Les représentants des autorités religieuses prennent position sur la fin de vie
Publié le 24 Janvier 2024
Carine Janin pour Ouest-France.fr nous montre ce lundi 23 janvier 2023 que l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault a sollicité les grands leaders religieux et des intellectuels sur le sujet de la fin de vie. Majoritairement opposés à une légalisation d’une aide active à mourir, ils ont exprimé leurs réflexions, dans l’espoir de se faire entendre, alors qu’un projet de loi doit être présenté en février. Ils se sont réunis, mardi 23 janvier, à l’université Paris Cité.
La plupart sont opposés à une légalisation de l’aide active à mourir, comme Eric de Moulins-Beaufort, Le président de la CEF, qui s’inquiète que «Depuis des siècles, les hommes et les femmes de religions s’accompagnent pour mourir, ils ont développé une compréhension, des gestes d’accompagnement de la mort, riches de sens. Un sens que l’on risque de perdre» en «cherchant des solutions techniques», insistant insiste cependant à rejeter «la moindre complaisance à l’égard de la souffrance et de la douleur», Haïm Korsia qui redoute «une rupture anthropologique» si on rompt avec ce principe «de ne pas donner la mort», Chems-eddine Hafiz qui en réfère au principe religieux : «Dieu nous a donné la vie, c’est lui qui décide à quel moment il doit la reprendre».
Pour Sadel Beloucif, professeur de médecine et président de l’association «L’islam au XXIe siècle», estime que le recours à la sédation profonde et continue, prévue par la loi Claeys-Léonetti de 2016, est «déjà une réponse». Suicide assisté ou euthanasie seraient, pour lui, une «profanation de l’acte de soin». Mais Christian Krieger met en garde : «Ce qui est un droit pour les uns ne doit pas devenir un devoir de partir pour les autres, parce qu’ils se sentent comme un poids pour leurs proches». Mais le président de la Fédération protestante rappelle aussi qu’«être en débat et assumer le dissensus est constitutif du protestantisme», car Si, pour une majorité de protestants, «légaliser l’aide active à mourir est compris comme une transgression» d’un interdit fondamental, pour d’autres, «le choix du suicide assisté ou de l’euthanasie relève de la liberté et de l’autonomie de chaque personne».
«Il n’y a pas de front uni des religions sur la fin de vie», constate Laëtitia Atlani-Duault, vice-présidente Europe de l’université Paris Cité, qui se dit «agnostique». Pour certains, il faut «oser la loi», comme le pense le pasteur et théologien protestant François Clavairoly, qui explique dans l’ouvrage avoir cheminé sur le sujet. Théologienne et sœur dominicaine, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, Véronique Margron se questionne, elle, sur des «actes de transgression» au cas par cas, au nom d’une «éthique de la détresse et de la promesse». «Légiférer, c’est aseptiser la conscience», dit-elle. Pour Laëtitia Atlani-Duault, il faut, dans tous les cas, sur ces sujets, «légiférer les mains tremblantes», comme l’avait dit le juriste Jean Carbonnier. Des mots qu’a aussi faits siens la nouvelle ministre de la Santé, du Travail et des Solidarités, Catherine Vautrin. Tout en précisant qu’elle n’avait «pas de difficultés avec ce sujet». Elle doit être épaulée sur les sujets de Santé par un ou une ministre délégué ou secrétaire d’État, prochainement nommé.
Ces dernières années, le chef de l’État a régulièrement interrogé les cultes sur la question de la fin de vie. Un dîner avait été organisé à l’Élysée, en 2019, réunissant plusieurs responsables religieux et partisans de l’aide active à mourir. Lors de ses vœux le 8 janvier, Emmanuel Macron a promis de revoir les responsables religieux dans le courant du mois de février pour aborder à nouveau ce dossier. Une occasion pour clarifier un imbroglio concernant la future loi sur la fin de vie ? Lors de la conférence de presse de mardi, le grand rabbin de France et le recteur de la Grande Mosquée de Paris ont en effet répété qu’Emmanuel Macron leur avait déclaré, le 8 janvier, qu’il y aurait deux lois distinctes, l’une sur les soins palliatifs et l’autre sur l’aide active à mourir, une configuration qui satisfait les responsables religieux. Mais qui a été démentie par l’Élysée dès le 10 janvier (https://www.liberation.fr/societe/religions/fin-de-vie-les-responsables-religieux-sopposent-ensemble-a-un-changement-legislatif-20240123_7PN2CRKWEZAO7GQXOZ6P3RO2DE/).
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