Rencontre - Débat autour du livre "Faut-il faire Vatican III"

Publié le 25 Novembre 2012

CP ROSELe 15 novembre, nous avons assisté à une rencontre organisée par le CEP autour du livre "Faut-il faire Vatican III" (Tallandier, 2012), présenté par Christine Pedotti elle-même à l'église Saint-Jean Baptiste à Roubaix à 18h30. À notre arrivée, Pierre- Marie Empis, un économiste et théologien hémois, que nous avons connu à l'université Lille III à Villeneuve d'Asq, nous avait fait savoir qu'il conseillait notre blog à des jeunes prêtres qui avaient du mal à répondre aux traditionalistes et aux intégristes. Nous sommes heureux de pouvoir les aider.

 

Elle présenta d'abord les origines de cet ouvrage. Et cette origine est "La bataille du Vatican" (Plon, 2012).  Un excellent ouvrage que nous vous conseillons. Son éditeur voulait faire un ouvrage sur Vatican II et lui proposa de le faire autour d'un bon repas. Tout passe mieux avec un bon repas, nous c'est plutôt la marche. Ensuite, elle avait lu pour cela une cinquantaine d’ouvrages de théologiens et historiens, les journaux, récits et mémoire des témoins directs du concile Vatican II. Un travail long qui permit à Christine Pedotti d'en savoir plus sur le Concile et de montrer son importance pour la vie de nombreux fidèles à l'époque, mais aussi pour les pères conciliaires.

 

Ensuite, vint la présentation du concile. Et Christine Pedotti parla de Jean XXIII qui créa la surprise en disant qu'il voulait réunir un concile en 1959. On pensait à l'époque comme aujourd'hui que ce serait difficile de réunir 2500 évêques (maintenant ils sont 5000).  Pourtant, on le prépara de 1960 à 1962, et il y avait déjà des demandes sur la liturgie et sur l'œcuménisme. À l'ouverture du concile, 2500 évêques en procession, traversèrent la place Saint-Pierre et rendirent réel ce que beaucoup pensaient impossible.

 

Et là, au concile, en discutant ensemble, ils eurent une révélation sur le rôle et la tâche qui leur était demandé. Ces évêques qui n'étaient pas des foudre de guerre firent leur propre autocritique et acceptèrent d'ouvrir l'Église au monde, mais aussi d'écouter les signes des temps. Ces derniers eurent une liberté de ton qu'ils n'avaient jamais eu auparavant. C'était comme le désignait les évêques une "nouvelle Pentecôte". Et bien sûr les laïcs étaient présents, et eurent un rôle considérable dans la préparation et les débats du concile. La plupart des décisions du concile se firent par vote et le plus souvent à l'unanimité. Une belle leçon de démocratie pour notre Église actuelle. Le rôle des papes permit de mener à bien ce concile.  Jean XXIII laissa faire, car il voulait que les évêques puisse répondre aux attentes du monde. Paul VI qui lui succéda en 1963, et qui fit les 3 sessions suivantes du concile, intervint un peu plus, mais laissa les débats libres, et chercha toujours à faire le compromis entre la minorité et la majorité conciliaire pour amener l'unanimité lors des votes.

 

Le concile prit des décisions importantes, notamment sur l'œcuménisme et le dialogue interreligieux. On était désormais libre de croire ou de ne pas croire. L'Église s'était ouverte et parlait enfin au monde. C'était la première fois que l'Église avait eu une image si positive dans les journaux et les 1ers sondages confirmèrent cette image de l'Église. Le monde entier suivait les débats du concile et félicitait cette ouverture profonde de la forteresse Église. Mais aujourd'hui comme le dit Christine Pedotti on doit digérer le concile. Mais l'Église n'a pas su faire sa sortie d'une Église de masse pour complètement acter son ouverture sur la monde moderne donnée par le Concile. Le recul de l'œuvre conciliaire est démontrée par le fait que la collégialité n'est pas réellement appliquée.

