Non. Tout nous dirigeait vers cette ampleur. Étions-nous plus naïf qu’au États-Unis, aux Pays-Bas, en Australie et en Allemagne ? J’’en doute. Contrairement à ce qu’avançait notre chère hiérarchie depuis 1995, il ne s’agissait pas de quelques «pommes pourries». Le rapport Sauvé sur la pédophilie dans l’Église catholique remis publiquement le mardi 5 octobre 2021 à Paris, à l’épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses, en présence de représentants d’associations de victimes, se basant sur deux ans et demi d’enquête, estime à au moins 330 000 mineurs le nombre de victimes depuis 1950, et montre qu’entre 2900 et 3200 prêtres ou religieux pédocriminels ont sévi dans l’Église en France sur cette période. Des chiffres énormes qui n’auraient pourtant pas dû nous surprendre.
Comme le montre sudouest.fr (https://www.sudouest.fr/culture/religion/eglise-et-pedophilie-les-principaux-scandales-d-abus-sexuels-depuis-30-ans-6362176.php) on aurait pu voir la réalité en face bien avant une hiérarchie qui préférait couvrir ses prêtres abuseurs. Il faut dire que les cas de pédophilie au sein de l’Église en France étaient traités dans la confidentialité, plusieurs affaires éclatent au grand jour dans les années 1990. Une dizaine de prêtres et de religieux sont mis en examen. En 2001, Mgr Pican est condamné à 3 mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé l’abbé Bissey, qui officie dans une paroisse de la banlieue de Caen, est accusé d’une douzaine de viols et agressions sur mineurs entre 1985 et 1996, et l’avoir muté dans une autre paroisse sans en informer les autorités. En septembre, Gérard Mercury, un prêtre de 51 ans est condamné à quatre ans de prison par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des atteintes sexuelles sur huit enfants mineurs dont il s’occupait entre 1994 et 1999 lorsqu’il officiait dans les paroisses de Léognan et de Saint-Médard-d’Eyrans, avant d’être muté à la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney-Curé-d’Ars de Pessac. Il avait déjà été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des faits similaires dans le Var quelques années auparavant. En novembre 2001, selon la Conférence des évêques de France, onze prêtres purgent à cette date une peine de prison ferme pour des faits de pédophilie. En 2003, il y a deux condamnations pour viol en France, celle d’Émile Leblond, 84 ans, à huit ans de prison pour viol par la cour d’assises du Calvados, et du père Jacques Daheron, ex-salarié des Orphelins d’Auteuil est condamné à six ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur trois mineurs par les assises de Paris. En juin 2005, le père François Lefort, une figure de l’humanitaire est condamné pour viols sur mineurs en France. En 2006, c’est les condamnations en France de Pierre Dufour, 71 ans, vicaire épiscopal et curé de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), pour «viols et agressions sexuelles», à 15 ans de réclusion criminelle et d’Henri Le Bras est condamné à 10 ans de réclusion en octobre par la cour d’assises de Seine-et-Marne pour avoir imposé entre 1995 et 1998 des relations sexuelles à un garçon né en 1983. En novembre 2008, la cour d’assises de la Corrèze condamne à 12 ans de réclusion criminelle Olivier Guinant, 56 ans, un ancien prêtre accusé de viols d’un mineur et d’attouchements sexuels sur deux autres jeunes garçons, de 1988 à 1994. Entre 2008 et 2011, plus de 50 enfants abusés dans la Communauté des Béatitudes par un de ses membres qui sera condamné en 2011 à 5 ans de prisons. Plusieurs témoignages indiquent que les responsables de la communauté auraient exclu quatre membres qui avaient révélé l’affaire. Les responsables de la communauté, poursuivis pour «non-dénonciation d’atteintes sexuelles» bénéficient finalement d’un non-lieu pour prescription. Selon une enquête de la Conférence des évêques de France (CEF), en octobre 2010, 9 prêtres sont emprisonnés pour actes de pédophilie et 51 mis en examen. 45 prêtres ont purgé des peines pour faits de pédophilie. Mais ce qui obligera l’Église à voir la réalité en face est l’affaire Preynat. Début 2016, un groupe d’anciens scouts brise l’omerta : ils dénoncent les abus sexuels dont quelque 70 d’entre eux auraient été victimes entre 1986 et 1991 et accusent le père Bernard Preynat, qui reconnaît les faits. Le 10 février, dans un entretien au journal La Croix, l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin reconnaît avoir eu connaissance des comportements du prêtre vers 2007-2008. Cependant, il maintiendra les fonctions du prêtre jusqu’en 2015, sans dénoncer les faits à la justice comme la loi l’y oblige, ni même l’affecter à des fonctions éloignées des enfants. Plusieurs victimes présumées ont porté plainte contre lui pour «non-dénonciation et mise en péril de