Multiplicité des candidats, «guerres d’egos» et opinions irréconciliables… Les électeurs de gauche ont de quoi être désappointés depuis le début de la campagne pour l’élection présidentielle. Depuis septembre et le début des premières campagnes électorales pour la présidentielle de 2022, le débat public a surtout été occupé par la candidature de personnalités de droite et d’extrême droite. À gauche, l’éventualité d’une primaire tourne à la débâcle. Les candidats ne semblent pas bien sûrs du stratagème le plus efficace pour accéder à l’Élysée (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pour-moi-la-gauche-est-perdue-confient-des-electeurs-desabuses-par-la-campagne-acdbc108-5dc6-11ec-98fe-5049669919f0).
Du côté des électeurs, lassitude et colère grondent. Ils ne comprennent pas l’individualisme des candidats de gauche, mais le refus des candidats à participer à la primaire populaire n’est pas une surprise puisque Jean-Luc Mélenchon, et Yannick Jadot, sont deux egos énormes, et les autres candidats sont inaudibles comme Fabien Roussel, candidat du Parti communiste (PCF) qui a refusé le 9 décembre 2021 la main tendue de la maire de Paris pour une primaire à gauche (https://www.marianne.net/politique/gauche/primaire-a-gauche-yannick-jadot-et-fabien-roussel-ferment-la-porte-a-anne-hidalgo) pour qui "Quand la gauche n’est pas rassemblée, elle ne peut pas gouverner" (https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/absolument-non-hidalgo-assure-qu-elle-ne-retirera-pas-sa-candidature-si-taubira-se-presente_AV-202112230125.html), tout comme Philippe Poutou qui ne compte pas participer à une éventuelle primaire de la gauche pour qui il est «absurde de penser qu’il pouvait se retrouver avec Anne Hidalgo, Christiane Taubira ou Yannick Jadot qui ont participé à des gouvernements Hollande et Valls» (https://www.sudouest.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-philippe-poutou-refuse-de-participer-a-une-primaire-de-la-gauche-7423025.php). Pour beaucoup la gauche est perdu derrière la guerre d’égo et le ralliement derrière un seul candidat, ce serait le minimum, mais même en faisant cela, personne à gauche a suffisamment de charisme et de propositions fortes pour faire face aux candidats qui se profilent en face (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pour-moi-la-gauche-est-perdue-confient-des-electeurs-desabuses-par-la-campagne-acdbc108-5dc6-11ec-98fe-5049669919f0). Lundi 20 décembre 2021, Yannick Jadot l’invité de RMC/BFMTV a aussi refusé net l’idée d’une primaire, et réitéré ses appels du pied à Anne Hidalgo et Christiane Taubira : «Venez avec vos idées» (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/rejoins-les-ecologistes-christiane-yannick-jadot-refuse-la-primaire-et-invite-taubira-ca6ad00e-6165-11ec-a426-309c1cc5037a). Quant à Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise, il a rejeté dimanche 12 décembre sur France Inter une primaire de la gauche proposée par l'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg et la maire de Paris, Anne Hidalgo : "C'est d'une hypocrisie totale. Ces gens-là ne cherchent pas l'union, mais une sortie de secours", a-t-il critiqué, car pour lui l'idée d'une primaire est la preuve que le "Parti socialiste n'est plus un parti de gouvernement" (https://www.francetvinfo.fr/elections/video-jean-luc-melenchon-rejette-la-primaire-de-la-gauche-pour-la-presidentielle-ces-gens-la-ne-cherchent-pas-l-union-mais-une-sortie-de-secours_4878581.html), sauf que cette primaire n’a pas été proposé par le Parti socialiste, mais par la Primaire populaire qui est un scrutin indépendant a été amorcé en mars 2021 et regroupe plus de 300 000 personnes participantes. C'est plus que la primaire EELV (122 675) et le congrès des Républicains (139 742) réunis (https://www.linternaute.com/actualite/politique/2593407-primaire-populaire-la-derniere-option-pour-un-candidat-unique-a-gauche-en-2022/).
