L'indignation mondiale a commencé

Publié le 15 Octobre 2011

De Madrid à New York en passant par Rome et Francfort, comme dans plusieurs centaines d’autres villes à travers le monde, des milliers d’«indignés» ont manifesté samedi 15 octobre contre la précarité et le pouvoir de la finance pour la première journée planétaire de ce mouvement né en Espagne au printemps.

 

Sous les slogans "Peuples du monde, levez-vous" ou "Descends dans la rue, crée un nouveau monde", les "indignés" avaient appelé à manifester dans 951 villes de 82 pays, selon le site 15october.net, contre la précarité liée à la crise et le pouvoir de la finance. Pour en faire une «journée symbolique», ils avaient ciblé des hauts lieux de la finance comme le quartier des affaires de New York, la City de Londres ou la Banque centrale européenne à Francfort.

 

A Rome, des incidents ont éclaté dès le début du cortège. Des éléments incontrôlés, masqués de foulards noirs, ont envahi un hôtel de luxe, fracassé les vitrines de banques et mis le feu à une annexe du ministère de la Défense. Plusieurs voitures ont été incendiées. En fin de journée, la place historique de la basilique Saint-Jean de Latran était transformée en champ de bataille. La police a chargé des centaines de jeunes qui lançaient fumigènes, cocktails Molotov et bouteilles contre les forces de l'ordre, tandis que les manifestants pacifiques quittaient les bras en l'air pour ne pas être confondus avec les casseurs.

 

A Londres, où des heurts mineurs avec la police se sont produits à la mi-journée, 800 "indignés" se sont rassemblés dans la City et ont reçu le renfort inopiné du fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

 

Cinq mois après l'apparition du mouvement, le 15 mai à Madrid, les "indignés" ou d'autres groupes comme "Occupy Wall Street" ont ciblé tout particulièrement de hauts lieux de la finance mondiale, comme le quartier des affaires de New York, la City de Londres ou la BCE à Francfort, devant laquelle 5 000 à 6 000 personnes se sont rassemblées, aux cris de "ne bradons pas notre avenir à la BCE".

 

"D'Amérique jusqu'en Asie, d'Afrique à l'Europe, les peuples se lèvent pour revendiquer leurs droits et réclamer une vraie démocratie", affirme le manifeste du 15 octobre. "Les puissances travaillent pour le bénéfice de quelques uns, ignorant la volonté de la grande majorité. Cette situation intolérable doit cesser", proclame encore le texte.

 

A Madrid, des dizaines de milliers de personnes sont parties des quartiers périphériques pour refaire le chemin jusqu'à la Puerta del Sol, la place emblématique qu'ils avaient occupée pendant un mois au printemps.

"Le problème, c'est la crise, révolte-toi", proclamait une grande banderole en tête de la marche partie de Leganes, une banlieue populaire à une quinzaine de kilomètres au sud de Madrid. Une autre portait l'un des mots d'ordre favoris des "indignés" espagnols : "Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir".

 

A New York, où le mouvement "Occupy Wall Street", qui s'est nourri aux Etats-Unis du chômage des jeunes et de l'accroissement des inégalités, et occupe un parc depuis le 17 septembre, des milliers de personnes ont manifesté dans le calme dans le quartier de la finance, escortés par une forte présence policière.

 

L'extension du mouvement "démontre qu'il s'agit d'une question qui ne concerne pas seulement l'Espagne mais le monde entier car la crise est mondiale, les marchés agissent à l'échelle globale", soulignait Jon Aguirre Such, un porte-parole des "indignés" en Espagne.

 

En Europe, les "indignés" sont descendus dans les rues un peu partout. A Lisbonne, quelque 50 000 personnes de tous âges, ont défilé aux cris de "FMI dehors", rangées derrière une banderole proclamant "Stop troïka", en référence aux créanciers du Portugal (Union européenne, Banque centrale européenne et Fond monétaire international). Des défilés étaient organisés dans neuf villes du pays à l'appel d'une quarantaine de mouvements citoyens et, d'après les médias locaux, la mobilisation était également importante à Porto (nord). D'après les organisateurs de ces manifestations, le nouveau tour de vis budgétaire annoncé cette semaine par le Premier ministre Pedro Passos Coelho est venu "réaffirmer la nécessité de protester et de s'indigner".