la vie d’autrui». Le 15 mars, Mgr Barbarin est mis en cause par une autre victime, qui aurait été abusée par un autre prêtre, sans que rien ne soit fait ou dénoncé au niveau du diocèse. Le 9 novembre, une centaine d’évêques français réunis à Lourdes demandent pardon pour le silence de l’Église face à la pédophilie. Une initiative collective encore jamais vue dans le pays. En 2017, la France est de nouveau sur la sellette en juin, avec la mise en examen de l’ancien évêque d’Orléans, Mgr André Fort, pour n’avoir pas dénoncé des faits présumés d’attouchements sexuels sur mineurs, commis par le père Pierre de Castelet (69 ans). Enfin, l’affaire Preynat a inspiré le film de François Ozon, «Grâce à Dieu». Sorti en février 2010, il bouleverse et «fait jaser» à Lyon et partout en France. Le prêtre est condamné en mars 2020 à cinq ans d’emprisonnement pour d’innombrables agressions sexuelles commises sur des scouts entre 1971 et 1991. La Cour de cassation, plus haute juridiction de l’ordre judiciaire, rejette, mercredi 14 avril, le pourvoi de huit victimes de l’ancien prêtre Bernard Preynat contre l’arrêt de la cour d’appel de Lyon qui avait relaxé, en janvier 2020, le cardinal Barbarin pour non-dénonciation d’agressions sexuelles du père Preynat. Le 6 mars 2020, le pape a accepté la démission de Philippe Barbarin. Ce dernier, qui est désormais aumônier d’un couvent de religieuses en Bretagne, avait été condamné en première instance, en 2019, à six mois de prison avec sursis pour n’avoir pas signalé à la justice certains des faits, non prescrits, dont il avait été informé.
Comme le montre sudouest.fr (https://www.sudouest.fr/culture/religion/eglise-et-pedophilie-les-principaux-scandales-d-abus-sexuels-depuis-30-ans-6362176.php) d’autres affaires et rapports dans le monde auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. En 1985, aux États-Unis, le dominicain Thomas Doyle publie un premier rapport interne pour alerter sur le nombre alarmant de cas de mineurs victimes d’abus sexuels et sur le silence coupable de l’Église. Le prêtre va pourtant se heurter à la résistance de sa hiérarchie. Les évêques américains refusent la mise en place de la commission d’enquête nationale qu’il propose (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113). En Autriche, un de ses anciens élèves révèle dans un magazine que Hans Hermman Groër (1919-2003) se livrait à des attouchements sexuels sur ses élèves et qu’il avait fait de lui son amant durant 4 ans. Le prêtre démissionne immédiatement mais ne répond pas à ces accusations. En septembre 2004, Kurt Krenn un évêque autrichien démis par le Vatican, évêque ultra-conservateur de Sankt-Pölten, démissionne, il est accusé d’avoir voulu étouffer un scandale sexuel dans son diocèse après la découverte de quelque 40 00 images pornographiques, dont certaines à caractère pédophile ou zoophile, dans les ordinateurs portables de plusieurs prêtres du séminaire. Toujours en Autriche, le prêtre d’Annaberg-Lungoetz a été relevé de ses fonctions et transféré dans une abbaye proche de cette localité. Il se serait livré à des attouchements sexuels sur des jeunes gens. Au Mexique, le fondateur de la congrégation des Légionnaires du Christ, le père Marcial Maciel, a dû démissionner en 2006, accusé publiquement de sévices sexuels et de maltraitance sur mineurs en 1956 et 1997. En Irlande, le rapport Ryan en 2009, une enquête de neuf ans, du nom du juge Sean Ryan, avait révélé que des centaines d'enfants avaient été victimes d'abus sexuels, à partir des années 1940, dans des institutions religieuses de tout le pays, et sur près de 35 000 enfants placés dans des réseaux d'écoles catholiques, ateliers, écoles professionnelles, maisons de correction ou autres institutions pour handicapés, plus de 2000 avaient déclaré à la commission Ryan avoir souffert d'abus physiques et sexuels perpétrés par des éducateurs, en particulier des prêtres (http://www.slate.fr/story/13653/eglise-catholique-la-honte-de-lirlande). Depuis 2010, des centaines de cas d’abus sexuels sur des mineurs dans des institutions ont été révélés en Allemagne, notamment dans le très huppé collège Canisius à Berlin. En 2010, la commission Deetman, créée en août 2010, a rendu son rapport sur un vaste scandale de pédophilie au sein de l’Église néerlandaise, qui donnait «Plusieurs dizaines de milliers de mineurs» abusés entre 1945 et 2010 par «800 auteurs d'abus sexuels qui travaillent ou ont travaillé pour les évêchés. Au moins 105 sont encore en vie». La même année, en Belgique, Roger Vangheluwe, l’évêque de Bruges, démissionne après avoir reconnu des abus sexuels sur ses deux neveux, et la commission Adriaenssens de 2010 a recueilli 488 plaintes incriminant 320 auteurs d’abus sexuels (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113).
