Chez Martin Luther, le pape dénonce un christianisme nouveau

Publié le 23 Septembre 2011

Lors d'une visite au monastère allemand où vécut Martin Luther, père de la Réforme, Benoît XVI a déclaré vendredi que catholiques et protestants étaient pareillement confrontés aux défis posés par "une forme nouvelle de christianisme". Le pape n'a pas précisé quelle était cette menace mais il semblait à l'évidence faire allusion aux églises évangéliques et pentecôtistes dont le rapide développement, notamment dans les pays émergents, repose en partie sur la conversion de fidèles catholiques ou protestants. Benoît XVI a aussi lancé un appel à l'unité entre catholiques et protestants, dont le schisme remonte au XVIe siècle avec la parution en 1517 des "95 Thèses" de Martin Luther, qui fut moine catholique à Erfurt.

 

Le pape avait débuté sa journée à Berlin par une rencontre avec des représentants des quatre millions de musulmans d'Allemagne. A cette occasion, le souverain pontife a estimé que la Constitution allemande était assez solide pour s'adapter à une société multiculturelle et accueillir de nouvelles religions.

 

Benoît XVI a estimé que les communautés devaient se mettre d'accord sur des principes fondamentaux. "Ce cadre commun de référence passe par la Constitution, dont le contenu juridique doit être respecté par chaque citoyen, qu'il appartienne ou non à une communauté religieuse", a-t-il dit.

 

Tout en saluant les déclarations de Benoît XVI, qui confortent à leurs yeux la place de l'islam dans la société allemande, les responsables musulmans ont assuré que leur loyauté à la Constitution n'avait jamais été remise en cause. Cinq ans après le discours controversé du pape à Ratisbonne, qui semblait établir un lien entre islam et violence, les dirigeants religieux ont noté un changement dans les propos du souverain pontife.

 

"J'ai l'impression que le pape veut ouvrir une nouvelle ère de dialogue avec les musulmans", a dit à la presse Aiman Mazyek, président du Conseil central des musulmans (CCM). Benoit XVI s’est montré ici très diplomate et a montré que l’Église n’est pas prête à donner vie à des préjugés xénophobes.

 

La visite pontificale dans cette ville d'Allemagne marquée par le protestantisme s'est déroulée dans une relative indifférence mais environ 90 000 catholiques, soit 40 000 de plus que prévu, ont ensuite assisté à des vêpres dans la ville voisine d'Etzelsbach. Benoît XVI a par ailleurs créé la surprise avec une rencontre impromptue avec des victimes d'actes de pédophilie de la part de prêtres. Il a exprimé sa profonde compassion et ses regrets pour ce qui leur a été infligé, à eux et à leurs familles, a précisé le Vatican.

 

Dans un communiqué, le Vatican écrit que le pape a été "profondément bouleversé par les souffrances des victimes" et il leur a garanti que l'Eglise était "engagée dans la promotion de mesures effectives pour la protection des enfants et des jeunes personnes". Espérons-le, car le Vatican a fait beaucoup de promesses et souvent non tenues.

 

Comme prévu, le pape a tempéré les attentes de ceux qui espéraient des gestes spectaculaires. Au deuxième jour de son troisième déplacement pontifical dans son pays natal, Benoît XVI a déclaré à ses hôtes luthériens: "Confrontés à une forme nouvelle de christianisme, qui se répand avec un dynamisme missionnaire irrésistible, de manière parfois effrayante, les cultes chrétiens traditionnels semblent souvent perdus.

"C'est une forme de christianisme sans grande profondeur institutionnelle, sans grande rationalité et encore moins de contenu dogmatique, et sans grande stabilité. Ce phénomène mondial nous pose à tous une question: que nous dit cette nouvelle forme de christianisme, en bien et en mal?" Mais Benoit XVI a-t-il oublié qu’il favorise un mouvement de ce type au sein de l’Église catholique ? Le renouveau charismatique.

 

Geoff Tunnicliffe, secrétaire général de l'Alliance évangélique mondiale, a déclaré à Reuters que son organisation avait récemment publié un code de conduite pour ses œuvres missionnaires avec le Vatican et le Conseil œcuménique des Eglises.

 

Tout en insistant sur l'unité chrétienne, Benoît XVI a refusé d'assouplir les règles interdisant l'eucharistie catholique aux protestants. Il a assuré qu'il y avait eu "un malentendu politique" et qu'il n'avait jamais eu l'intention de venir avec un tel "cadeau œcuménique". L’unité oui, mais celle de Rome, pas celle que veulent les autres.

 

Réagissant à ces déclarations, le président du conseil de l'Église protestante allemande (EKD), Nikolaus Schneider, a exhorté le souverain pontife à adopter de "réelles mesures de réconciliation" avant le 500e anniversaire de la Réforme qui sera célébré en 2017.

 

Luther est "comme une charnière entre nos deux Eglises parce qu'il appartient aux deux", a-t-il déclaré. "Il est temps de cicatriser nos blessures mutuelles de la période de la Réforme et de l'histoire de nos Eglises qui s'en est suivie." Un bon discours où il a loué la passion de Martin Luther. Mais pour cicatriser les blessures, il faudra faire un geste beaucoup plus significatif.

 

Fille d'un pasteur luthérien, la chancelière allemande Angela Merkel a assisté à cette cérémonie entrecoupée d'interludes de musique sacrée, avec notamment des œuvres de Jean-Sébastien Bach. Le président Christian Wulff, catholique, avait aussi fait le déplacement dans la capitale de la Thuringe.

 

Depuis son élection, le pape a envoyé des signaux contradictoires sur ce sujet qu'il connaît bien car son pays natal compte presque autant de protestants, essentiellement luthériens, que de catholiques.

 

A Etzelsbach, près de l'ancien Rideau de fer séparant jadis l'Allemagne de l'Est de l'Allemagne de l'Ouest, Benoît XVI a salué les catholiques ayant réussi à conserver leur foi malgré la pression de "deux dictatures impies", le nazisme et le communisme.

 

Le pape doit célébrer une messe en plein air samedi dans le centre d'Erfurt, ville de l'ancienne RDA.

 

Ce deuxième jour est entrecoupé de geste et de non geste, Benoit XVI n’a fait aucune avancée œcuménique, le refus de permettre l’eucharistie catholique aux protestants y est pour beaucoup, mais dans le dialogue interreligieux, c’est une avancée.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Eglise

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