Le Dies Irae, une vision dépassée de l'Église

Publié le 27 Avril 2011

Lors du Mercredi saint, le 20 avril 2011, Benoît XVI a cité le "Dies irae", ce chant qui a été subitement effacé de la liturgie parce qu'il était imprégné de terreur, et ce n’est pas quelques paragraphes qui montre des traits d'une soit disant tendresse touchante qui changent la donne, comme lorsqu'il dit :

Quaerens me, sedisti lassus,

redemisti Crucem passus:

tantus labor non sit cassus.

Ce que le pape a traduit par : "En me cherchant tu t'es assis fatigué... Que tous ces efforts ne soient pas vains!". Et il y a lu l'aventure de Dieu "qui s'est acheminé vers nous" par pur amour, et qui pour cela "s'est fait homme et est descendu jusqu'aux abîmes de l'existence humaine, jusqu'à la nuit de la mort". Cela me laisse circonspect.

 

Benoit XVI sait-il au moins ce qu’était le "Dies irae" ? Sans doute, mais il ne cite pas dans quel contexte, il a été utilisé.

 

Le Dies irae (littéralement «jour de colère») est une séquence chantée dans la liturgie catholique aux messes des morts attribuée à Thomas de Celano, moine franciscain de la première moitié du XIIIe siècle. Sa période phare entre le XIVe et le XVIe siècles traduit le désarroi des chrétiens devant les malheurs des temps et la peur de la mort : elle est un élément de cette «pastorale de la peur» qui marque la naissance de la Réforme. La séquence décrit le jour dernier comme un «jour de colère» («dies irae») du Dieu juge : il n’y a alors aucun appui à attendre de Dieu à ce moment-là, d’où la supplication du pécheur «Oro supplex et acclinisCor contritum quasi cinicGere curam mei finis…», soit «Je vous en supplie à genoux, le cœur broyé comme cendre, prenez souci de ma dernière heure…» La damnation éternelle était entrevue avec terreur dans le Dies irae.

 

Durant cette époque, l’Église au lieu de rassurer le fidèle et de l’aider à vivre dans le monde, le terrifia en ne lui apportant que la crainte de la mort et le désespoir de son salut en ces temps de guerre, d’épidémies, de schismes et de pauvreté croissante. On peut remercier la Réforme protestante pour nous avoir ouvert les yeux, nous obligeant à faire le catéchisme pour former les fidèles à la doctrine et l’exégèse pour mieux comprendre la Bible.

 

Le Dies irae est devenu optionnel dans le Requiem en 1967 et a été supprimé de la Messe en 1969, laquelle a inversement réintroduit l'Alleluia dans cette liturgie. Remercions ici Paul VI et la réforme liturgique pour nous avoir débarrassés de ces oripeaux qui ont trop longtemps donné une image négative de l’Église.

 

Il faut oublier cette conception médiévale dépassée qui sépare les chrétiens en deux catégories, les clercs et les laïcs. Il est tout à fait possible d’atteindre la sainteté en menant une vie laïque. Je pense également que l’Église catholique doit se rénover, en revenant à sa source le message libérateur du Christ, qu’elle doit utiliser une théologie plus simple, plus claire, débarrassée de commentaires hasardeux. Et l’Église doit refuser toute aliénation de la personne humaine.

 

Le Dies irae n’est qu’une arme pour ceux qui croit à un passé glorieux de l’Église alors que les fidèles mourraient de peur pour leur salut ce qui expliqua le triomphe du protestantisme au moment l’Eglise n’apportait plus de réponse au XVIe siècle. La peur du changement n’apporte rien sauf une séparation du fidèle avec l’Église. Prenons les devant et sachons montrer au monde que la modernité n’est pas un mal, mais un bienfait.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Liturgie

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