L’Église américaine a reçu entre 1950 et 2013 des plaintes d’environ 17 000 victimes d’abus commis par quelque 6400 membres de son clergé entre 1950 et 1980. C’est en 2002 que les révélations du plus grand scandale de pédophilie des États-Unis vont faire le tour du monde, à travers une enquête du quotidien «The Boston Globe» qui a inspiré le film «Spotlight», sorti en 2015 : plus de 200 victimes accusent 90 prêtres d’abus sexuels commis pendant 33 ans dans l’archidiocèse de Boston. Des experts évoquent au Vatican le chiffre de 100 000 enfants victimes d’abus sexuels de la part de prêtres. Plusieurs hauts prélats ont été contraints de démissionner pour avoir fermé les yeux, dont les cardinaux Bernard Law (Boston) et Roger Mahony (Los Angeles). Aux États-Unis, le John Jay report en 2004 – dont s’inspire grandement la Ciase - fait office de modèle. L’étude, rendue publique en 2004, est la plus fournie réalisée outre-Atlantique : plus de 10 000 victimes ont mis en cause environ 5 000 prêtres, soit 4 % du clergé responsable d’environ 13 000 abus sexuels. Et le mouvement amorcé par le John Jay report ne s’arrête pas là : en révélant l’ampleur du scandale, le rapport a incité la justice américaine à ordonner d’autres enquêtes (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113). En 2012 en Australie, 620 enfants ont été victimes d’abus sexuels depuis 1930. En mai 2013, l’archevêque de Sydney présente «ses excuses les plus complètes», mais ces chiffres étaient terriblement bas, et la commission royale australienne montrera que l’Église n’avait pas le souci de la vérité. En Australie, le scandale éclata plus encore en 2017 : entre 1950 et 2010, 7 % des prêtres catholiques australiens ont fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants sans que les soupçons ne débouchent sur des investigations. 4444 faits de pédophilie ont été signalés aux autorités de l’Église. La même année, une enquête journalistique dénonce l’exfiltration d’Afrique par l’Église catholique de prêtres français soupçonnés d’abus sexuels sur de jeunes africains. Couverts par l’Église, ils sont ainsi soustraits à la justice locale. En juillet, de nouvelles révélations éclaboussent l’Église allemande. Entre 1945 et 1990, dans le célèbre chœur catholique de Ratisbonne, plus de 500 enfants auraient été maltraités ou abusés, dont certains violés. 49 auteurs présumés ont été identifiés, mais ne seront pas poursuivis car leurs crimes sont prescrits. C’est le propre frère de l’ex-pape Benoît XVI qui dirigeait alors ce chœur. L’ampleur du scandale des prêtres pédophiles ne cesse de croître aux États-Unis. L’Église catholique du Chili avait été secouée par le «scandale Karima», du nom de cet ancien prêtre, curé d’une paroisse de Santiago, auteurs d’abus sexuels dans les années 1970 et qui avait été renvoyé de l’état clérical en 2011. La polémique rebondit en 2018 lors du voyage au Chili du pape François. Certaines des victimes affirment que Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno et nommé par le souverain pontife, était au courant. Mi-août 2018, le procureur de la Pennsylvanie avait rendu publique une enquête révélant des abus sexuels perpétrés par plus de 300 prêtres pédophiles sur plus de 1000 enfants. Des actes couverts par l’Église catholique en Pennsylvanie. Ce rapport de 884 pages indiquait que les abus s’étalaient sur une période de 70 ans. Le 20 décembre 2018, la justice a révélé que près de 700 membres du clergé de l’Illinois avaient été accusés, sur plusieurs décennies, d’agression sur mineur. La même année, on apprenait que des milliers d'enfants ont été abusés sexuellement par des prêtres en Allemagne entre 1946 et 2014, selon une étude sur l'Église catholique allemande qui est accusée d'avoir sciemment caché les faits, avait révélé mercredi 12 septembre 2018 plusieurs médias (https://www.huffingtonpost.fr/2018/09/12/pedophilie-en-allemagne-des-milliers-denfants-ont-ete-abuses-sexuellement-par-des-pretres_a_23525030/). Enfin, un rapport indépendant commandé par l’Église catholique en Allemagne a identifié que des violences sexuelles ont été infligées à 314 mineurs par 202 membres du clergé ou des laïcs entre 1975 et 2018, dans le diocèse de Cologne. Au Chili, la même année, 167 membres du clergé dont sept évêques et 96 prêtres sont visés par une enquête. 119 enquêtes étaient désormais en cours (https://www.bfmtv.com/international/pedophilie-au-sein-de-l-eglise-au-chili-le-nombre-d-enquetes-visant-des-membres-du-clerge-explose_AN-201809010017.html).
