Espagne : la réforme du travail divise les évêques

Publié le 8 Mars 2012

Dans la Matinale chrétienne de La Vie – site chrétien d’actualité du 7 mars 2012 nous voyons que l'affaire a commencé avec la réforme portée par le nouveau chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (PP - conservateur). Une réforme applaudie par Bruxelles et qui modifie en profondeur le droit du travail espagnol : facilitation des procédures de licenciement, indemnités de licenciement revues à la baisse, modulation au gré du chef d'entreprise des horaires de travail, simplification des procédures permettant le chômage technique, possibilité pour les entreprises de se dérober aux conventions collectives via des accords négociés en interne. En contrepartie, certains travailleurs pourront cumuler un salaire et une partie des indemnités de chômage. Une loi tout à fait irrespectueuse des travailleurs qui ne mérite que le mépris.

 

Cette réforme a inspiré à deux organisations catholiques, la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) et la HOAC (Fraternité ouvrière d'action catholique) un texte conjoint, dans lequel elles fustigent "une réforme bâtie sur le travail précaire et l'appauvrissement des familles de travailleurs" qui "rompt le faible équilibre historiquement acquis entre le capital et le travail" et "limite la capacité du droit du travail à endiguer la commercialisation croissante et la marchandisation du travail humain". Se basant sur la doctrine sociale de l'Eglise, et en particulier sur l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI, la déclaration des deux organisations invite en conclusion les chrétiens à "à participer aux initiatives et manifestations proposées par les organisations religieuses, sociales et syndicales et à aider à renverser cette situation si préjudiciable aux personnes qui travaillent et leurs familles". Une bonne mise au point face au manque de respect envers les travailleurs espagnols.

 

Envoyée par la pastorale du travail de l'archidiocèse de Madrid à toutes les paroisses, cette déclaration s'est vu opposer un démenti cinglant du vicaire épiscopal quelques heures plus tard, au nom du très conservateur archevêque de Madrid, le cardinal Rouco Varela : "Notre diocèse se reconnaît pas dans le contenu de ce document et n'en est pas responsable, compte tenu de sa diffusion abusive". Le démenti enjoint aux vicaires de faire connaître cette mise au point "le plus rapidement possible" à toutes les paroisses. Le cardinal Rouco Varela est fidèle à lui-même sans une aucune compassion pour ceux qui souffrent de cette loi, trop occupé à retrouver la grandeur d’une Église qui s’était vendue à Franco.

 

Mais cette prise de position lapidaire de Mgr Rouco Varela ne fait pas l'unanimité. Déjà, avant cette affaire, l'archevêque de Burgos, Mgr Gil Hellin, avait émis des réserves sur la réforme gouvernementale dans des termes très proches de ceux de la JOC et de la HOAC : "Une société où le droit au travail est annulé ou nié systématiquement et où les mesures de politique économique ne permettent pas aux travailleurs d'atteindre des niveaux satisfaisants d'emploi ne peut pas avoir de légitimité éthique, ou tout simplement de paix sociale". Quant à l'archevêque de Barcelone, Mgr Lluis Martinez Sistach, il a marqué nettement sa différence avec le cardinal Rouco Varela, expliquant sur les ondes de Radio Catalunya que ce dernier avait désavoué le texte de la JOC "en tant qu'évêque et non en tant que président de la conférence épiscopale" et que, si chaque diocèse peut avoir son interprétation des choses, "nous nous devons d'accepter les principes que défendent l'HOAC et la JOC".

 

Les évêques espagnols ont su soutenir la JOC et l’HOAC au dépend du cardinal Rouco Varela, qui ne s’est pas montré digne de son rôle d’évêque en s’opposant à la déclaration des deux organisations.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Eglise

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