement" (http://www.periodistadigital.com/religion/mundo/2018/08/31/religion-iglesia-mundo-australia-obispos-australianos-secreto-confesion-proteccion-menores-celibato-transparencia-abusos.shtml).
Mais comme le montre The New York Times (https://www.nytimes.com/2018/08/31/world/australia/catholic-church-sex-abuse-confessions.html) les avocats des victimes d'abus ont bien accueilli la volonté apparente de l'Église de faire face à ses problèmes, mais ont également noté que les changements auraient dû être adoptés depuis longtemps. "Cela aurait dû être la norme pendant des années et des années et, bien sûr, ce n’était jamais le cas", a déclaré Judy Courtin, avocate représentant les victimes de violences institutionnelles. Mme Courtin était également en désaccord avec la position de l'Église sur le signalement des cas d'abus sexuels entendus pendant les aveux. "La seule considération", a-t-elle déclaré, "devrait être la protection et la sécurité des enfants et des adultes vulnérables".
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