Et les réformes pour régler le problème sont pourtant simples sauf pour une hiérarchie qui a du mal à se défaire du cléricalisme. Pourtant, ce souci de réformer l’Église est déjà visible en Irlande avec l'Association des prêtres catholiques (ACP) créée en 2010 après le cataclysmique rapport Ryan en 2009, qui demande une refonte du ministère dans l'Église, afin de développer les dons, la sagesse et l'expertise de toute la communauté de foi, hommes et femmes, une restructuration du système de gouvernement de l'Église, le basant sur le service plutôt que sur le pouvoir, et encourageant à tous les niveaux une culture de consultation et de transparence, en particulier dans la nomination des dirigeants de l'Église, et les célébrations liturgiques qui utilisent des rituels et un langage faciles à comprendre, inclusifs et accessibles à tous, en 2011, appelle à changer la façon dont les évêques sont choisis et comment l'Église catholique considère la sexualité, en 2014, elle recommanda l’ordination des femmes et de permettre aux prêtres de se marier si l’Église veut survivre, et en 2017 elle décide de redoubler d'efforts pour rallier les paroissiens et arrêter de se disputer avec les évêques, et en Autriche avec l’Initiative des prêtres en 2011dans une Église catholique autrichienne déjà fragilisée par le départ en masse de ses fidèles après les scandales d'abus sexuels lança un appel à la désobéissance, où ils demandaient l'ordination des femmes et des personnes mariées, deux grands tabous de l'église. Ils préconisent aussi la communion aux personnes divorcées et demandent de permettre aux pratiquants non ordonnés, hommes comme femmes, de prononcer des sermons et de diriger des paroisses, pour pallier la crise des vocations, et honorer les relations homosexuelles. Dans ces deux cas, la hiérarchie fit la sourde oreille. Mais ce fut plus difficile de le faire avec la commission royale australienne constituée en 2012 et la Ciase en viennent à des conclusions qui dans leur propos sont différentes mais s’épousent parfaitement notamment sur trois points. Dans ses conclusions, la commission recommande, entre autres, l'obligation, pour les ecclésiastiques de dénoncer les actes pédophiles avoués dans le secret de la confession et l'instauration du célibat volontaire qui ne sera plus obligatoire pour les prêtres. Deux suggestions qui ont, certes, permis d'ouvrir le débat mais qui n'ont pas été suivies par l’Église. Mais elle allait plus loin, préconisant un rôle réel pour les laïcs à tous les niveaux, hommes et femmes, y compris dans le processus de nomination des clercs et de veiller à l’aptitude au travail collaboratif dans le cadre de la formation des prêtres. Cette instance a enfin initié le processus d'indemnisation, notamment par l'Église catholique, des victimes qui, depuis trois mois, peuvent être dédommagées jusqu'à environ 90 000 euros. La commission sur les abus sexuels dans l’Église en France estime que le secret de la confession ne peut être "opposé à l'obligation de dénoncer des crimes sexuels sur les mineurs ou les personnes vulnérables", que l’ont doit revoir les enseignements et la position des prêtres comme la conception taboue de la sexualité, la déformation des écritures, ou encore la position dominatrice, et l’indemnisation des victimes, confiée à un organisme indépendant, devra être revue et considérée non pas comme «un don» mais comme «un dû» de l’Église. Mais la Ciase recommande de changer la gouvernance, car il est nécessaire de faire de la place aux laïcs et notamment aux femmes. Malheureusement l’attitude de la hiérarchie pas été judicieuse face aux solutions données pour mettre fin au abus comme en Australie, où elle refuse de toucher célibat sacerdotal et au sacrement de la confession, mais aussi de donner une plus large place aux laïcs, et en France avec son refus de toucher au sacrement de la confession et pour l’indemnisation des victimes, elle pourrait être faire appel aux dons des fidèles.
