Publié le 31 Décembre 2022
cath.ch (https://www.cath.ch/newsf/benoit-xvi-un-pontificat-entre-conservation-et-revolution/, et https://www.cath.ch/newsf/les-funerailles-de-benoit-xvi-auront-lieu-le-5-janvier/), francetvinfo.fr avec l’AFP (https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/benoit-xvi-le-premier-pape-a-avoir-demissionne-en-six-siecles-est-mort-a-l-age-de-95-ans_5568090.html, et https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/mort-de-benoit-xvi/mort-de-benoit-xvi-comment-vont-se-derouler-les-funerailles-de-l-ancien-pape_5573241.html), huffingtonpost.fr (https://www.huffingtonpost.fr/international/article/mort-de-benoit-xvi-pape-emerite-et-predecesseur-de-francois-a-95-ans_212061.html), lesechos.fr (https://www.lesechos.fr/monde/europe/le-pape-emerite-benoit-xvi-est-mort-a-lage-de-95-ans-1892959), lefigaro.fr (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/benoit-xvi-s-est-eteint-au-vatican-dans-la-discretion-20221231), lemonde.fr (https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2022/12/31/benoit-xvi-premier-pape-emerite-theologien-conservateur-devenu-pontife-malgre-lui_6156178_3382.htm), lepoint.fr (https://www.lepoint.fr/societe/le-pape-emerite-benoit-xvi-est-mort-31-12-2022-2503306_23.php), rtl.fr (https://www.rtl.fr/actu/international/mort-de-benoit-xvi-retour-sur-la-vie-de-joseph-ratzinger-7800704105), tf1info (https://www.tf1info.fr/international/mort-de-benoit-xvi-cardinal-joseph-ratzinger-le-pape-qui-avait-renonce-2243287.html), et vaticannews.va (https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2022-12/le-pape-emerite-benoit-xvi-est-decede.html) nous montrent ce samedi 31 décembre 2022 que discret depuis sa renonciation, il n'était plus "que" pape émérite. Benoît XVI, Joseph Ratzinger de son vrai nom, est mort à l'âge de 95 ans. "J'ai la douleur de vous annoncer qu'il est décédé aujourd'hui à 9h34, au Monastère Mater Ecclesiae, au Vatican", a déclaré le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, samedi 31 décembre, dans un communiqué. "D'autres informations vous seront communiquées dès que possible." Le pape François avait annoncé quelques jours plus tôt que son prédécesseur était "gravement malade".
Né en 1927 en Bavière (Allemagne) dans une famille opposée au nazisme, Joseph Ratzinger est inscrit contre sa volonté aux Jeunesses hitlériennes, avant de refuser d'intégrer la Waffen-SS, en évoquant son désir de devenir prêtre. Affecté à la Wehrmacht, il déserte en apprenant le suicide de Hitler. Ratzinger n'a jamais été nazi, mais il édulcorera longtemps les horreurs du Reich. Il faudra attendre 1993 pour qu'il raconte avoir assisté à l'exécution de juifs hongrois. Après un séjour de six semaines dans un camp de prisonniers de guerre pour désertion, et alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, il commence sa formation de prêtre. Entre 1946 et 1951, Joseph Ratzinger étudie la philosophie et la théologie à Freising, ainsi qu'à l'Université de Munich. À 24 ans, il est ordonné prêtre le 29 juin 1951, en même temps que son frère Georg. Un an plus tard, il est nommé professeur au séminaire de Freising, et passe sa thèse de doctorat en 1953, avant d'entrer à l'université de Munich, où il étudie la théologie et la philosophie. En 1957, il devient maître de conférences à Munich, puis enseignant de dogmatique et de théologie fondamentale à Freising, avant de poursuivre sa carrière d'enseignant à Bonn, à Münster et à Tübingen. Remarqué par son archevêque, le cardinal Joseph Frings, classé parmi les réformateurs, le