Publié le 31 Décembre 2019
Une nouvelle année arrive, et si nous suivions ce que souhaite le pape François pour l’Église, c’est-à-dire qu’elle change comme il l’a fait savoir lors de ses vœux à la curie le 21 décembre et lors de la messe de Noël 2019.
Les exemples à suivre peuvent être ceux de ces prêtres qui ont vécu Vatican II, dans l’ouvrage de Nicolas de Brémond d’Ars, Catholiques, rouvrez la fenêtre. Mémoires de prêtres qui ont vécu Vatican II publié le 24 octobre 2019, où ils ont vécu le concile comme une libération du carcan qui les enfermait dans une Église catholique figée dans ses certitudes. Une période de changement rapidement fermée dans les années 1980, permettant les dérives et une exacerbation du pouvoir clérical autour de mouvements déviants. Pour eux, il est temps que les catholiques rouvrent la fenêtre car ‘Il faut être prêt à vivre dans un monde qui change, sans regret, dans la confiance. Un changement, c’est un appel à vivre autrement, sans résignation et sans angoisse’.
Ou bien René Poujol, qui raconte son analyse sur la crise actuelle de l’Église dans Catholique en liberté, publié le 24 octobre 2019. Dans celui-ci, il interpelle sa hiérarchie sur ses dérives centralisatrices, cléricales et dogmatiques, ses amis catholiques sur leurs travers moralisateurs et intransigeants, et ses concitoyens sur les dérives d'une société qui, au nom d'une laïcité dévoyée, refuse d'entendre la sagesse des grandes traditions religieuses. Il plaide pour le pluralisme et la liberté des enfants de Dieu.
Ou encore la plate-forme espagnole ‘Théologie pour une Église en sortie’, qui a débuté le 19 décembre 2019 sur Religion Digital, pour être un espace de réflexion pour ceux qui «pagayent avec le pape», et dont plus de 30 théologiens ont déjà rejoint l'initiative et leurs contributions apparaîtront chaque semaine dans RD. La plateforme est toujours ouverte à de nouvelles incorporations. Ses Seules exigences sont d’être théologien et de parier sur Vatican II et les réformes du pape François. Elle doit est d'offrir une réflexion qui guide et crédible aux chrétiens, aux fidèles des autres religions et aux non-croyants de toute religion.
Ou enfin, Anne-Marie Pelletier qui dans L'Église des femmes avec des hommes publié le 5 septembre 2019 fait le constat d’une Église où les stéréotypes et préjugés sont demeurés intacts, tout comme des pratiques de gouvernance qui maintiennent les femmes sous le pouvoir d’hommes – des clercs en l’occurrence. La prise en compte des femmes questionne donc à frais nouveaux l’identité de l’Église, l’économie en son sein du sacerdoce des baptisés et du ministère presbytéral, donc également les modalités de sa gouvernance. Il est temps de mettre en avant le «temps des femmes» qui cherche à advenir et peut apporter du renouvellement dans l’intelligence des textes scripturaires qui ont modelé l’imaginaire en monde chrétien.
Ce souhait de réformes a été bien mis en avant par le cardinal Carlo Maria Martini sous la formule : «L’Église a besoin de constantes réformes». Et selon lui cette «force réformatrice doit naître à l’intérieur de l’Église.» L’Église doit donc renoncer à son attitude défensive et rechercher des idées nouvelles. Et si comme le cardinal Martini, nous choisissions «une Église qui suive la voie de la pauvreté, de l’humilité, libre à l’égard des pouvoirs de ce monde.» Et elle doit donc pour cela «ouvrir un espace aux personnes capables de penser avec ouverture, encourager «surtout ceux qui sentent petits et pêcheurs». En gros, une «Église jeune» qui nous permet de rêver.
Un souci de réforme tout autant partagé par Laurent Grzybowski et Anne Guillard dans Une autre Église est possible, publié le 22 novembre 2019, qui veulent une Église moins dogmatique et plus incarnée, moins moralisatrice et plus joyeuse, moins infantilisante et plus égalitaire. Il faut donc réfléchir à l'exercice du pouvoir, le partage des responsabilités entre clercs et laïcs, la formation des prêtres et des fidèles, l'accès des femmes aux ministères, la place des plus pauvres dans les communautés paroissiales ou encore la qualité des liturgies. Ils veulent diffuser un message d'espoir : "Oui, une autre Église est possible !"
Une autre Église est possible, mais elle ne le sera pas avec ces jeunes prêtres chanteurs, ou porteurs de soutanes aimant les titres de «Don», et trop centrés sur la morale, qui perpétueront le cléricalisme responsable de tous les abus de pouvoirs et sexuels que nous connaissons actuellement. Il est grand temps que les laïcs que nous sommes mènent un travail d’égal à égal avec les évêques pour être au cœur de la réforme de l’Église.
Merci et bonne année à tous !