Une Pâques en confinement, qui doit nous faire revenir à l’essentiel
Publié le 12 Avril 2020
Aujourd’hui nous fêtons la Pâques, où nous célébrons la résurrection de Jésus.
R. Alan Streett dans Subversive Meals: An Analysis of the Lord's Supper under Roman Domination during the First Century en 2016 nous fait comprendre que la résurrection était un signe que Dieu n’étaient pas du côté des dirigeants qui contrôlaient les affaires humaines. L’arme la plus puissante de Rome – la crucifixion – n’avait pas mis fin au plan de Dieu. Ce dernier honora la foi de Jésus et la justifia en le ressuscitant des morts. Jésus s’est donc relevé en vainqueur de la tombe. Ce chef contre-culturel, ce monarque impérial qui sert par l’humilité plutôt que d’utiliser la force était justifié par Dieu. Il a reçu l’ultime victoire sur la Création (Matthieu 28,18-20), et il est déclaré comme le ‘Fils de Dieu avec son pouvoir’ (Romains 1,4). Aux Romains vivant dans l’empire, Paul déclara que ‘Christ est mort et il a vécu, afin de dominer sur les morts et sur les vivants’ (Romains 14,9). Les disciples ont donc vécu la résurrection comme consistant d’une certaine manière à l’arrivée du royaume, et Jésus fut alors vu comme le roi messianique Juif, et le Seigneur et Sauveur du Monde (Actes 2,25-26). Ce Jésus crucifié, fut ressuscité et il allait briser le pouvoir des usurpateurs, et délivrer le royaume de son Père, Dieu. Ce message anti-impérial retiendra l’attention des autorités romaines.
Comme le signale Michael Moore dans religiondigital.org (https://www.religiondigital.org/opinion/Michael-Moore-Resucitado-crucificados-redencion-iglesia-religion-pascua-resurreccion_0_2221877791.html) : «le Ressuscité est présent ... chez les crucifiés qui attendent toujours la rédemption», et c’est pour cela que nous «cultivons l'espoir en pratiquant la miséricorde.» Et comme le montre Clémence Houdaille, dans la-Croix.com (https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Paques-message-foi-desperance-fraternite-Conseil-dEglises-chretiennes-France-2020-04-12-1201089061) ce dimanche dans un message commun exprimé en ce matin de Pâques 2020, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le métropolite Emmanuel et le pasteur François Clavairoly invitent les chrétiens, en ce temps de pandémie, a être inventifs pour vivre leur foi et la charité, à travers la «lecture commune de la Bible, temps de prière partagés, chaînes téléphoniques» qui sont autant d’idées suggérées aux fidèles, qui sont aussi exhortés à «tout mettre en œuvre pour être disponibles auprès de celles et ceux qui en ont le plus besoin, en mutualisant les ressources et les moyens disponibles en cette situation de confinement.»
Comme l’a montré ouest-France.fr hier (https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/coronavirus-le-pape-appelle-ne-pas-ceder-la-peur-pour-la-veillee-pascale-6806291) le pape François a dressé samedi un parallèle entre l’épisode de l’évangile dans lequel des femmes découvrent le tombeau de Jésus vide le jour de Pâques et l’incertitude que la pandémie de covid-19 fait régner aujourd’hui, car «Pour elles, comme pour nous, c’était l’heure la plus sombre», et a appelé à «ne pas céder à la peur», celle «de l’avenir et de tout ce qu’il faudrait reconstruire», et s’est efforcé de délivrer un «message d’espoir» en nous disant que «L'obscurité et la mort n'ont pas le dernier mot» et que «Tout ira bien, disons-nous avec ténacité en ces semaines, nous agrippant à la beauté de notre humanité et faisant monter du cœur des paroles d'encouragement», tout en nous invitant à la prudence puisqu’«avec les jours qui passent et les peurs qui grandissent, même l'espérance la plus audacieuse peut s'évaporer», lors de la messe de la veillée pascale célébrée samedi dans une basilique Saint-Pierre pratiquement vide en raison de l’épidémie. Il a également appelé à ne pas céder à la démission, mais aussi à s'opposer aux autres des cris de mort qui continuent aujourd'hui : les guerres, la production et la vente d'armes et l'avortement. Toutes les cérémonies papales de la semaine sainte ont été modifiées et se déroulent sans public. Elle culminera dimanche, lorsque François prononcera sa bénédiction «Urbi et Orbi» (à la ville et au monde) dans les mêmes conditions. La messe de Pâques attire généralement près de 100 000 personnes place Saint-Pierre. Elle aura lieu cette fois dans la basilique où une vingtaine de personnes assureront une présence symbolique.
