"Nous ne sommes pas derrière les votes" : les responsables du synode tentent de faire baisser l'euphorie des gros titres

Publié le 20 Juin 2023

Jesús Bastante avec Vatican News nous montre sur religiondigital.org ce mardi 20 juin 2023 que le Synode n'est pas un Parlement et les pères (et mères) synodaux ne seront pas gouvernés par la majorité ou ne créeront pas d’«accords» pour unir le vote. «Nous ne sommes pas en retard sur les votes», ont assuré lors d'une conférence de presse les chefs de file de la voie synodale qui atteint désormais sa scène mondiale, sous la forme d'Instrumentum Laboris. Ainsi, les cardinaux Mario Grech et Jean-Claude Hollerich, respectivement secrétaire général et rapporteur général du synode, ont rappelé que le vote est un instrument humain qui va aider, mais le synode «est un discernement, c'est une prière». Le synode n'est pas un parlement, mais un "jeu avec l'Esprit". Quelques mots qui tentaient de freiner l'euphorie déclenchée par les gros titres du monde entier, qui pointaient (comme le fait le document) vers un débat ouvert sur le célibat, le rôle des femmes, des divorcés et des homosexuels au sein de l'Église catholique.

 

Il faut dire que l'Instrumentum Laboris du Synode est un document truffé de questions, dont certaines vraiment révolutionnaires, et qui placent l'Église (le Synode des évêques, qui pour la première fois aura des prêtres, des religieuses et des laïcs avec le droit de vote) devant le défi définitif de faire un pas transmettre ou se réfugier dans de fausses assurances. Il s'agit de l'Instrumentum Laboris du synode sur la synodalité, qui débutera à l'automne dans sa phase universelle, et qui, entre autres questions, s'interroge clairement sur le célibat facultatif, l'accès des femmes au diaconat, l'accueil des personnes divorcées ou encore le collectif LGTBQ+ dans l'Église, des changements profonds dans la structure institutionnelle de l'Église, le rôle de la primauté de Pierre, comment apprendre des autres communautés chrétiennes, et même la création d'un ministère spécifique pour le soin des exclus (https://www.religiondigital.org/vaticano/Vaticano-divorciados-LGTBQ-Iglesia-instrumentum-laboris-sinodo-celibato-diaconado-primado-democracia_0_2570742921.html).

 

Malgré tout, la prochaine XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, prévue en octobre 2023, connaîtra quelques modifications et nouveautés, liées à la composition de l'Assemblée et au type de participants. Quels sont-elles ? Tout d'abord, les dix clercs appartenant aux instituts de vie consacrée, élus par les organisations respectives qui représentent les Supérieurs Généraux, ne sont plus présents. Ils sont remplacés par cinq religieuses et cinq religieux appartenant à des instituts de vie consacrée, élus par les organisations représentatives respectives des Supérieurs Généraux et des Supérieures Générales. En tant que membres, ils ont le droit de vote. Deuxièmement, il n'y a plus d'auditeurs, mais 70 autres membres non-évêques sont ajoutés, qui représentent d'autres fidèles du Peuple de Dieu (prêtres, personnes consacrées, diacres, fidèles laïcs) et qui viennent des Églises locales. Ils sont choisis par le pape parmi une liste de 140 personnes indiquées (et non choisies) par les sept Rencontres Internationales des Conférences Episcopales et l'Assemblée des Patriarches des Églises Catholiques Orientales (20 pour chacune de ces réalités ecclésiales). Le mercredi 26 avril, du Synode, ils ont envoyé une lettre aux Conférences épiscopales avec la demande de préparer les listes de noms. Ils ont eu jusqu'à fin mai pour le faire. Il est demandé que 50% de ces membres soient des femmes et que la présence des jeunes soit également valorisée. Elle tient compte non seulement de leurs connaissances générales et de leur prudence, mais aussi de leurs connaissances, tant théoriques que pratiques, et de leur participation à divers titres au processus synodal. Troisièmement, les représentants des dicastères qui participeront sont ceux indiqués par le Saint-Père.

 

En commentant ces modifications, les cardinaux ont précisé que "ce n'est pas une révolution, mais un changement important". Après le colloque, dans des déclarations aux médias du Vatican, le cardinal Hollerich, qui est archevêque de Luxembourg, a précisé sa réticence à utiliser le terme "révolution". Il a commenté que s'il lit des livres sur l'histoire de France, sur la révolution, il y a des voix pour, il y a des voix contre, les révolutions divisent, elles exigent des victimes. Au lieu de cela, "nous ne voulons pas de victimes, nous voulons avancer ensemble". De même, Hollerich a souligné que nous sommes confrontés à un défi mondial : la polarisation, un individualisme croissant, dans lequel le consensus n'existe plus. Ainsi, selon Hollerich, si l'Église trouve une voie synodale pour gérer les divergences de communion et cheminer ensemble, elle rend "un grand service" au monde.

 

Le cardinal Hollerich, qui a été le premier à prendre la parole lors de la réunion, a exprimé sa joie de voir toute l'Église réunie à Rome pour le prochain synode. Plus tard, le cardinal Grech a exprimé sa satisfaction parce que, reprenant l'image de la tente qui est le déclencheur du Document final pour l'étape continentale, il a dit que l'espace qui s'y trouve s'élargit. Les cardinaux ont souligné que la participation de réalités ecclésiales aussi diverses au synode assure le dialogue existant entre la prophétie du Peuple de Dieu et le discernement des Pasteurs. Une circularité qui, selon eux, s'est manifestée tout au long du processus synodal. Tous deux ont prédit que ces développements continueront d'enrichir le Synode, dont la nature n'a pas changé, ont-ils insisté, il continue d'être un Synode des évêques, mais il enrichira également toute l'Église.

 

C’est une bonne nouvelle que de voir ce document de travail du Synode sur la synodalité avec des questions plus que des réponses, et la volonté de réfléchir en profondeur aux modes de fonctionnement et à l’organisation de l’Église faisant émerger bon nombre de sujets délicats, au regard des passions qu’ils suscitent : place des femmes dans la gouvernance et les ministères de l’Église, accueil des personnes LGBTQI +, exercice et partage du pouvoir.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Église, #Réforme de l'Église

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