Publié le 30 Avril 2019
Nicolas Senèze, à Rome nous montre ce mardi 30 avril 2019 sur la-Croix.com que publié vendredi 26 avril, un nouveau document de la Commission théologique internationale étudie les défis contemporains de la liberté religieuse, notamment face aux nouvelles tendances autoritaires des États dits libéraux, qui selon elle la menace, tout en proclamant sa neutralité en matière de religion à travers «une éthique de l’État de tendance libéral-libertaire, avec une inflation des droits subjectifs conduisant à minimiser la liberté religieuse qui semble devenir un droit subjectif comme les autres».
Les théologiens chargés de conseiller le pape mettent donc en garde contre «une forme de “totalitarisme doux”» d’un État « moralement neutre» tendant à devenir «éthiquement autoritaire (…) lorsqu’il commence à contrôler le domaine de tous les jugements humains», en décidant de «l’orthodoxie et l’hérésie de la liberté, au nom d’une vision politico-salvifique de la société idéale».
La CTI prend ainsi l’exemple des restrictions mises aujourd’hui à l’objection de conscience, régulièrement défendue par les papes successifs de Jean-Paul II à François. Face à ces menaces, les théologiens de la CTI rappellent la nécessité de la «laïcité positive» définie par Benoît XVI pour «assurer la relation nécessaire et concrète de l’État de droit avec la communauté des ayants droit». Le document insiste en effet longuement sur la dimension communautaire de la liberté religieuse, et la nécessité de ne pas négliger les corps intermédiaires tels que les Églises.
La liberté religieuse pour le bien de tous aborde aussi la question du fondamentalisme religieux comme menace pour la liberté religieuse, tout en relevant que celui-ci «ne semble pas être un simple retour plus “observant” à la religiosité traditionnelle», mais relève justement plus souvent «d’une réaction spécifique à la conception libérale de l’État moderne, en raison de son relativisme éthique et de son indifférence envers la religion». Sans citer spécifiquement l’islam, ce document met toutefois en garde contre la confusion entre le martyre chrétien et «le suicide-homicide au nom de Dieu» dans lequel il voit «une corruption de l’esprit et une blessure de l’âme».
Au contraire, explique la CTI, le martyre chrétien est le «suprême témoignage non-violent d’une fidélité personnelle à la foi, devenue objet de haine spécifique, d’intimidation et de persécution» et le symbole de cette «liberté d’opposer l’amour à la violence et la paix au conflit». Les martyrs «ont résisté à la pression des représailles, en annulant l’esprit de vengeance et de violence par la force du pardon, de l’amour et de la fraternité», explique-t-elle, rappelant aussi le «martyre blanc» de ceux qui «doivent subir des comportements profondément offensants, qui les tiennent aux marges de la vie sociale».
Si ce document n’a pas de visée pratique, il servira à aider la Curie ou les différentes Églises locales «à comprendre la situation actuelle avec un regard chrétien».
Mais, il est dangereux de ne pas voir ce qui se cache derrière ce souci de la liberté religieuse puisque le cardinal Pietro Parolin a montré ce que sous entend le CTI sur les États libéraux lors d’un colloque international tenu à l’ambassade des États-Unis près du Saint-Siège, mercredi 3 avril 2019 notamment sur l’institution du mariage ou le droit inviolable à toute vie humaine (https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2019-04/le-plaidoyer-du-cardinal-parolin-pour-la-liberte-religieuse-dans.html), donc une opposition nette contre le mariage gay et l’avortement.
Merci !