jeune professeur va bientôt être associé aux travaux du concile Vatican II (1962-1965) en tant que «consulteur théologique». Il y rejoint les dizaines d’experts, tels que Yves Congar, Henri de Lubac, Karl Rahner ou Hans Küng, qui, dans l’ombre des cardinaux, préparent et amendent les textes conciliaires. Dans ce cadre, le jeune prêtre s’attelle au renouveau de la pensée théologique et participe notamment aux réflexions renouvelant les relations de l’Église catholique avec les juifs, l’une des avancées majeures de ce concile. Joseph Ratzinger travaille également à une modernisation et à un assouplissement du Saint-Office, qui deviendra par la suite la Congrégation pour la doctrine de la foi. Tout au long du concile, Joseph Ratzinger va aussi s’atteler à la réforme liturgique envisagée par les pères conciliaires pour moderniser des rites jugés par beaucoup surannés et archaïques. C’est sur ce point particulier que s’est fondée la réputation du professeur Ratzinger : entré dans la peau d’un rénovateur au concile, il en serait sorti conservateur, si l’on en croit ses critiques, émises dès 1966, sur les dérives observées dans la mise en place du «nouveau ritualisme». Dès cette époque, il déplore que la nouvelle liturgie se fasse au détriment d’une certaine «beauté», et parle de «malaise» et de «désenchantement» face aux effets de la réforme conciliaire. Cette position, qu’il défendra par la suite avec constance, le fera passer pour un nostalgique de l’ancienne liturgie, voire pour un proche des traditionalistes, voire des intégristes, critiques intransigeants de Vatican II. Comme eux, il défendra d’ailleurs dans ses Mémoires l’idée selon laquelle «la crise de l’Église repose largement sur la désintégration de la liturgie».
Dans les années postconciliaires, traumatisé par la «révolution marxiste» et la «ferveur athée» qu’il constate chez les étudiants, il renonce à enseigner à l’université de Tübingen. À la fin des années 1960, il s’installe à Ratisbonne, où il rejoint une fois encore le cocon familial, auprès de son frère et de sa sœur. En 1969, il y devient titulaire de la chaire de dogmatique et d'histoire des dogmes à l'université de Ratisbonne, où il assure le poste de vice-président de l'établissement. Il a 50 ans. Reconnu comme l'un des plus grands théologiens en Allemagne, il est nommé à la commission théologique internationale par le pape Paul VI, en 1972. En 1977, il est nommé archevêque de Munich et cardinal-prêtre. Trois mois plus tard, le pape Paul VI le fit cardinal. Il participa ainsi aux conclaves d'août et octobre 1978, lesquels élurent respectivement Albino Luciani (Jean-Paul Ier, qui mourut 33 jours après son élection) et Karol Wojtyła (Jean-Paul II). Le 25 novembre 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et il devient ainsi le strict gardien du dogme de l'Église. Ce "ministère" du Vatican est chargé de s'assurer de la rectitude de la doctrine catholique, ce qui lui permet d'aller jusqu'à l'excommunication si besoin. Il a traqué pendant 24 ans tout ce qu'il jugeait représenter une dérive liturgique ou sociale dans l'Église, ce qui lui avait valu le surnom de "Panzerkardinal" ("cardinal blindé" en français). C’est à ce titre qu’il publiera une «Instruction sur certains aspects de la théologie de la libération» et qu’il condamnera certains de ses théologiens, jugés trop marxistes, comme le Brésilien, Leonardo Boff, à qui il intimera «silence et obéissance». À ce poste, il devient l’un des plus proches conseillers du pape, au point d’incarner bientôt le