Religieuses abusées sexuellement. La Conférence des religieux reconnaît un «tabou»
Publié le 14 Juin 2018
ouest-france.fr nous montre dan son article du mardi 12 juin 2018 que si la parole s’est libérée concernant des agressions et viols commis par des prêtres sur des mineurs, la dénonciation d’abus sexuels sur des religieuses relève toujours d’un «tabou» affirme ce mardi la présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref).
La présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), Véronique Margron, a reconnu mardi comme un «tabou» au sein de congrégations catholiques l’existence de cas d’abus sexuels, souvent anciens, commis sur des sœurs par des frères ou des prêtres. Sœur Margron a évoqué un «état de sidération» après la publication ce mardi dans Le Parisien d’une enquête intitulée «le dernier tabou de l’Église» et donnant la parole à deux anciennes religieuses se disant victimes, adultes, d’abus sexuels commis par des prêtres.
Alors que la parole s’est largement libérée concernant des agressions et viols commis par des clercs sur des mineurs, notamment depuis que des scandales de pédophilie ont éclaté à partir de 2015, la dénonciation d’abus sexuels sur des religieuses relève d’un tabou, a indiqué la présidente de la Corref, qui rassemble les 30 000 moines et moniales, frères et sœurs présents en France. «Ce tabou-là est sans doute encore plus profond parce qu’il touche encore plus à l’intime de la vie religieuse, à l’intime des communautés », a estimé sœur Margron.
Ces abus sexuels sur des sœurs, difficiles à dénombrer, sont souvent liés à des abus spirituels, variante religieuse de l’emprise psychologique qui a fait l’objet de plusieurs témoignages ces derniers mois. «Les instituts religieux (congrégations) sont fondés sur les vœux, donc il faut arriver à démêler ça avec beaucoup de précaution : qu’est-ce qui relève vraiment du vœu d’obéissance, qui est magnifique, et qu’est-ce qui introduit l’autre dans une situation d’esclavage qui n’a plus rien à voir avec la liberté ?», s’est interrogée la responsable.
Pour cette religieuse dominicaine, «prendre la parole est une nécessité, autant que les victimes peuvent et souhaitent le faire» mais «cela impose à nos institutions d’être capables d’entendre». La Corref a organisé lundi 11 juin une «journée de sensibilisation» sur les abus sexuels sur des mineurs, avec le témoignage de trois victimes devant les responsables de 120 des quelque 300 instituts que compte la conférence.
«Pendant des décennies», y a souligné sœur Margron, la transparence «n’a pas été le critère d’action de l’Église qui voulait au contraire cacher ces actes». «Nous avons maintenant l’obligation de veiller à tenir un langage de vérité et à renoncer à toute langue de bois, comme à ce que les sociologues nomment la culture de docilité dans l’Église catholique», a-t-elle souligné.
La parole se libère aussi chez les religieuses, mais cela est plus difficile avec l’indépendance de chaque congrégation par rapport aux diocèses, ce qui favorise la loi du silence, et permet à des prédateurs d’abuser de leur position et de leur pouvoir. Il est grand temps d’en finir avec cet était de fait et de prendre au sérieux ces faits, plutôt que de se défiler.
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