Si la Conférence des évêques de France hésite, alors des initiatives personnelles des évêques peuvent répondre aux attentes des victimes et du Peuple de Dieu dans son ensemble et faire bouger une hiérarchie craintive, comme celles de Mgr Le Saux, évêque du Mans, qui souhaite entendre "la parole des Sarthois qui voudraient s’exprimer sur la manière dont ils reçoivent ce rapport", et "Ici où là, des rencontres sont mises en place pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’exprimer : la parole se libère de plus en plus dans le cœur de beaucoup", note un communiqué de l’Évêché (https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/le-mans-72000/abus-sexuels-dans-l-eglise-yves-le-saux-eveque-du-mans-veut-entendre-la-parole-des-sarthois-9f671a60-324f-11ec-8668-6a8a63483124). Mais beaucoup de fidèles comme le montre lepelerin.com (https://www.lepelerin.com/dans-lhebdo/vie-deglise/rapport-sauve-sonnes-les-catholiques-veulent-faire-evoluer-leglise/) veulent un changement, et sont révoltés contre «le silence de l’Église» qu’ils servent pourtant depuis des années, mais qu’ils désirent voir profondément changer. Ils rêvent d’un «changement de gouvernance» au sein d’une Église qui donnerait plus de place aux laïcs. Beaucoup d’entre eux souhaitent mettre les victimes au centre, rééquilibrer les relations entre clercs et laïcs, faire davantage de place aux femmes, et accroître la synodalité. Et les associations qui soutiennent des victimes d’abus ont la ferme intention de pousser les évêques à adopter les recommandations de la Ciase. Enfin, le synode sur la synodalité inauguré par le pape François le 10 octobre 2021 est vu par Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, comme une opportunité de réfléchir à la gouvernance de l’Église catholique, car la crise des abus sexuels découle notamment d’une notion dévoyée de l’exercice l’autorité dans l’Église, qui sera au cœur des réflexions synodales – du moins dans les diocèses où les affaires sont sorties. Pour Mgr Éric de Moulins Beaufort, président de la Conférence épiscopale de France, alors à Rome, confiait qu’il n’était pour l’heure pas envisagé de lancer en France un processus synodal national pour répondre à la question des abus – comme ce fut le cas de l’Église en Allemagne ou bien en Irlande. Il laissait pour autant entendre que le synode qui s’ouvrirait le 16 octobre dans tous les diocèses du monde serait l’occasion de «recueillir ce qui viendra» sur ces questions-là (https://www.cath.ch/newsf/quatre-questions-sur-les-enjeux-du-synode-sur-la-synodalite/).
Mais doit-on attendre de la hiérarchie qu’elle bouge ? Si l’on regarde plus près c’est la pression des fidèles qui a obtenu ce revirement actuel de l’Église comme en France avec La Parole libérée qui a mis la pression à la hiérarchie afin qu’elle ne reste pas dans le déni, au Chili où les victimes de Karadima ont obligé le pape à voir l’ampleur des abus dans le pays, et enfin, la création de l’Ending Clerical Abuse en 2018, réseau regroupe une dizaine d'associations de victimes de prêtres pédophiles. Et en France, on a bien compris que la pression envers la hiérarchie sera la seule solution comme le montre sur Twitter #AussiMonEglise, où des milliers de fidèles appellent à un changement salutaire.
Merci !