conservatisme doctrinal du pontificat de Jean Paul II. Nombre de ses adversaires l'accusèrent d'avoir un positionnement très conservateur, voire réactionnaire. En plus de défendre les positions traditionnelles de l'Église sur le célibat des prêtres, l'ordination des femmes, l'avortement ou encore l'homosexualité, Joseph Ratzinger fut aussi critiqué pour ses positions sur l’œcuménisme. En 2000, il affirma la supériorité de l'Église catholique sur les autres Églises chrétiennes dans la déclaration Dominus Iesus, ce qui ne fût pas sans provoquer des reproches. À partir de 1988 et jusqu’à la fin de son pontificat, un autre dossier ne cessera d’occuper le cardinal, devenu Benoît XVI : le schisme intégriste causé par Mgr Lefebvre, en désaccord sur les effets du concile Vatican II en termes d’œcuménisme, de liberté religieuse et de rites. Dès la rupture lefebvriste de 1988, il est chargé de rallier les schismatiques. Ses efforts seront vains. L'œuvre la plus importante est certainement le nouveau Catéchisme de l'Église catholique, un travail qui a duré six ans et qui a vu le jour en 1992. Le 5 avril 1993, il est promu cardinal-évêque. À la mort de Jean Paul II, son statut de doyen des cardinaux lui confère un rôle éminent dans l’organisation de la transition. Il préside la messe d’obsèques et délivre dans son homélie précédant l’élection un résumé de sa pensée : «La petite barque de la pensée chrétienne a été souvent ballottée, jetée d’un extrême à l’autre : du marxisme au libéralisme, jusqu’au libertinisme; du collectivisme à l’individualisme, de l’agnosticisme au syncrétisme. Posséder une foi claire, suivre le credo de l’Église est souvent défini comme du fondamentalisme. L’on est en train d’instaurer une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif.» Quelques semaines avant son élection, il dénonce encore une Église semblable à «une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toutes parts. Les vêtements et le visage de [cette] Eglise nous effraient». Cette conception du monde et de l’Église avait semblé séduire les électeurs du conclave qui, après quatre tours de scrutin, l’avait élu, le 19 avril 2005, 265e pape de l’Histoire, face au cardinal argentin, et futur pape, Jorge Mario Bergoglio. Élu pape en 2005, à l'âge de 78 ans à la suite d'un conclave d'à peine plus de vingt-quatre heures, il confie avoir été incrédule face à cette décision dans son livre Benoît XVI, dernières conversations (Fayard), paru en septembre 2016. En choisissant son nom, le 265e pape s'inscrit dans les pas de Benoit XV, apôtre de la paix connu pour son travail diplomatique lors du tourbillon de la Première Guerre mondiale.
Une fois élu, ce légaliste moins à l'aise avec les foules que son prédécesseur Jean-Paul II - et son successeur, François -, Benoît XVI apparaît comme un pape de transition, mais il ne lâche rien sur le célibat des prêtres ou l'ordination des femmes. Benoît XVI reste tout aussi hostile à une ligne plus souple face aux évolutions sociales, comme l'avortement ou l'euthanasie. En voyage en Afrique, en mars 2009, il choque la communauté médicale mondiale en affirmant que l'utilisation du préservatif est «contre-productive pour la lutte contre le sida». L'excommunication d'une Brésilienne, coupable d'avoir fait avorter sa fille de neuf ans violée par son beau-père, révolte une bonne part de l'opinion publique. Reconnaissance des couples gay, testament biologique, euthanasie, procréation assistée, communion des catholiques divorcés : l'Église de Benoît XVI décline un long rosaire de «non». Benoît XVI écrit sa première encyclique en janvier 2006. Deus caritas est (Dieu est amour) entend redonner au mot amour sa signification profonde et définir le sens de l’engagement caritatif pour un chrétien. Au cours de son pontificat, il publiera deux autres encycliques. En septembre 2006, il déclenche une polémique après un discours semblant lier islam et violence à l'université de Ratisbonne (Allemagne). Il présente ensuite ses regrets au monde musulman. En 2007, un décret libéralise de nouveau la célébration de la messe en latin et en 2009, il lève l’excommunication des quatre évêques ordonnés illégalement par Mgr Lefebvre en 1988. Parmi eux, la présence du négationniste Richard Williamson, soulève une indignation mondiale et complique pour un temps les relations du Vatican avec la communauté juive et Israël, alors que sa visite à Auschwitz en mai 2006 est l'un des moments les plus émouvants de son pontificat, puisque ce jour-là, le pape allemand déclare: «dans un endroit comme celui-ci, les mots manquent, seul un silence stupéfiant peut subsister - un silence qui est un cri intérieur adressé à Dieu: "pourquoi as-tu pu tolérer tout cela ?"». Benoît XVI souhaitait à toute force régler ce schisme pour laisser derrière lui une Église catholique qui aurait retrouvé son «intégrité» et pour rallier les franges les plus extrêmes. Malgré son opiniâtreté, souvent incomprise au sein même de l’Église, il ne parviendra pas à accomplir cette tâche. Le pontificat ne fait guère progresser le dialogue avec les Églises sœurs. L'accueil des plus traditionalistes des prêtres anglicans dans une prélature personnelle, du même type que celle de l'Opus Dei, est ressenti comme un acte de «piraterie» au sein du monde chrétien. Le souverain pontife tente aussi d'éliminer les frasques dans une Église qu'il souhaite moins mondaine, un objectif repris par son successeur François. Lors de son dernier voyage en Allemagne en septembre 2011, il appelait alors l'Église à être moins mondaine : «Les exemples historiques montrent que le témoignage missionnaire d'une Église "démondanisée" émerge plus clairement. Libérée des charges et des privilèges matériels et politiques, l'Église peut mieux se consacrer, et de manière vraiment chrétienne, au monde entier. Elle peut être réellement ouverte au monde… ». Mais ce mélomane timide, loué pour sa gentillesse en petit comité, ne s'impose pas auprès de l'opinion publique comme le charismatique Jean-Paul II ou François. Manquant d'une poigne de fer, trop confiant dans son entourage, il ne parvient pas à réformer la Curie (l'ensemble des administrations du Saint-Siège), enlisée dans la paralysie, malgré de nouvelles nominations de cardinaux plus jeunes à la tête de plusieurs «ministères», malgré la création – timide – de cardinaux venus de tous les continents. Il mène également une importante réforme, dans le domaine économique, avec la mise en place d’une réglementation contre le blanchiment au Vatican.. Par ailleurs, il a également perçu l’urgence de développer la diplomatie vaticane dans le monde, en particulier en Asie. En huit ans de pontificat, son action a été particulièrement sensible dans ce continent. Il s’y est attaché aussi bien à préserver l’unité de la communauté catholique qu’à défendre la liberté religieuse. Le 16 avril 2008, il est aux États unis, célèbre son 81e anniversaire à la Maison Blanche en compagnie du président George Bush Jr, et quelques jours plus tard, le 20 avril, il prie à Ground Zero avec les familles des victimes du 11 septembre 2001.