Dans les sphères politiques, un nom circule ces derniers jours. Celui d’une ancienne ministre qui pourrait, peut-être, rassembler la gauche et la porter au pouvoir. Christiane Taubira serait une candidature providentielle qui pourrait être un catalyseur, mais cependant personne n’y croit car elle tarde. Mais, les électeurs de gauche prêts à voter Macron pour empêcher l’extrême droite pourraient se retrouver dans une candidature de Christiane Taubira (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pour-moi-la-gauche-est-perdue-confient-des-electeurs-desabuses-par-la-campagne-acdbc108-5dc6-11ec-98fe-5049669919f0). L’ancienne garde des Sceaux, très populaire à gauche, a officialisé sa candidature le vendredi 17 décembre qui était réclamée avec force par de nombreux militants et soutiens politiques (https://www.20minutes.fr/elections/3200067-20211217-presidentielle-2022-christiane-taubira-prete-proposer-candidature-gauche). Et la possible candidate de gauche à la présidentielle a apporté son soutien, samedi 18 décembre, à la Primaire populaire. L'ancienne ministre de la Justice voit dans cette initiative portée par un collectif de la société civile le "dernier espace pour construire l'union" de la gauche, à laquelle elle entend participer. Après avoir annoncé la veille "envisager" d'être candidate à la présidentielle en 2022, elle a déclaré vouloir se donner "le temps nécessaire de faire en sorte que nous [la gauche] puissions saisir cette dernière chance de l'union" (https://www.francetvinfo.fr/politique/christiane-taubira/presidentielle-2022-taubira-soutient-la-primaire-populaire-dernier-espace-pour-construire-l-union-de-la-gauche_4885939.html). Anne Hidalgo a indiqué ce jeudi 23 décembre que si Christiane Taubira se déclarait candidate à l'élection présidentielle mi-janvier elle ne se retirerait pas. "C’est une candidature supplémentaire", a indiqué Anne Hidalgo sur BFMTV (https://www.lci.fr/politique/presidentielle-2022-si-christiane-taubira-est-candidate-anne-hidalgo-ne-retirera-pas-sa-candidature-2205349.html).
Mais qui dit candidat unique, suppose ralliement de tous à un programme commun. Écolos, insoumis, socialistes, communistes… Ces électeurs peuvent-ils trouver un terrain d’entente ? Sur les réseaux, l’administratrice du compte LePetitChaperonRouge (@LPCRouge, qui souhaite garder l’anonymat pour se protéger du harcèlement) essaie de «faire le lien» entre les électorats de gauche, de «réconcilier les gens». Parmi ses 3500 abonnés, elle compte des soutiens de divers partis de gauche. Pour d’autres, les divergences d’opinions entre les différentes sensibilités ne devraient pas être une impasse. Cependant, tous les électeurs ne sont pas d’accord avec l’idée d’une union, car les sensibilités de gauche ne peuvent trouver de programme commun, du fait qu’il y a des divergences qui sont irréconciliables entre les partis de gauche et organiser une primaire serait «une machine à perdre» (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pour-moi-la-gauche-est-perdue-confient-des-electeurs-desabuses-par-la-campagne-acdbc108-5dc6-11ec-98fe-5049669919f0). Cependant, la Primaire populaire, initiative citoyenne en quête d’un rassemblement des partis de gauche pour la présidentielle de 2022 avec un Socle Commun de 10 mesures de rupture qui est co-construit avec 13 partis politiques des gauches et écologistes, et inspirées des revendications des mouvements sociaux de ces dernières années (https://primairepopulaire.fr/), a eu le droit à un second souffle à l’annonce d’Anne Hidalgo de vouloir passer par la primaire pour désigner une candidature unique de la gauche. Un «boulevard vers le rassemblement» inespéré qui donne de la visibilité à l’initiative. Les membres de la Primaire populaire ont réuni 283 000 signatures en sept mois. Ils espèrent entre 400 000 et 500 000 participations au vote organisé fin janvier (https://www.20minutes.fr/politique/3200991-20211220-presidentielle-2022-comment-primaire-populaire-reuni-283000-signatures).
