Jésus de Nazareth, un révolutionnaire ?

Publié le 1 Mai 2013

En ce 1er mai, fête du travail, on peut se poser la question de savoir si Jésus était un révolutionnaire. La réponse est oui, Jésus peut-être vu comme un révolutionnaire, mais attention ce n'est pas un marxiste, car il n'aurait pas imposé le royaume de Dieu par la violence, mais par le consensus et la voie légale autour de lui. Si, on peut donner une bonne définition du révolutionnaire, c'est un homme qui apporte des transformations fondamentales et Jésus semble entrer dans cette case. Pourtant, il n'aurait pas collaboré avec un pouvoir utilisant la violence comme l'a fait l'Église avec les régimes franquistes et salazaristes, mais aussi ceux d'extrême droite en Amérique latine.

L'enseignement de Jésus était révolutionnaire, il bouleversa la société en place et il devait paraître fou en public, il alla vers des gens qu'on avait peur de toucher (par exemple, les lépreux), et effectivement il parlait et il guérissait toutes les personnes. Les scribes et les Pharisiens haïssaient ses paraboles, qui semblaient toujours les mettre en tort. Si l'on suit Marcus Borg, Jésus se révèle être un libérateur social, conduit par la "politique de la compassion" pour défendre les droits des femmes et des pauvres contre un establishment social oppressif.

Pour John Dominic Crossan, Jésus animait de ses invectives la rébellion des pauvres contre l'hellénisation de la Palestine. Il prône un égalitarisme radical hostile à toute hiérarchisation sociale. Il partage la compagnie de n'importe qui. Il mange avec tout le monde, pratiquant une «commensalité ouverte» qui fait scandale. Son activité thérapeutique est associée à la magie, car elle opère sur un registre parallèle aux règles religieuses officielles à propos de la maladie. Ses exorcismes s'expliquent par le surgissement fréquent de phénomènes démoniaques dans les sociétés soumises à une occupation coloniale. Le nomadisme de Jésus l'aurait conduit à rencontrer qui le voulait, mais sans intention aucune de constituer un groupe de disciples (on trouve un cas typique : Zachée, qui l'accueille comme hôte et non comme disciple) (Jesus : A Revolutionary Biography, 1994).

Il appela les chefs religieux (les scribes et les sadducéens, certains pharisiens), hypocrites. Les conquérants romains haïs et détestés permettaient à ces hommes de conserver leur pouvoir et leur autorité, tant qu'ils gardaient leur peuple dans le rang. Arrive alors ce jeune rabbin qui dit à la foule que ce sont des hypocrites, des aveugles, des serpents, et des vipères : il ne faisait pas preuve de tact - ils le détestait pour cela - mais la foule le suivait. Si l'on suit E.P. Sanders, cela serait normal, car Jésus a prétendu que la fin était proche, que Dieu était sur ​​le point d'établir son royaume, que ceux qui le rejoindront y seraient inclus, et (au moins implicitement) qu' il y régnerait (Jesus and Judaism, SCM Press, 1985).

Si l'on suit l'historien Archibald Robertson (A Origin of Christianism, 1954): "Les premières couches de l'Évangile ... pointent vers un mouvement révolutionnaire conduit d'abord par Jean-Baptiste, puis par Jésus ... visant à renverser l'occupant romain et la dynastie d'Hérode en Palestine pour la création d'un "royaume de Dieu" terrestre dans lequel le premier serait le dernier et le dernier le premier, les riches seront renvoyés les mains vides et les pauvres remplis de bonnes choses et des maisons et des terrains leur seront donnés."

Les dirigeants complotèrent alors pour tuer Jésus, mais tous ne le font pas, la raison est que Jésus est devenu une menace pour l'establishment qui ne peut être traité que d'une manière. Si l'on suit Crossan, il meurt abandonné; des croyants ensuite interprétèrent sa mort suivant des catégories prophétiques qui donneront naissance au récit de la Passion et de Pâques (Jesus : A Revolutionary Biography, 1994). L'establishment essaya d'empêcher les disciples de cette secte aux croyances révolutionnaires de répandre leur message et ainsi d'obtenir plus d'adeptes. Il ne faisait que se mettre sur les pas de Jésus, qui firent survivre de nombreuses déclarations radicales de Jésus. Par exemple : "Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée." (Matthieu 10, 34) Il dit à plusieurs reprises que le Royaume de Dieu est à portée de main(Archibald Robertson, A Origin of Christianism, 1954).