L'ancien proche collaborateur de Jean-Paul II est vite confronté à la plus grave crise de l'Église contemporaine : les révélations en cascade d'agressions sexuelles commises sur des enfants par des membres du clergé, aggravées par l'omerta de la hiérarchie catholique. "La plus grande persécution de l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs mais naît du péché de l'Église", affirme Benoît XVI en 2010. Il demande "pardon" et prône la tolérance zéro. Benoît XVI est le premier pape à avoir agi contre la pédocriminalité dans l'Église, notamment en la condamnant fermement, en acceptant des démissions d'évêques et demandant pardon aux victimes. Toutefois, beaucoup lui reprochent de ne pas être allé assez loin. Néanmoins, de nouveaux cas de pédocriminalité ne cessent d'émerger. Près de neuf ans après son départ, un rapport indépendant accuse même Benoit XVI d'inaction face à des agressions sexuelles envers des mineurs dans l'archevêché de Munich et de Freising, ce qu'il rejette "strictement". "Sur la question des agressions sexuelles, il n'a pas résolu les problèmes, mais a indiqué des voies correctes pour les affronter", estime Federico Lombardi, ancien porte-parole du Vatican. D'autres crises ternissent son pontificat. En 2012, le pape allemand doit faire face aux "Vatileaks", un scandale de fuites de documents confidentiels qui évoquent l'existence d'un réseau de corruption et de favoritisme entre le Vatican et ses partenaires italiens. "Des insinuations ont été diffusées par certains médias, totalement gratuites, qui sont allées bien au-delà des faits, offrant une image du Saint-Siège qui ne correspond pas à la réalité", réagit Benoit XVI, lors d'une audience générale. Et Benoît XVI a développé tout au long de son pontificat, comme il l’avait fait auparavant dans ses écrits et ses discours, une vision inquiète, pour ne pas dire pessimiste, de l’Église, du monde et de son devenir. Il en a décrit la noirceur et est revenu de manière obsessionnelle sur les maux qui, selon lui, menacent les sociétés humaines et les détournent de toute transcendance : relativisme, syncrétisme, matérialisme, individualisme, agnosticisme… Avocat de l’alliance entre la foi et la raison, il a plaidé pour que le christianisme ait une voix dans l’espace public, exhortant les croyants à jouer un rôle dans les débats actuels. À l’appui de cette préoccupation, Benoît XVI a manifesté une réelle inquiétude face à la déchristianisation de la «vieille» Europe. Il s’est fait l’avocat de la rechristianisation et n’a eu de cesse de mettre en garde contre la perte des racines et des valeurs chrétiennes des sociétés occidentales; chargeant le noyau dur de croyants, minoritaires, de participer à un «nouvel élan missionnaire». Signe de l’importance qu’il accordait à ce combat, Benoît XVI a créé un conseil pontifical – une démarche rare – consacrée à la «nouvelle évangélisation». Enfin, lors des célébrations marquant le cinquantième anniversaire de ce concile, en octobre 2012, Benoît XVI avait souhaité que les catholiques «reviennent pour ainsi dire à la lettre du concile », dont les documents « protègent des excès, d’une nostalgie anachronique ou de courses en avant».
Celui qui a succédé à Jean-Paul II en 2005 a marqué l'histoire de l'Église catholique en décidant de renoncer à sa charge le 11 février 2013, huit ans après son élection, pour des raisons de santé. Un geste inédit en six siècles, le précédent pape ayant renoncé étant Grégoire XII, en 1415. Depuis sa renonciation, l'ancien pape vivait discrètement, retiré dans un monastère au Vatican en compagnie de religieuses et de son secrétaire personnel, Georg Gänswein. Affaibli, en chaise roulante, s'exprimant difficilement mais toujours lucide selon son entourage, Joseph Ratzinger continuait de recevoir des visites. Dans Benoit XVI, dernières conversations, interrogé par le journaliste allemand Peter Seewald sur la possibilité qu'un pape ait peur de la mort, l'intéressé répond "oui", en tout cas "dans une certaine mesure". "Il y a d'abord la crainte d'être une charge pour autrui en raison d'une longue période d'invalidité, explique-t-il. Ensuite, bien que je pense en toute confiance que Dieu ne me rejettera pas, plus on s'approche de Lui, plus on ressent avec force tout ce que l'on n'a bien fait. D'où le poids de la faute qui vous oppresse, même si la confiance de fond est toujours présente, évidemment." En mai 2017, il sortit de sa réserve pour soutenir le cardinal Sarah sur le dossier