L’avortement n’aurait pas dû figurer avec les guerres, la production et la vente d'armes, car le premier des droits des femmes affectés par l’asphyxie des services de santé, l’interruption volontaire de grossesse passe au second plan en pleine crise sanitaire aiguë (https://information.tv5monde.com/terriennes/l-ivg-au-temps-du-covid-19-une-urgence-toujours-353085). D’ailleurs, le Texas, l'Ohio et l'Alabama avaient pris prétexte de la pandémie pour d'inclure les avortements dans la liste des opérations non urgentes interdites pendant la crise du Covid-19. Avec peu de réussite, puisque saisie par les défenseurs du droit à l'avortement, la Cour suprême des États-Unis a annulé lundi la décision du procureur général du Texas. Des États hostiles au droit à l'avortement exploitent la crise du coronavirus pour interdire les IVG, mais l'avortement est un service médical urgent, qui ne peut pas être reporté, en temps de crise sanitaire, les gens ont toujours des rapports sexuels et ont peut-être encore plus besoin que d'habitude des services de planning familial (https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/etats-unis-un-juge-federal-interdit-au-texas-de-suspendre-les-avortements-pendant-la-crise-du-6795999).
LeMonde.fr nous montre aussi dans son LIVE (https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/04/12/coronavirus-en-direct-un-dimanche-de-paques-sous-pression-pour-le-personnel-soignant_6036363_3244.html) que dans son message de Pâques, lu ce dimanche dans une basilique Saint-Pierre vide, le pape François a adressé ses pensées «à tous ceux qui ont été frappés directement par le coronavirus», aux «malades, à ceux qui sont morts et aux familles». Dans un monde «opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine», il a appelé à répondre par «la contagion de l'espérance». Le souverain pontife, qui s'est récemment associé à l'appel lancé par l'ONU en faveur d'un cessez-le-feu afin de préserver, face au coronavirus, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit, a de nouveau adressé un message de paix aux nations, appelant à «un cessez-le-feu mondial et immédiat». «Ce n'est pas le temps de continuer à fabriquer et à trafiquer des armes, dépensant des capitaux énormes qui devraient être utilisés pour soigner les personnes et sauver des vies», a affirmé le chef spirituel de 1,3 milliard de catholiques, dans son message diffusé en direct dans le monde entier. Le pape a notamment évoqué le Yémen et la Syrie, mais aussi l'Irak, le Liban, le conflit israélo-palestinien, l'est de l'Ukraine, «les attaques terroristes perpétrées contre tant de personnes innocentes» en Afrique, le drame des migrants et la situation humanitaire dans le nord du Mozambique. Le pape a aussi proposé de «réduire» voire «annuler» la dette des pays pauvres. Il a souhaité «que soient relâchées les sanctions internationales qui empêchent les pays qui en sont l'objet de fournir un soutien convenable à leurs citoyens» et appelé à la solidarité internationale «en réduisant, si non carrément en annulant, la dette qui pèse sur les budgets des pays les plus pauvres». Les États-Unis refusent, par exemple, de lever les sanctions économiques imposées à l'Iran, pays durement touché par la pandémie. Il a aussi souhaité que «des solutions concrètes et immédiates » soient trouvées au Venezuela, « pour accorder l'aide internationale à la population».
Dans son message pour Pâques, le pape François a choisi de lancer un appel spécifique à l'Europe qui doit retrouver «un esprit concret de solidarité qui lui a permis de dépasser les rivalités du passé», notamment après la deuxième guerre mondiale. Face à la pandémie mondiale qui frappe durement des pays comme l'Italie, l'Espagne ou la France, il faut avoir recours «à des solutions innovantes» et oublier «les égoïsmes». Même si elle s'est mise d'accord sur un fonds de 500 milliards d'euros, l'Union européenne est apparue divisée sur la réponse à apporter aux conséquences économiques de la pandémie. Les pays du Sud, derrière l'Italie et l'Espagne, souhaitent la mise en place d'un système de mutualisation de la dette que refuse le Nord, notamment l'Allemagne et les Pays-Bas. Le pape François a adressé ses pensées «à tous ceux qui ont été frappés directement par le coronavirus», aux «malades, à ceux qui sont morts et aux familles», dans son message de Pâques dimanche. Dans un monde «opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine», il a appelé à répondre par «la contagion de l'espérance». «Que ces frères et sœurs plus faibles, qui peuplent les villes et les périphéries de toutes les parties du monde, ne soient pas laissés seuls», a exhorté le souverain pontife. Il a eu une pensée particulière pour les «personnes âgées et les personnes seules», «les médecins et les infirmiers», «les forces de l'ordre et les militaires», tous ceux «qui travaillent dans les maisons de santé», ou qui «vivent dans les casernes et dans les prisons». «Pour beaucoup, c'est une Pâque de solitude, vécue dans les deuils et les nombreuses difficultés que la pandémie provoque, des souffrances physiques aux problèmes économiques», a-t-il souligné.