Certains pensent que c’est une élection qui sera 100 % à droite, et regrettent aussi la candidature de la maire de Paris, qui a été propulsée sans rien. Une partie des électeurs de gauche ne croit déjà plus à sa victoire les 10 et 24 avril prochains. Pour certains, évidemment, «tout n’est pas perdu» (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pour-moi-la-gauche-est-perdue-confient-des-electeurs-desabuses-par-la-campagne-acdbc108-5dc6-11ec-98fe-5049669919f0). Mais cela semble plutôt impossible, car depuis son appel «une grande primaire ouverte» de la gauche, lancé le 8 décembre, Anne Hidalgo essuie, presque chaque jour, un nouveau refus. Non, ils n’iront pas. Non, ils ne se soumettront pas à un énième vote des militants. Non, ils ne se rallieront pas à un candidat unique. Seul Arnaud Montebourg, l’électron libre lui aussi à la peine dans les sondages, a répondu favorablement à une union. Joignant néanmoins à son approbation quelques conditions (https://www.20minutes.fr/politique/3202219-20211222-presidentielle-2022-union-gauche-possible). Dix candidats avaient été présélectionnés par les citoyens inscrits pour participer à la Primaire populaire, dont Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo. Mais aussi Christiane Taubira, et des personnalités non déclarées, comme Clémentine Autain, François Ruffin ou l’économiste Gaël Giraud. Les candidats déclarés avaient tous, jusque-là, refusé d’y participer, jusqu’à l’appel surprise, mercredi 8 décembre, d’Anne Hidalgo, pour sauver une gauche "menacée de disparition". "Là où les appareils politiques ont échoué, seuls les citoyens peuvent nous rassembler", a-t-elle expliqué (https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/primaire-gauche/presidentielle-a-gauche-qui-pilote-la-primaire-populaire-347886de-5c30-11ec-ba33-1b9954ca0701).
«C’est un mirage de croire que la gauche pourrait se réunir derrière un candidat unique», affirme Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’histoire de la gauche depuis la Révolution. Pour elle, les divergences d’opinions entre les candidats sur des sujets majeurs, comme le nucléaire ou l’emploi, ne permettent pas ce rassemblement tant espéré par une partie de la gauche. Mais aussi l’absence criante d’un candidat au charisme et à l’autorité naturelle indéniables, à l’image du François Mitterrand des années 1970 et 1980. Malgré des appels du pied de plus en plus insistants des organisateurs de la Primaire populaire qui, nostalgiques sans doute, rêvent d’une «Union de la gauche» comme celle qui avait vu gagner François Mitterrand en 1981, et le sentiment d’un besoin d’unité de la part des militants, tout semble converger vers une gauche plus éclatée encore (https://www.20minutes.fr/politique/3202219-20211222-presidentielle-2022-union-gauche-possible). Cependant, plus de 1500 élus locaux de gauche, dont les soutiens de la candidate PS Anne Hidalgo comme Martine Aubry ou Carole Delga, appellent à une candidature unique à gauche «via» l'organisation d'une primaire ouverte, dans une tribune publiée, dimanche 19 décembre, par le «Journal du Dimanche». «Nous soutenons l'initiative d'organiser une primaire ouverte, citoyenne et populaire, pour redonner l'envie, recréer de l'espoir et désigner la candidate ou le candidat qui fera gagner la République sociale et écologique en 2022», déclarent ces élus qui veulent que la gauche «se rassemble pour gouverner ensemble comme nous le faisons dans nos territoires» (https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20211219-pr%C3%A9sidentielle-fran%C3%A7aise-de-2022-plus-de-1500-%C3%A9lus-appellent-%C3%A0-l-union-de-la-gauche). Et parce qu’ils refusent la dispersion des voix de gauche, des élus se sont par serment le 16 octobre, à Romainville, en région parisienne, engagés à suspendre leurs parrainages jusqu’à désignation d’une candidature unique pour la prochaine présidentielle ainsi libellé. D’une trentaine d’élus au départ, le mouvement est passé à 280 élus dont 140 aujourd’hui ont le pouvoir de présentation ou de parrainage et par ailleurs, il s’est rapprochés des organisateurs de la Primaire populaire qui donne la possibilité aux citoyens de faire irruption dans une arène politique que les partis veulent close (https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/presidentielle-pourquoi-des-elus-de-gauche-font-ils-la-greve-des-parrainages_14063764/).
Enfin, la candidate socialiste n’a pas tort en déplorant l'idée que le débat public soit "complètement cannibalisé par les priorités de deux candidats de droite et d’extrême droite", en référence à Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Et de fustiger le fait que les thématiques liées aux "salaires, l'école, la place de l'hôpital, l'écologie" ne soient "pas traitées" (https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/absolument-non-hidalgo-assure-qu-elle-ne-retirera-pas-sa-candidature-si-taubira-se-presente_AV-202112230125.html).
Merci !