Publié le 31 Décembre 2024
En cette année finissante, il est bon que durant cette prochaine année, l’Église se déleste de ses options réactionnaires, car comme l’a si clairement dit Pier Paolo Pasolini dans Écrits corsaires : «si les fautes de l'Église ont été nombreuses et graves dans sa longue histoire de pouvoir, la plus grave de toutes serait d'accepter passivement d'être liquidée par un pouvoir qui se moque de l'Évangile. Dans une perspective radicale, peut-être utopiste ou, c'est le moment de le dire, millénariste, ce que l'Église devrait faire pour éviter une fin sans gloire est donc bien claire : elle devrait passer à l'opposition et, pour passer à l'opposition, se nier elle-même. Elle devrait passer à l'opposition contre un pouvoir qui l'a si cyniquement abandonnée en envisageant sans gêne de la réduire à du pure folklore. Elle devrait se nier elle-même, pour reconquérir les fidèles (ou ceux qui ont un "nouveau" besoin de foi) qui l'ont abandonnée à cause justement de ce qu'elle est.»
C’est pour cela qu’elle doit choisir son camp aux côtés des pauvres, des opprimés, des marginaux et des exclus afin de se débarrasser de son image d’institution, jugée trop ostentatoire, et trop éloignée des plus pauvres. Elle doit faire un retour aux textes, à la parole originelle, celle de l’Évangile, qui donnera une religion tournée vers les humbles et les innocents. L’Église pourrait jouer un rôle d’opposition. Le refus a toujours été un geste essentiel dans celle-ci. Les saints, les ermites, mais aussi les intellectuels, les rares qui ont fait l’histoire sont ceux qui ont dit non. L’Église doit maintenant dire non à la destruction anthropologique et écologique produite par le capitalisme, et appeler de ses vœux un «capitalisme spirituel» et oser dénoncer publiquement les injustices sociales. Elle doit aussi jouer un rôle essentiel dans la lutte pour la démocratie et oser dénoncer les nouveaux totalitarismes. L’Église est une institution qui doit se mettre au service de l’émancipation des peuples exploités contre ceux qui enlèvent le pain aux pauvres et la paix aux poètes, elle doit rompre avec l’Église servile envers les puissants et laver l’Évangile de toute compromission.
L’Église doit donc revenir à la portée égalitaire et subversive du fondateur du christianisme, celle de Jésus qui a toujours refusé de compromettre son idéal, celui d’être proche de tous, sans être dans la certitude, et d’inciter à chercher les meilleurs chemins, guidé par l'Évangile, mais sans esprit de prosélytisme. Elle doit redevenir la communauté fraternelle voulue par Jésus fondée des hommes et des femmes, messagers de la Parole. À l‘intérieur de l’Église, il faut dénoncer la marginalisation, le rabaissement de la femme, et le mépris des laïcs. Enfin, L'Église doit entendre d'autres voix, devenir plus humble et ne plus avoir peur.
Merci et bonne année.