Les discussions doctrinales avec la Fraternité Saint-Pie X sont terminées
Publié le 22 Juin 2011
Les rencontres de la Commission de dialogue doctrinal entre l’Eglise catholique et la Fraternité Saint-Pie X sont terminées, indique l’agence I.MEDIA. Si plusieurs sources romaines évoquent l’échec des discussions doctrinales entre Rome et les lefebvristes, des sources proches du dossier affirment en revanche qu’il est trop tôt pour le dire et annoncent une prochaine rencontre entre les responsables des deux parties pour évaluer ces deux années de travail, une rencontre qui pourrait avoir lieu mi-septembre.
«Les discussions ne sont pas formellement terminées», a expliqué à I.MEDIA une source autorisée, proche du dossier. Une réunion d’évaluation aura effectivement lieu «dans les prochains mois au niveau des responsables de la Fraternité Saint-Pie X et de la Congrégation pour la doctrine de la foi», explique-t-on côté romain, avant que les résultats ne soient communiqués à Benoît XVI. Dans ce sens, confie-t-on à Rome, « il est trop tôt pour dire qu’il s’agit d’un échec, comme il est trop tôt pour dire que ces discussions ont réussi».
Le 18 juin dernier, alors qu’il célébrait l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire de Winona (Etats-Unis), Mgr Bernard Fellay, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, a indiqué qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au milieu du mois de septembre prochain. Mais cette réunion risque d’être à nouveau très entendue. Dans son homélie, Mgr Fellay a effectivement eu des propos très durs au sujet de Rome, évoquant en particulier les «messages contradictoires» du siège de l’Eglise catholique, une «Eglise pleine d’hérésies», et fustigeant tout particulièrement la Secrétairerie d’Etat. Cela s’annonce mal car la communion semble impossible du fait que les lefebvristes rejettent toutes ses avancées: liberté religieuse, dialogue avec les autres confessions, assouplissement de la liturgie, collégialité... En leur tendant la main, Benoît XVI semblait annoncer un enterrement de première classe au concile Vatican II.
Si les demandes de célébrations en rite extraordinaire (préconciliaire), autorisé par le motu proprio Summorum pontificum n'ont pas explosé, des groupes utilisent néanmoins ce texte, pratiquant la surenchère systématique et agressive, avec des moyens militants, en se réclamant du pape. Les évêques, donnant les exemples des diocèses de Strasbourg et Versailles, particulièrement touchés, s'en sont ouvert lundi 18 janvier 2010 à Benoît XVI. «S'il ne s'agit que de petits groupes isolés à ramener au bercail, il faut les traiter avec respect, disent-ils. Mais s'ils cherchent à faire du prosélytisme au détriment du rite de Paul VI, c'est différent.» Un cardinal de curie français a ainsi été malmené publiquement par de jeunes intégristes, à Bordeaux et à Lyon. La démarche des groupes contestataires s'enracine, selon les évêques, dans un terreau idéologique et politique proche du maurassisme. Mais «Maurras est peu connu au Vatican».
Pour Benoît XVI, l'unité de l'Église passe par la reconnaissance de la richesse de son patrimoine liturgique, avant et après Vatican II, dans une continuité à laquelle il est très attaché. Mais, avec ces groupes militants, les évêques français se trouvent face à la revendication d'une nouvelle liturgie. Ils rappellent que le pape célèbre lui-même tous les jours, en communion avec les évêques du monde entier, selon le rite de Paul VI. Et que dans ces affaires, c'est l'autorité de l'évêque, gardien de la liturgie dans son diocèse - qui se trouve défiée.
Si les deux parties avaient promis de garder le silence sur les discussions en cours depuis près de deux ans, il n’en reste pas moins vrai que certaines voix, côté romain, n’hésitent à évoquer un échec au terme des rencontres entre théologiens. Il semble en outre que certaines déclarations récentes des responsables de la Fraternité Saint-Pie X aient rendu les rapports plus tendus: des prises de position concernant la béatification de Jean-Paul II, le 1er mai dernier, ou encore la rencontre interreligieuse d’Assise, convoquée par Benoît XVI en octobre prochain. Et l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire de Winona, le 18 juin dernier, ne va certainement pas contribuer à apaiser les esprits.
La présence intégriste étant faible en Italie, le trouble qui a balayé l'Église de France n'a été que faiblement perçu. Les lefebvristes estiment que les possibles discussions doctrinales n'auraient pour but que «de faire résonner plus fortement dans l'Église la voix de la doctrine traditionnelle». La décision de Rome donne du poids à une vision erronée de la Tradition : l’absolutisation d’une époque particulière, celle du Concile de Trente, il y a quatre siècles et demi. En bonne ecclésiologie catholique, et dans la lumière de Vatican II, la Tradition est au contraire une réalité vivante. Elle consiste à accueillir un héritage bimillénaire et à le traduire ici et maintenant. Le peuple de Dieu, sans cesse en mouvement, est en marche vers une vérité qui ne peut être fossilisée ni dans un rite, ni dans une idéologie.
Dans la mesure où ils là refusent la part de vérité de l’autre et qu’ils ne partagent pas la conception de l’Eglise et de sa présence dans le monde qui est le nôtre, leur ralliement risque de mettre l’Eglise face à de grandes difficultés, voire de la faire reculer. Mais à vouloir réintégrer, à marche forcée, son aile la plus traditionaliste, le pape multiplie les concessions qui scandalisent ses fidèles parmi les plus modérés, surtout en France, où les évêques et les prêtres conciliaires font encore l'objet d'un harcèlement constant de la part de groupes "tradis", spécialistes de la délation et de la calomnie. C'est un faux calcul de croire que les traditionalistes vont renoncer à leur fonds de commerce, s'amender, faire pénitence, se rallier au dernier concile, cesser leurs campagnes contre un clergé et un épiscopat qui, à les entendre, auraient perdu toute autorité, ne sauraient plus attirer de jeunes prêtres, feraient trop de politique, ne défendraient plus assez de certitudes morales et dogmatiques, dialogueraient trop avec les juifs, les protestants, les musulmans. En montrant que les réformes du concile, et l'esprit même de Vatican II, étaient, d'une certaine manière, négociables, le pape a pris un gros risque : celui de faire passer le souci de la réconciliation et de l'unité avant celui de la clarté doctrinale.
Voilà c’est avec eux que le pape nous demande de faire communion, alors que les divorcés remariés et les prêtres ayant été obligé de quitter le sacerdoce alors qu’ils vivaient avec une femme n’y ont pas droit. Pour moi c’est illogique. Souhaitons que ces négociations n’aboutissent jamais.
Merci !