Il faut dire qu’aujourd’hui c'est devant télévisions, tablettes et ordinateurs que catholiques et protestants célèbrent ce week-end de Pâques, leur plus importante fête, la pandémie de coronavirus ayant conduit à l'annulation des processions et messes traditionnelles dans une grande partie du monde (https://www.lexpress.fr/actualite/monde/en-direct-coronavirus-plus-de-20-000-morts-aux-usa-des-messes-de-paques-sans-fideles_2123565.html). Á Jérusalem, pour la première fois en plus d’un siècle, le Saint-Sépulcre où le Christ a été enterré, selon la tradition chrétienne, est fermé au public durant tout le week-end (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/12/coronavirus-dans-le-monde-un-week-end-pascal-inedit_6036359_3244.html). Mais ces signes de prudences n’ont pas été suivis partout, comme au Nicaragua. Sans protections, ils s'agglutinent, courent et crient costumés. Des centaines de Nicaraguayens traînent dans les rues de Masatepe des «Judas» enchaînés, une tradition de la semaine sainte encouragée par le gouvernement de Daniel Ortega. L'Église avait pourtant décidé de suspendre les célébrations pour contenir la propagation du Covid-19 (https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/04/12/coronavirus-en-direct-un-dimanche-de-paques-sous-pression-pour-le-personnel-soignant_6036363_3244.html). Et c’est le cas aussi en Italie, où quelque 200 fidèles ont participé à une cérémonie du Vendredi Saint dans les Pouilles (sud-est de l'Italie), au mépris des règles de confinement, provoquant une onde d'indignation et les excuses contrites du maire (https://www.lexpress.fr/actualite/monde/en-direct-coronavirus-plus-de-2100-nouveaux-morts-en-24-heures-aux-etats-unis_2123510.html). On apprend également que malgré le confinement, le prêtre de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, une église parisienne traditionaliste, a organisé clandestinement une messe de Pâques aux alentours de minuit. Les forces de l'ordre prévenues par des riverains en raison de la musique qui émanait du lieu de culte, l’ont verbalisé et il a écopé d'une amende de 135 euros pour non-respect des règles de confinement, mais pas les paroissiens (une quarantaine), qui ont pu rentrer chez eux (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-malgre-les-mesures-de-confinement-l-eglise-parisienne-saint-nicolas-du-chardonnay-a-organise-une-messe-pascale-clandestine_3912215.html).
De cette pandémie mondiale peut sortir un nouveau modèle. Le pape François dénonce par une lettre aux mouvements populaire du monde entier le fait que les travailleurs pauvres "ont été exclus des bienfaits de la mondialisation" mais pas de ses préjugés : "dans les maux qui nous affligent tous, vous êtes doublement battus"; il les encourage à poursuivre la lutte pour les 3T : terrain, toiture et travail; et les invite à réfléchir avec lui "au projet de développement humain intégral que nous attendons" pour l'après-crise. Mais le pape va plus loin, puisque pour les travailleurs et les travailleurs indépendants ou de l'économie populaire qui «n'ont pas de salaire stable pour résister à ce moment», il est "temps de penser à un salaire universel" digne des "tâches nobles et irremplaçables qu'ils accomplissent" et concrétise "ce slogan si humain et si chrétien : pas de travailleur sans droits" (https://www.hoac.es/2020/04/12/papa-francisco-es-el-momento-de-un-salario-universal-para-los-trabajadores-mas-humildes-y-sin-derechos/). Une piste que semble suivre aussi dix-neuf présidents PS de départements réclament, dimanche 12 avril, l'instauration d'un "revenu de base" universel, et estiment qu'un tel dispositif est le meilleur moyen pour "amortir le choc social qui risque de faire basculer nombre de nos concitoyens dans la précarité". Á l'étranger, cette idée de revenu de base est discutée au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. En 2017, le dispositif avait été défendu par le candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon. Le Fonds monétaire international (FMI) compare les effets économiques attendus de la pandémie à ceux de la Grande Dépression de 1929 (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/face-a-la-crise-du-coronavirus-dix-neuf-presidents-de-departements-ps-reclament-un-revenu-de-base-universel_3911777.html).
Merci !