Publié le 30 Septembre 2020
lematin.ch avec l’AFP et NXP nous montre dans son article du mardi 29 septembre 2020 que le souverain pontife prend le taureau par les cornes pour réformer les finances du Vatican, embourbé dans plusieurs scandales. En 2013, l’Argentin Jorge Bergoglio avait été élu pape pour en finir avec les budgets éclatés et sans contrôle au sein des nombreuses administrations du Saint-Siège, souvent dirigées par des prélats piètres gestionnaires. Mais le pape François avait constaté fin 2017 que «réformer» la Curie romaine (gouvernement du Vatican) revenait à «nettoyer le sphinx d’Egypte avec une brosse à dents».
Éviction de l’un des cardinaux les plus en vue, l’Italien Angelo Becciu, ancien numéro deux de la Secrétairerie d’État suspecté de malversations, reprise en main des coffres par l’assainissement de la jadis sulfureuse banque du Vatican, où 5000 comptes suspects ont été fermés en 2015, a été complété sous le pontificat du pape François, et le Vatican a aussi dévoilé début juin une loi encadrant les appels d’offres pour ses dépenses internes, du jamais vu destiné à prévenir d’autres scandales de corruption et l’attribution bien ancrée de contrats à des amis ou parents, auxquels s’ajoute une mini-révolution, réclamée par le pape voici deux ans, va néanmoins enfin se concrétiser: tous les petits trésors en liquide des tiroirs du Saint-Siège vont être centralisées au sein d’un seul organisme, l’Administration du patrimoine du siège apostolique (Apsa) qui gère notamment les milliers de biens immobiliers du Vatican : le pape François prend donc le taureau par les cornes pour accélérer sa réforme des finances du Vatican encore une fois embourbé dans les scandales.
Le pape a décidé de changer la méthode, et les hommes aussi. Pour la toute première fois, un membre de la haute hiérarchie du gouvernement du Vatican est expulsé du collège des cardinaux. Le cardinal australien George Pell de 79 ans - qui s’est envolé mardi pour Rome pour la première fois en trois ans après avoir été acquitté en avril dans son pays dans une affaire de pédophilie- a d’ailleurs félicité le pape pour son coup d’éclat contre le prélat. «J’espère que le nettoyage des écuries continuera au Vatican», a-t-il commenté dans un texte. Mais le pape François n’avait pas confiance en lui et le dossier sur les abus sexuels était commodément caché à l'époque, ce qui lui a permis de s’en débarrasser (https://www.religiondigital.org/vaticano/financiera-Francisco-unificara-millones-Curia-vaticano-fondos-secretaria-estado-becciu-pell-guerrero-moneyval_0_2272872704.html). Le pape François a voulu faire un exemple. Le tour de vis du pape François passe aussi par des nominations. Voici un an, il avait choisi comme président du Tribunal du Vatican Giuseppe Pignaton, un grand spécialiste italien de la lutte anti-mafia.
Ce resserrement est d’autant plus nécessaire que le Vatican s’enfonce toujours plus dans le rouge, frappé par la pandémie du coronavirus qui le prive des revenus habituels de ses célèbres musées et limite les grandes collectes de dons auprès des fidèles. «Une réforme historique», confirment deux Espagnols, Guerrero et Caballero Ledo, qui (avec le chef de l'APSA, Nunzio Galantino) qui contrôleront directement tout ce qui concerne l'IOR, l'APSA et les fonds curiaux (https://www.religiondigital.org/vaticano/financiera-Francisco-unificara-millones-Curia-vaticano-fondos-secretaria-estado-becciu-pell-guerrero-moneyval_0_2272872704.html).
Et le pape François met fin au cycle de catéchèse sur la pandémie, comme le montre dans l’article de José Manuel Vidal sur religiondigital.org ce mardi (https://www.religiondigital.org/vaticano/Papa-economico-desarrollo-insostenible-problemas-Francisco-pandemia-sistema-ternura_0_2273172666.html), invitant «à ne pas revenir à l'appel à la «normalité» car cette normalité en a assez de l'injustice, de l'inégalité et de la dégradation de l'environnement». En d'autres termes, à son avis, nous devons changer la «route» du système économique actuel, car «nous ne pouvons pas espérer que le modèle économique qui est à la base d'un développement injuste et non durable résoudra nos problèmes. Il ne l'a pas fait et ne le fera pas.»
Le pape François montre l’exemple en mettant fin à la gabegie financière vaticane, et propose un modèle économique différent de celui qui est proposé. Mais en cette période de pandémie, est-ce que les États auront le courage de changer de modèle, rien n’est moins sûr.
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