Jésus prouva ses doctrines et ses croyances révolutionnaires à travers sa propre résurrection d'entre les morts. Une révolution fondamentale où les idées anciennes seront remplacées par les nouvelles. Pour Crossan "La crucifixion signifie que le pouvoir impérial avait gagné". La "Résurrection signifiait que la justice divine avait gagné. Dieu est du côté du Crucifié. Les valeurs de Rome sont un problème mort pour lui." (Jesus : A Revolutionary Biography, 1994)

En résumé, Jésus avait grandement perturbé la caste dirigeante de son époque, il lui coûta beaucoup d'argent, en bouleversant le statu quo, il avait eu le soutien des masses, car en soulignant l'hypocrisie des autorités, en battant en brèche leurs arguments, et surtout, en sachant les contrer, il devenait dangereux. La planification active de sa mort commença un an avant son arrestation. Comme le dit Crossan, Jésus appelle à la résistance non-violente face à Rome et à la juste répartition des terres et de la nourriture. Il fut crucifié parce qu'il menaçait la stabilité romaine - et non pas comme un sacrifice à Dieu pour les péchés de l'humanité (Jesus : A Revolutionary Biography, 1994).

Crossan décrit les événements de la dernière semaine de la vie de Jésus et il nous montre la frustration croissante des autorités romaines qui délibèrent sur ​​la façon de neutraliser Jésus. Crossan dit à plusieurs reprises que les Romains décidèrent de ne pas arrêter Jésus à cause de la foule et leur attrait est évident pour Jésus. Finalement, l'occasion se présente. Judas s'avance avec une offre et promet de trouver Jésus, ce qui avantage l'autorité romaine, il parcourt durant la nuit un chemin entre Jérusalem et Béthanie. Dans les mains des Romains, Jésus se retrouve face à face avec Pilate. Pour Crossan l'échange entre Pilate et Jésus serait parabolique, mais non basé sur des faits historiques. À la fin de son argumentaire, Jésus dit à Pilate : "Le règne de Rome, Pilate, se fonde sur sa protection par la violence." "Mon Royaume de Dieu est basé sur la résistance non-violente comparé à ton Royaume. Pilate, il ne peut même pas me sauver de toi." (Jesus : A Revolutionary Biography, 1994)

Jésus était révolutionnaire dans le sens où il aurait introduit une vision du Judaïsme moins rigide, amenant une nouvelle pensée et façon de faire les choses, il bouleversa ainsi l'establishment. En ce sens, il était très certainement un révolutionnaire, et devait mourir. Si Jésus se battait pour ça, il n'est guère étonnant que les Romains l'ont crucifié, et que ses disciples furent persécutés. La raison de son exécution, c'est qu'en montrant le changement d'époque, il avait fait le geste symbolique de trop en renversant les tables de change au temple. C'est l'acte essentiel qui aurait conduit à son exécution, même s'il y avait d'autres causes qui y contribuèrent (E.P. Sanders, Jesus and Judaism, SCM Press, 1985).

Beaucoup des premiers chrétiens pratiquaient une mise en commun des biens. Les Actes des Apôtres nous disent : "Les croyants ensemble mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, ils donnaient à tout le monde ce dont ils avaient besoin." (2, 45) Ses disciples, après la mort et la résurrection, continuèrent alors à attendre la restauration d'Israël et l'inauguration de la nouvelle ère, et ils ont continuèrent à voir Jésus occupant la première place dans le royaume.

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Culture biblique

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A
qui a ecrit ça
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P
anomyme,<br /> <br /> Pour demander qui a écrit ça ? Il faut aussi donner son identité vous ne croyez pas ? On ne demande pas aux autres ce qu'on ne fait pas. Ensuite, les auteurs du blog que nous sommes se sont fait connaître. Il suffit que vous cherchiez un peu.<br /> <br /> Merci !
C
certes<br /> mais aprés,,les prétres se sont servis de son nom<br /> pour tromper le peuple et s'enrichir<br /> a nouveau<br /> <br /> triste
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P
Christine,<br /> <br /> C'est malheureusement arrivé à partir du IVe siècle, un moment où la hiérarchie avait oublié son devoir de service. Mais le Peuple de Dieu est comme l'eau qui brise la roche, le changement ne pourra venir que de lui.<br /> <br /> Merci !