Émeline Rochedy, pour France Bleu Saint-Étienne Loire, France Bleu Isère, et France Bleu, nous montre dans son article du lundi 17 janvier 2021 qu’une nouvelle affaire de pédocriminalité secoue les diocèses de Lyon, Grenoble et Saint-Étienne. Elle concerne le père Louis Ribes, le "Picasso des églises", artiste-peintre mort en 1994 et enterré avec ses parents au cimetière de Grammond (https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2022/01/18/l-histoire-du-picasso-des-eglises-a-commence-a-grammond).
"Plusieurs personnes se sont adressées au diocèse de Lyon, au diocèse de Grenoble-Vienne ainsi qu’au diocèse de Saint-Etienne pour révéler qu’elles ou leurs proches avaient été agressés sexuellement par le père Louis Ribes, décédé en 1994. Nous avons acquis la certitude, en octobre dernier, de la véracité des faits". C'est ainsi que débute un communiqué conjoint des trois diocèses. Un communiqué publié le plus discrètement possible dans la soirée du jeudi 13 janvier. De son côté, l'évêque de Saint-Étienne explique avoir "appris récemment que des personnes ont été agressées dans le diocèse, le père Ribes étant originaire de Grammond, où il revenait régulièrement". Sylvain Bataille exprime sa "profonde compassion et [sa] désolation de découvrir à nouveau qu'un prêtre ait pu commettre ces actes odieux". Louis Ribes a terminé sa carrière à Vienne, en Isère et plus précisément dans le quartier d'Estressin.
Ce dernier né en 1920, est le fils de parents boulangers, installés en face de l’église du village de Grammond. Son père décède d’une pneumonie en 1926, puis sa mère en 1934, alors qu’il a 14 ans. Pris en charge par son oncle, l’abbé Jean Ribes, il est envoyé au séminaire d’Oullins (Rhône), et initié à l’art plastique par ce dernier. Louis Ribes réalise sa première fresque deux ans plus tard dans la communauté monastique de l’abbaye de La Rochette (Savoie). Puis pendant la Seconde Guerre mondiale, il côtoie le milieu artistique lyonnais. En 1947, il devient prêtre par ordination sacerdotale. Il a 27 ans, et consacre l’année scolaire au professorat. Il revient pendant les vacances d’été à Grammond et Pomeys (Rhône), chez des membres de sa famille. Il était déjà très connu dans la région recevant des commandes de tableaux, de vitraux, de chemins de croix de la part de paroisse des diocèses de Grenoble-Vienne (où il est installé dans les années soixante), Lyon et Saint-Étienne, prenant prend le nom d’artiste de RIB, et est surnommé le “Picasso des églises”, car il peignait dans un style très coloré et disons plutôt cubiste. I exposa ses œuvres jusqu'en 1951. Séduits par son style moderne, des prêtres lui commandaient des œuvres. Certaines de ses œuvres sont même classées. Connu dans le village de Grammond, il est respecté. «L’homme d’Église était l’homme de confiance», reconnaît un habitant. Il officie de temps à autre à l’église pendant l’été (https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2022/01/18/l-histoire-du-picasso-des-eglises-a-commence-a-grammond, et https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/pedophilie-au-sein-de-l-eglise-un-appel-aux-victimes-du-pere-louis-ribes-le-picasso-des-eglises-est-lance-par-les-dioceses-de-lyon-grenoble-vienne-et-saint-etienne-2421346.html).
