Karine Gélébart sur france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/ que ce mercredi19 avril 2023 est révélée par nos confrères des DNA une nouvelle affaire qui concerne cette fois le chancelier de l'archevêché de Strasbourg, Bernard Xibaut. Cette figure de l'archevêché est accusé par un ancien séminariste de comportement déplacé à son égard. Les faits remonteraient à 2006 et seraient connus de l'archevêque Luc Ravel, qui, pour le moment, semble ne pas vouloir agir.
Alors même qu'il a écarté la veille du conseil épiscopal le vicaire général Hubert Schmitt, mis en cause pour des gestes déplacés à l'égard d'un jeune paroissien de 13 ans, il y a une trentaine d'années. Et démis d'une partie de ses fonctions, par l'exclusion du conseil épiscopal, au début du mois d'avril un autre pilier du diocèse, Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire, accusé d'avoir mal géré les agissements de l'ex-aumônier du collège épiscopal Saint-Etienne, qui s'est suicidé en janvier. L’évêque limogé se dit «victime d’un arbitraire et d’un règlement de comptes» : «L’archevêque me reproche de lui avoir caché des choses, mais il n’était pas là à l’époque et je n’étais pas archevêque.» En s’attaquant à cette figure appréciée de nombre d’Alsaciens, Ravel a suscité une fronde plus large encore tout en divisant un peu plus la communauté catholique (https://www.liberation.fr/societe/a-strasbourg-larcheveque-luc-ravel-en-etat-de-saint-siege-20230416_BN3PK2SLXFACBFYF2JIWLA5SQU/).
Monseigneur Ravel, qui porte depuis son arrivée la lutte contre les abus sexuels au sein de l'Église, se retrouve au cœur de la tourmente. Il peine d’autant plus à convaincre de la sincérité de sa démarche qu’il a lui-même couvert un prêtre, auteur d’agressions sexuelles sur mineur commises entre 1987 et 1992 et condamné en 1996. Pendant vingt ans, Luc Ravel, alors évêque aux armées, a accueilli cet homme, l’abbé Griffond, exfiltré de l’évêché de Nancy. Dans une note interne de novembre 2016, révélée par l’Obs, Ravel le recommande même pour un poste administratif à la direction de l’aumônerie catholique de l’armée de l’air. À son arrivée à la tête de l’archevêché de Strasbourg, Ravel avait soutenu l’idée du «grand remplacement» en évoquant la fécondité des «croyants musulmans» et en fustigeant l’IVG. Il a ensuite installé en Alsace la Congrégation de la miséricorde divine, dont l’un des objectifs est la conversion des musulmans. La seule manifestation récente de soutien à Ravel était organisée par le groupe royaliste Action française. Elle a réuni sept personnes (https://www.liberation.fr/societe/a-strasbourg-larcheveque-luc-ravel-en-etat-de-saint-siege-20230416_BN3PK2SLXFACBFYF2JIWLA5SQU/).
Tourmente alimentée par le courroux de "chrétiens en souffrance", exprimé dans une pétition appelant à la démission de l'archevêque (pétition qui a dépassé les 1000 signatures ce 19 avril), visé par une enquête pontificale depuis juillet 2022 autour de ses méthodes managériales. Ici, la décision du Vatican à son propos est tenue pour acquise : «Le pape François vous a demandé de présenter votre démission. Vous avez décidé de désobéir au Pape. […] À nos yeux, vous êtes encore un haut fonctionnaire [du fait d’une particularité du concordat d’Alsace-Moselle, ndlr], mais nous ne vous reconnaissons plus comme un pasteur chargé de l’unité de la communauté diocésaine.» Les commentaires laissés sous la pétition donnent à voir la diversité des reproches de la communauté catholique alsacienne à l’égard de leur archevêque. L’ex-aumônier militaire est critiqué pour son autoritarisme : «On est à l’église… Pas à l’armée», glisse un signataire (https://www.liberation.fr/societe/a-strasbourg-larcheveque-luc-ravel-en-etat-de-saint-siege-20230416_BN3PK2SLXFACBFYF2JIWLA5SQU/).
La Professeure émérite en éthique et théologie morale à l’université de Strasbourg, Marie-Jo Thiel déplore une «situation tragique» et convoque l’exemple de l’évêque Michel Santier. En octobre 2021, la Congrégation de la doctrine de la foi a sanctionné l’évêque pour «abus spirituels à des fins sexuelles». La décision disciplinaire n’a jamais fait l’objet de communication de la Conférence des évêques de France. La communauté catholique a ainsi découvert l’affaire dans la presse, suite à l’ouverture d’une enquête judiciaire en novembre 2022. Marie-Jo Thiel, à l’adresse des responsables nationaux, «au nonce Celestino Migliore et au président de la Conférence épiscopale, Eric de Moulins-Beaufort», demande «vraiment de publier le jugement qui a été énoncé à Rome suite à la visite apostolique, pour qu’on n’arrive pas à une nouvelle affaire Santier» (https://www.liberation.fr/societe/a-strasbourg-larcheveque-luc-ravel-en-etat-de-saint-siege-20230416_BN3PK2SLXFACBFYF2JIWLA5SQU/).
Pour elle : «Il ne fait pas de doute que l'enquête apostolique a conclu à son nécessaire retrait. Il a eu connaissance des conclusions, mais il n'a pas clairement présenté sa démission. Il gagne du temps, il ne veut a priori pas démissionner. Mais pour retrouver la sérénité, la communauté catholique a besoin de ce changement.» Et «Il y a eu un changement à la tête du dicastère pour les évêques (qui gère tout ce qui concerne les évêques et leurs diocèses). Mgr Francis Prevost, qui vient de prendre cette charge, va sans doute reprendre le dossier plus fermement en main. Mais le temps de Rome n'est pas toujours celui de l'urgence, il y a probablement encore un peu de temps qui peut se passer avant ce changement nécessaire à l'apaisement.» Elle souligne ce que la hiérarchie catholique a souvent oublié : «L'Église, ce ne sont pas les évêques, ce n'est pas le diocèse. L'Église, c'est 'le peuple de Dieu', et il est dans son droit d'exprimer ses attentes et ses doutes. Luc Ravel, qui pourtant, dans son parcours de religieux puis d'évêque aux armées, sait ce qu'est l'obéissance, n'obéit pas à l'injonction de sa hiérarchie. Ces paroissiens sont démunis face à cette situation, ils ont trouvé le biais de cette pétition pour s'exprimer en tant qu'hommes, femmes, baptisés, cela ne me choque pas.»
Un dossier que le pape François suit de près. L'été dernier, le souverain pontife avait confié à l'évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne, une inspection générale du diocèse d'Alsace. Depuis cette visite apostolique, aucune information n'a été communiquée quant à l'avenir de Mgr Luc Ravel (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-archeveque-de-strasbourg-ecarte-un-deuxieme-membre-de-son-conseil-episcopal-20230418).
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