de la liturgie qui lui tenait particulièrement à cœur. En 2019, six ans après son retrait, il publie dans la revue bavaroise Klerusblatt et dans le quotidien italien Corriere della Sera un document sur L’Église et le scandale des abus sexuels, dans lequel il rejette principalement la faute sur le climat de «permissivité» lié à la libération sexuelle des années 1960. Il s'était retrouvé mêlé en février 2020 à une controverse au Vatican, lorsque son secrétaire particulier a été écarté de l'entourage du pape François. Cette mise à l'écart a fait suite à la sortie très controversée d'un livre cosigné par le pape émérite et le cardinal guinéen ultraconservateur Robert Sarah, défendant avec force le célibat des prêtres, thème brûlant de l'Église. Le livre est apparu pour certains comme une immixtion dans le pontificat du pape François, et pour d'autres comme un coup de semonce provenant de la frange traditionaliste de l'Église. Au bout de 48 heures de remous, Benoît XVI avait demandé que son nom soit retiré de la couverture du livre, ainsi que de l'introduction et de la conclusion cosignées. Et en mai 2020, dans un ouvrage intitulé Benoît XVI – Une vie, une biographie autorisée, il se disait victime d'une «déformation malveillante de la réalité», comparait le mariage homosexuel à l'«Antéchrist» et dénonçait les «idéologies humanistes». En avril 2022, juste avant le 95e anniversaire de Joseph Ratzinger, son secrétaire particulier, Georg Gänswein, expliquait par exemple qu'il était « physiquement faible » et que « son esprit fonctionn(ait) encore parfaitement bien». Il ajoutait que Benoît XVI poursuivait sa vie à un rythme «méthodique», même si «ses mouvements (étaient) lents» et qu'il devait «se reposer davantage». Mis à part un zona qui l'avait affecté lors de l'été 2020, Benoît XVI s'est effectivement consumé de vieillesse, et non d'une pathologie forte qui l'aurait usé, puis emporté.
Son corps sera exposé à partir de lundi matin dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de le saluer. "Tous les fidèles pourront accéder aux funérailles de Benoît XVI" et "aucune distribution de billets n'est prévue", rapporte sur Twitter le correspondant de La Croix à Rome. Les funérailles du pape Benoît XVI auront lieu le 5 janvier 2023 à 9h30 place Saint-Pierre, a indiqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Matteo Bruni, le 31 décembre 2022. Le pape François présidera les obsèques du pontife émérite, et non le doyen du collège des cardinaux, alimentant une dernière fois la saga des "deux papes" ayant cohabité durant presque une décennie. La cérémonie sera "solennelle mais sobre" – une simplicité qu'avait souhaité le pape émérite, a précisé Matteo Bruni, le directeur du service de presse du Saint-Siège. En dépit de cette volonté de simplicité, il est probable que "le rite prévu pour les obsèques des papes sera respecté, étant donné que Ratzinger fut pape", estime l'expert en liturgie Claudio Magnoli, interrogé par l'AFP. Benoît XVI n'étant plus en exercice, seules l'Allemagne (son pays d'origine) et l'Italie sont officiellement invitées aux funérailles, détaille La Croix (article payant). "Les dirigeants des autres pays du monde seront les bienvenus, mais leur statut sera différent", précise le quotidien, alors que sont invités tous les chefs d'Etat et de gouvernement pour les obsèques d'un pape en exercice. Bien que sa popularité n'ait jamais atteint celle de Jean-Paul II, Benoît XVI est un ancien chef d'État et son enterrement devrait tout de même attirer une foule de dirigeants et des dizaines de milliers de fidèles. À l'issue des funérailles, le cercueil de Benoît XVI sera "porté dans la basilique Saint-Pierre puis dans les grottes du Vatican [qui abritent les tombes papales] pour y être enterré", a précisé le service de presse du Saint-Siège dans un communiqué. Le biographe officiel de l'ancien pape, le journaliste allemand Peter Seewald, avait révélé en 2020 que Benoît XVI souhaitait être inhumé dans la tombe de Jean-Paul II, vide depuis le transfert de son cercueil dans une chapelle latérale lors de sa béatification en 2011. D'après le protocole décrit par La Croix, le corps du pape défunt est normalement placé dans trois cercueils imbriqués (de plomb, de chêne ou d'orme, et de cyprès). "Des médailles frappées pendant le pontificat et une brève biographie du pape avec les éléments représentatifs de son pontificat" sont aussi déposées avec le corps.
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