Benoit XVI et la musique sacrée

Publié le 3 Juin 2011

Le Vatican a publié le mardi 31 mai 2011 un message du Pape à l’Institut pontifical de Musique Sacrée qui fête ses 100 ans d’existence. Un message sous la forme d’une lettre au cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique et donc grand Chancelier de l'Institut. L’Institut pontifical de Musique Sacrée a été fondé par le Pape Pie X, qui souhaitait favoriser le retour à la grande tradition de l’Église contre l’influence exercée par la musique profane. Pas étonnant venant de ce pape qui condamna le modernisme qui aurait pu aider l’Église à entrer dans le mode moderne.

 

Benoît XVI, qui aime la musique liturgique, s’était rendu dans les locaux de l’Institut en 2007. Dans ce message, lu le 26 mai dernier à l’ouverture d’un congrès organisé à l’occasion du centenaire, le Pape rappelle que la musique sacrée a pour but de rendre gloire à Dieu et de sanctifier les fidèles et qu’elle doit donc répondre à un certain nombre de critères : le sens de la prière, de la dignité et de la beauté ; l’adhésion totale aux textes et aux gestes liturgiques; la participation de l’assemblée et la prise en compte à la fois des cultures locales et du caractère universel du message chrétien. C’est ce que la réforme liturgique fit, elle qui a aboutie au nouvel ordre de la messe en 1969. Là où la liturgie est vivante, elle est naturellement créatrice. Cette force créatrice ne peut être le monopole exclusif des organismes d'autorité: elle agit aussi dans tout le peuple chrétien célébrant une liturgie, où se manifeste tout son dynamisme.

 

Le chant grégorien modèle suprême de la musique sacrée, la polyphonie, la schola cantorum, ont été considérées à tort comme des expressions du passé, accusées de limiter la liberté et la créativité des individus et des communautés, selon Benoit XVI. Cependant, historiquement, le répertoire grégorien n'a jamais été le chant universel de l'Église romaine. Sa pratique a toujours été limitée aux communautés monastiques, et à quelques communautés ecclésiales. Seuls les chants de l'ordinaire peuvent prétendre avoir eu une expansion plus générale.

 

Mais le sujet authentique de la liturgie n’est ni l’individu ni le groupe – souligne le Pape – c’est l’Église, avec son histoire, sa riche tradition et sa créativité. Et Benoît XVI réaffirme que la Liturgie comme la musique sacrée vivent du rapport correct et constant entre la saine tradition et le progrès légitime. Le Pape assure les membres de l’Institut de sa sollicitude constante et de ses prières.

 

Benoit XVI ne dit pas que la musique sacrée est vaste. Elle peut être classique comme les Passions de Jean-Sébastien Bach ou les Messes d’Amadeus Mozart, ou issue de la culture noire américaine ou du jazz, comme dans le Gospel ou le Negro Spiritual. Il existe d’autres formes de musiques sacrées, notamment dans la musique africaine, sud-américaine, indienne, etc.

 

Piero Marini, fut l'incontournable maître des cérémonies pontificales, celui que l'on voit à côté du pape à toutes les célébrations liturgiques, depuis 1987, avait bien décrit que l’Église devait accepter que la musique sacrée se modernise en disant : «Mais elle ne peut pas résister !», avant de rappeler que le propre de la liturgie catholique est de faire mémoire du passé (l’anamnèse) pour aujourd’hui. Selon lui, il s’agit d’articuler la pérennité de l’esprit de la liturgie et l’évolution des formes, de lier le passé et le présent. «Tel est bien ce qui s’est passé avec la réforme liturgique de Vatican II» nous dit-il. «Elle a débouché, de fait, sur une internationalisation du rite romain.» Il n’avait pas la nostalgie de l’ancienne messe, et de son exaltation du célébrant au détriment du peuple de Dieu; il déplorait et à raison la coupure trop marquée entre le prêtre et l’assemblée.

 

Mgr Piero Marini répondait que les lignes de son travail étaient au nombre de deux: "un travail de toilettage de la liturgie pour la débarrasser de toutes les scories accumulées durant les siècles passés", et "un travail d'inculturation". Mgr Marini critique ainsi à demi-mot, chez de jeunes prêtres, «un certain esthétisme qui pourrait priver leur formation d'un contenu plus sérieux. Ce retour aux dentelles, aux guipures, et à toutes les manières qui conduisirent au drame du clergé du XVIIIe siècle, me fait un peu peur: ce n'est pas de la liturgie.» Car le cœur de la liturgie, insiste le cérémoniaire, «c'est l'amour». Et il continue: «Maintenir le patrimoine que nous avons connu, oui; retourner au passé, non ! L'Église n'est pas l'Église d'hier. Et, même si c'est toujours la même Église, ce n'est pas l'Église du concile de Trente, c'est l'Église d'aujourd'hui.»


En octobre 2003, il avait intégré lors de la messe de canonisation de trois missionnaires, des danses africaines et indiennes. Il démontra ainsi que la musique sacrée sait s’adapter à son époque et n’a pas besoin de revenir en arrière.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Liturgie

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