 

Aux Pays-Bas, un millier de manifestants se sont rassemblés à La Haye, autant sur la place de la Bourse à Amsterdam, et un millier encore sur la Paradeplatz à Zurich, place emblématique de la finance suisse, tandis que Paris a rassemblé plusieurs centaines d'"indignés" qui se sont rejoint place de l'hôtel de ville à Paris pour une assemblée populaire pour répondre à l'appel international sous le mot d'ordre "Tous ensemble pour un changement mondial !", a constaté une journaliste de l'AFP. "Nous sommes indignés, indignés, indignés !", ont chanté avec énergie les manifestants, convergeant vers la place de l'hôtel de ville en milieu d'après-midi. "Paris, Paris, soulève toi !", ont-ils scandé devant les badauds et touristes. Ces "indignés" s'étaient auparavant retrouvés dans différentes gares et points de rencontre parisiens avant d'affluer dans le centre de Paris. Après l'assemblée populaire, une soirée festive était prévue place de l'hôtel de ville à Paris.

 

En Allemagne, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort. Ils sont "près de 6.000", selon l'organisation altermondialiste Attac, 5.000 selon la police, sur la place qui fait face à l'institut monétaire européen et sur laquelle se dresse un grand sigle de l'euro bleu et jaune. Jeunes, retraités, familles avec enfants dans les poussettes, sont venus brandir, sous un ciel bleu immaculé et un grand soleil d'automne, drapeaux et ballons. Sur les pancartes on pouvait lire "Ne bradons pas la démocratie à la BCE" ou encore "Brisons la dictature du capitalisme".

 

Au Canada, plus de 300 "indignés" étaient réunis samedi midi au Square Victoria, en plein centre-ville de Montréal où une dizaine de tentes étaient plantées, pour répondre à l'appel mondial contre la précarité, a constaté une journaliste de l'AFP. Arborant le célèbre masque blanc des indignés ou juste une pancarte, les manifestants de tous âges discutaient essentiellement des banques, du manque d'argent et de l'avenir. A Paris comme à Madrid, New York mais aussi à Toronto, les "indignés" se sont "unis pour exister", comme l'indique une pancarte à Montréal. Au Canada, des manifestations sont prévues dans plusieurs villes, dont Vancouver et Toronto.

 

En Australie, décalage horaire oblige, les premiers rassemblements de la journée ont eu lieu en Australie, à Sydney, où 300 personnes se sont rassemblées pour dénoncer la "cupidité" des multinationales et des banques.

 

Au Japon, à Tokyo, où la crise nucléaire reste au coeur des préoccupations, 200 personnes ont participé au mouvement mondial. Les manifestants ont défilé devant le siège de l'électricien TEPCO, l'opérateur de la centrale de Fukushima Dai-ichi, site d'un grave accident nucléaire après le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, en scandant des slogans hostiles au nucléaire.

 

Aux Philippines, à Manille, une centaine de membres de plusieurs groupes réunis sous la bannière de l'alliance d'extrême gauche Bayan ont défilé samedi matin jusqu'à l'ambassade américaine pour exprimer leur soutien au mouvement Occupy Wall Street aux Etats-Unis et dénoncer l'"impérialisme américain".

 

En Corée du Sud, les militants espéraient réunir un millier de personnes dans le quartier financier Yoeuido au coeur de Séoul et devant la mairie de la capitale.

 

Tandis que l’Italien Mario Draghi, futur président de la banque centrale européenne, déclarait comprendre les indignés aux journalistes italiens en marge de la réunion du G20 à Paris, les ministres des finances des pays du G20, réunis à Paris, se disaient prêts à aider l'Europe à endiguer la crise de la dette mais à condition qu'elle prenne ses problèmes à bras le corps.

 

Ce mouvement est une bouffée d’air frais qui rend honneur au monde, car il dit aux hommes politiques et au monde de la finance que ce n’est pas eux qui décident, mais le peuple.

 

Merci !

 

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités

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