Et c'est ce qui permettait au père Ribes de se retrouver seul avec des enfants puisqu’il discutait avec les chrétiens, et leur proposait de garder leurs enfants pendant les vacances, de les faire poser pour des tableaux, et il aurait commis des actes de pédophilie sur ceux-ci (https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2022/01/18/l-histoire-du-picasso-des-eglises-a-commence-a-grammond). "Il nous faisait poser nus, pour servir de modèles, pour faire des croquis, raconte Annick, une Ligérienne qui a grandi à Pomeys (69), où Louis Ribes a été prêtre. C'était dans sa chambre, où il était logé, sur son lit. Et une fois le dessin terminé, c'était des attouchements (...). C'était de l'art, c'était un artiste connu, en plus. C'était un ami de mes parents qui étaient à mille lieues de se douter de ce qui se passait". Annick a alors 9 ans. Les faits présumés sont prescrits car ils remontent aux années 1970 et 80. L'Église dit en avoir eu connaissance l'été dernier. Plusieurs victimes ont ainsi témoigné auprès de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, la Ciase, qui a rendu son rapport en octobre dernier, à l'image de Luc, qui a confié à l'hebdomadaire Marianne avoir été violé quand il avait 8 ans et il dit dans france3-regions.francetvinfo.fr (https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/pedophilie-dans-l-eglise-l-une-des-victimes-presumees-de-louis-ribes-le-picasso-des-eglises-temoigne-2422354.html) attendre "réparation" et ne plus vouloir "voir les œuvres" de celui que l'on surnomme le "Picasso des églises". Des œuvres, comme le reflet de la souffrance immense de ces victimes.
"Par respect pour les victimes, les œuvres du père Ribes seront déposées et remisées", annoncent les diocèses concernés. C'est ce qui a notamment eu lieu à Pomeys, le chemin de croix qui parcourait l'église a été retiré la semaine dernière. Des œuvres valorisées en 2020, lors des journées du patrimoine et sur une appli lancée tout spécialement par le diocèse de Lyon. Mais pour Annick, l'Église aurait pu se rendre compte de ce qu'il s'était passé bien plus tôt, au moins après sa mort, à la découverte de véritables documents pédopornographiques. "Quand ils ont débarrassé ses affaires, ils ont forcément trouvé des choses. Il y avait des croquis d'enfants nus, des Polaroïd d'enfants nus, parfois dans des positions suggestives. Il y avait nos prénoms dessus ! On se pose des questions quand on trouve des choses comme ça", s'interroge cette habitante des Monts du Lyonnais, estimant qu'il y a pu y avoir une volonté à l'époque de dissimuler l'indicible. Et c'est elle, ces derniers jours qui a partagé sur les réseaux sociaux les communiqués des différents diocèses. "C'est un grand pas que l'Église nous reconnaisse comme victimes. Mais moi j'ai décidé de parler, je veux que ça se sache. Il a tellement été encensé!".
Des cellules d'écoute et d'accueil ont également été mises en place : 04 77 59 30 66, accueil.victimes@diocèse-saintetienne.fr, 04 78 81 48 45 ou signalement@lyon.catholique.fr, et 07 68 77 29 60 ou cellule.ecoute@diocese-grenoble-vienne.fr. Le diocèse de Lyon a par ailleurs indiqué que toutes les œuvres (vitraux ou fresques) de l’artiste-peintre, seraient progressivement enlevées des églises de la région «par respect pour les victimes». Cela concerne une quinzaine d’édifices. Le retrait des vitraux est soumis à l'autorisation des mairies, propriétaires des murs des églises. (https://www.20minutes.fr/societe/3218339-20220117-pedocriminalite-eglise-nouvelle-affaire-eclate-dioceses-lyon-saint-etienne-grenoble, et https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/pedophilie-au-sein-de-l-eglise-un-appel-aux-victimes-du-pere-louis-ribes-le-picasso-des-eglises-est-lance-par-les-dioceses-de-lyon-grenoble-vienne-et-saint-etienne-2421346.html).
Une nouvelle fois, l’Église en France doit faire face à son passé, plus particulièrement envers un homme comme l’abbé Jean Ribes respecté mais qui cachait prêtre pédophile profitant de son statut d’artiste pour abuser d’enfants, sous un certain aveuglement des autorités ecclésiastiques qui ne voulait pas voir les turpitudes d’un de ses membres, du fait d’une réputation qui le rendait intouchable, mais les témoignages des victimes ont pu être confirmés grâce au concours des enquêteurs de la Commission sur les abus sexuels dans l’Église catholique, pour des faits, malheureusement aujourd'hui prescrits, démontrant que la réputation ne fait pas tout et que maintenant personne n’est intouchable dans l’Église.
Merci !