Violences sexuelles : un rapport accablant pointe le rôle du fondateur de la communauté Saint-Jean

Publié le 27 Juin 2023

Alan Le Bloa sur Ouest-France.fr nous montre dans son article du mardi 27 mai 2023 qu’un rapport de 800 pages, publié lundi 26 juin 2023 sur les agressions sexuelles commises au sein de la communauté religieuse des frères de Saint-Jean, demandé en 2019 par la congrégation, documente un «système d’emprise généralisée» au sein de la communauté religieuse. À la suite de la publication de ce rapport, la Conférence des évêques de France (CEF) a assuré, ce mardi 27 juin 2023, porter «dans ses prières les personnes victimes d’agressions sexuelles et d’abus commis au sein de la communauté Saint-Jean». L’épiscopat français encourage par ailleurs «les Frères de Saint-Jean, engagés dans un important et nécessaire travail de vérité».

 

Ce travail a été commandé par la «famille» Saint-Jean en 2019 à la suite de révélations de violences sexuelles commises par son fondateur et dont certaines ont été jugées. Il a été confié à un groupe «pluridisciplinaire» composé de théologiens, d’historiens et de psychologues. Il a mené à des chiffres accablants. La famille Saint-Jean, à la pointe du renouveau de l'Église dans les années 70, a été "contaminée dès son origine par une sorte de virus malfaisant dont l'effet le plus grave est la propagation d'abus sexuels accompagnés de justifications" indique le rapport cité par Ouest-France (https://www.midilibre.fr/2023/06/27/agressions-sexuelles-et-emprise-generalisee-au-sein-de-la-communaute-saint-jean-72-freres-ont-fait-167-victimes-11304578.php). Depuis 1975, des agressions sexuelles commises par 72 frères ont fait 167 victimes, confirme le document, souligne le rapport sur la base de témoignages de victimes, d’abuseurs ou de documents archivés. Trente religieuses, 69 femmes laïques, 29 mineures et 15 garçons mineurs ont été identifiés comme victimes. Parmi les abuseurs figurent 52 prêtres, sur les 390 que comptait la congrégation. Huit étaient des formateurs. La majorité des faits a été commise «dans le cadre d’un accompagnement spirituel de femmes majeures». Les «abus» constatés vont «des paroles de sollicitation à des viols».

 

Ce document pointe la responsabilité directe du fondateur, le dominicain Marie-Dominique Philippe, décédé en 2006, qui «a eu un rôle direct et indirect par la formation intellectuelle qu’il donnait, parce qu’elle a favorisé chez un certain nombre de frères et sœurs des relations équivoques, des abus spirituels et sexuels». "Ce ne sont pas des phénomènes périphériques, mais ils sont liés à un système dont l'emprise du père MD Philippe est le centre. Cette emprise a tourné chez certaines personnes à une abdication de la conscience, voire à une forme d'idolâtrie" cite Le Monde (https://www.midilibre.fr/2023/06/27/agressions-sexuelles-et-emprise-generalisee-au-sein-de-la-communaute-saint-jean-72-freres-ont-fait-167-victimes-11304578.php). Coupable d’agressions sexuelles sur des jeunes femmes et religieuses, il avait été lui-même sanctionné par Rome dans les années 1950.

 

Tout comme son frère Thomas Philippe, fondateur du centre spirituel de l’Eau vive à Soisy-sur-Seine (Essonne), il avait enseigné une théologie dévoyée de «l’amour d’amitié» allant «toujours dans le sens d’une justification des abus» et incitant, souligne les auteurs du rapport, à des relations amoureuses, parfois sexuelles, entre frères et sœurs. L’accompagnement spirituel ou la confession constituait «un faisceau d’emprise» généralisé. «Les actes sensuels étaient vus comme des moyens d’incarner l’amitié, et comme des lieux de croissance dans la chasteté, alors même qu’ils étaient pratiqués par des personnes consacrées», ont constaté les rédacteurs. Le Monde rappelle également qu'avant la création de la congrégation, Thomas Philippe, le frère, avait lui aussi développé une théorie "mystico-sexuelle" ayant conduit à de nombreuses agressions : la Vierge Marie aurait eu des relations charnelles avec Jésus (https://www.midilibre.fr/2023/06/27/agressions-sexuelles-et-emprise-generalisee-au-sein-de-la-communaute-saint-jean-72-freres-ont-fait-167-victimes-11304578.php).

 

En 2022, le chapitre général de la communauté a pris la décision «de ne plus se référer à la règle de vie écrite» par son fondateur. Elle a également mis en place une nouvelle gouvernance et refondé la formation initiale et permanente des frères. Des mesures pour faire en sorte que «l’histoire des frères de Saint-Jean ne se réduise pas à l’histoire sombre des abus sexuels». Cela s’explique par le fait que la famille Saint-Jean compte trois instituts religieux : les Frères de Saint-Jean (422 membres aujourd'hui, fondé en 1975), les Sœurs contemplatives de Saint-Jean (53 membres, fondé en 1982) et les Sœurs apostoliques de Saint-Jean (175 membres, fondé en 1984) (https://www.lepoint.fr/justice/violences-sexuelles-a-saint-jean-un-rapport-accable-son-fondateur-27-06-2023-2526289_2386.php).

 

«Écœurés, atterrés, accablés. Tels sont les mots qui montent à la lecture du rapport», réagit dans un communiqué sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). «Faire croire à autre chose que ce qui est communément admis comme juste, vrai, structurant pour la vie. Cette vaste entreprise s’est réalisée avec des stratégies, conscientes ou non, mais très efficaces, menant au détournement complet des limites, des interdits, bref de la différence entre bien et mal», ajoute-t-elle. Tout en appelant à un «authentique processus de reconnaissance et de réparation pour toutes les victimes» et en invitant ces dernières à se tourner vers la Commission Reconnaissance et réparation. Missionnée par la Corref, l’institution a «été saisie à ce jour par plus de 700 victimes d’agression sexuelles».

 

Enfin, Le but des Frères de Saint-Jean est de rendre justice aux victimes, mais aussi de «donner à tous de mieux comprendre ce qui s’est passé […]  » et « mettre fin à une dérive étalée sur tant d’années, pour que d’autres ne soient pas trompés et trahis […]» (https://www.huffingtonpost.fr/life/article/violences-sexuelles-un-rapport-des-freres-de-saint-jean-denombre-167-victimes-au-sein-de-la-congregation_219797.html).

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Église, #Actualités

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