 

Après avoir fait l'ouvrage "La bataille du Vatican", tout le monde demandait à Christine Pedotti : "Vatican II est après ?" La réponse vint avec l'ouvrage "Faut-il faire Vatican III". Mais c'était surtout pour donner une réponse à la crise de l'Église, en trouvant des solutions durables, cet ouvrage s'interrogeait surtout sur la nécessité de mettre en place un nouveau concile. Et elle répondit enfin à la fameuse question : "Faut-il faire un Vatican III ?" Par un oui plutôt attendu. Mais un concile pour quoi faire ? Pour expliquer Vatican II et montrer que  les solutions ne se trouvent pas dans le passé  mais dans l'avenir. Cela servira aussi pour décentraliser l'Église, dont toutes les questions mêmes locales sont faites à Rome. Christine Pedotti ne croit pas un instant que l'Église doive s'adapter au monde, au sens ou elle devrait édulcorer son témoignage. En revanche, elle doit sans cesse s'ajuster à l'Évangile et conjointement, faire en sorte que ses paroles puissent être entendues et comprises par les hommes et les femmes d'aujourd'hui qui vivent dans ce monde avec les références culturelles de ce monde. Elle mit bien en relief que le fait de dire que le concile Vatican II est responsable de la crise actuelle comme le font les lefebvristes n'est pas vrai, puisqu'il en a freiné l'évolution qui aurait pu être plus rapide sans le concile. De plus, elle nous a confié que beaucoup doutent de la réalité d'un concile. Mais il faut bien faire quelque chose. Et pourquoi pas un concile. La situation de crise dans laquelle se trouve l’Église catholique est de celles qui ont déjà, au cours de l’histoire, légitimé la réunion d’un concile. Cela permettra aussi à l'Église d'avoir un discours plus ouvert et positif sur la sexualité et le divorce.

 

Vinrent les questions, où les réponses de Christine Pedotti donnèrent les idées centrales de l'ouvrage "Faut-il faire Vatican III". L'Église est beaucoup trop patriarcale, au moment de Vatican II, on ne s'était pas beaucoup posé la question du rôle des femmes dans l'Église. La création d'un ministère féminin pourrait être un des objets du nouveau concile. De plus, Christine Pedotti voudrait renforcer le rôle des laïcs par la création de cardinaux laïcs, l'exemple de Mazarin est révélateur. Des femmes pourraient remplir ce rôle. Des cardinaux et des cardinales laïques pourraient participer alors à un conclave. L'hypothèse est séduisante.

 

Pourquoi ne pourrait-on pas rendre réel le principe de subsidiarité,  le fait de régler ses problèmes au niveau plus bas plutôt que de faire appel au niveau le plus haut. L'Église a eu trop l'habitude de tout régler au niveau supérieur avec les conséquences que l'on sait. Le fonctionnement hyper centralisé confond l'uniformité et l'unité et qui ne laisse pas le catholicisme respirer et montrer ce qui a fait sa force pendant des siècles, c'est-à-dire sa capacité d'intégration des différentes cultures et systèmes de pensée. Christine Pedotti nous donne des solutions viables à long terme : Christine Pedotti plaide pour la création de patriarcats, des "patriarcats continentaux" s'inspirant des patriarcats régionaux, un axe intermédiaire entre le pape et les évêques. On pourrait renouer aussi avec les conciles régionaux en plusieurs sessions et bien organisés. En suivant cet exemple, les débats seront à l'échelle locale, puis une séance de promulgation et d'action de grâce à Rome.

 

Quand on lui posa la question sur la crise des vocation sacerdotale, Christine Pedotti  proposa que l'on laisse la possibilité aux fidèles d'administrer  les sacrements, afin d'aider une Église en manque de prêtre. Ils pourraient se réunir en petits groupes (hommes et femmes) et célébrer l'Eucharistie, dans une ambiance des plus festive. Vatican II a mit en valeur le sacerdoce commun des baptisés, donc ils peuvent aider les prêtres et les évêques. Après tout, ils sont «prêtres, prophètes et rois », comme le dit la prière de l’onction reçue au baptême.

 

Enfin, elle a répondu au fait que beaucoup lui disent que les évêques ne sont pas courageux et n'oseront jamais faire un concile. Pourtant comme elle le souligne, les évêques ayant participé au concile avaient été nommés par Pie XI et Pie XII. Pourtant, il surent se faire violence et être à l'écoute de leurs fidèles durant le concile Vatican II.  Finalement, il faut peut-être faire un concile pour retrouver les fondements du christianisme et les formuler dans des termes qui rencontrent l’expérience des gens de ce monde.

 

La rencontre finie, nous sommes venus nous présenter à Christine Pedotti qui souhaitait nous rencontrer, et elle a pu nous poser quelques questions : notamment sur le blog dont l'apparence peut surprendre. Sereine et détendue, elle pouvait enfin voir ces deux blogueur qui doivent beaucoup à Philippe Clanché et Georges Heichelbech, mais aussi aux lecteurs du site Golias qui les ont fait connaitre. Nous partions en ayant fait une belle rencontre.

 

tai_gong_wang et freyr1978

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens-progressistes

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