Mgr Wintzer : «Au regard de la foi chrétienne, aucun parti ne répond à toutes les attentes»
Publié le 27 Juin 2024
la-croix.com nous montre dans une tribune du mercredi 26 juin 2024 que dans cette période électorale particulièrement tendue, Mgr Wintzer appelle chacun à développer une pensée nuancée et à faire preuve de modestie sur la situation actuelle. Aucun parti ne peut répondre à toutes les attentes, car certains de ses leaders n’encouragent en rien la sérénité, mais sans tomber dans le relativisme ou l’absence d’engagement, il soutient qu’il faut continuer d’espérer, car cela «relève d’un devoir, celui de penser possible que les humains choisissent des choses justes». Il met aussi en avant que «Ceux qui entretiennent les rêves (pardon, les promesses électorales) d’un avenir radieux ou d’un passé idéalisé contribuent à creuser les désillusions et le ressentiment».
Pour Mgr Wintzer, il faut mettre en avant la modestie qui «honore les citoyens, les tenant pour capables de savoir que, dans un monde complexe, avec une population diverse, dans sa composition comme dans ses attentes, y compris au sein de chacun des partis politiques ou des alliances – de circonstance, il faut du temps et surtout du respect, dont celui donné à ses opposants, pour parvenir à poser quelques actes. Les projets, nécessaires, peuvent être ambitieux, mais annoncés avec modestie. S’il y a une place pour la fierté, elle ne pourra qu’être cueillie, bien longtemps après, et non un soir de résultats, lorsque des fruits parviendront à maturité».
Dans une autre tribune dans la-croix.com (https://www.la-croix.com/a-vif/les-jeux-pervers-des-pouvoirs-et-les-derives-morales-peuvent-pousser-a-la-revolte-sociale-20240626), on voit que pour le père Bruno-Marie Duffé, maître de conférences en éthique sociale, «il est essentiel, pour la vie commune et pour l’avenir de notre communauté sociale, de refuser clairement les leaders politiques dont le discours et les positionnements déploient des discours d’exclusion, des visées racistes et antisémites; refuser les arguments violents et les «querelles de chiffonniers», honteuses et inadmissibles, à l’Assemblée nationale», et «Il importe de rappeler la primauté du droit et des droits humains, fondements du respect mutuel, de la protection des plus vulnérables, et d’une mémoire collective que nul ne peut s’approprier ou réduire.», surtout à un moment où «Les jeux pervers des pouvoirs et les dérives morales peuvent pousser à la révolte sociale».
Il importe donc de promouvoir le bien commun, «dans une perspective de paix entre tous et entre les générations, ce n’est pas une position faible mais une attitude politique forte qui concerne notre pays, l’Europe et la communauté internationale», on doit aussi affirmer «le respect, la dignité de la personne humaine et la priorité donnée aux plus faibles : enfants, personnes malades, personnes handicapées, anciens en fin de vie, étrangers demandeurs d’asile : voilà la position noble, par excellence», que «la planète est entre nos mains, qu’elle est confiée à tous les humains et que nos décisions politiques aujourd’hui engagent l’avenir de la vie», que «la coopération, pensée et mise en œuvre de manière concertée entre les pays du Nord et du Sud, constitue la seule voie crédible du progrès et qu’elle implique toutes les communautés humaines», et de choisir le respect de tous.
Et alors que des chrétiens appellent à faire barrage au Rassemblement national lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, au nom de leur foi, des fidèles catholiques s’apprêtent, eux, à voter pour l’extrême droite. La défense des valeurs traditionnelles et de l’identité chrétienne ainsi que le rejet de l’immigration sont les moteurs de leur choix (https://www.la-croix.com/religion/dans-la-tete-de-catholiques-d-extreme-droite-20240626). Mais est-ce le bon choix dans la «polarisation autour des extrêmes» et d’un «durcissement de la parole dans le débat public comme en privé», alors que «Les chrétiens veulent voter, mais aucune offre politique n’est à leurs yeux satisfaisante», et il ne peuvent pas compter sur la Conférence des évêques de France qui «a désormais le souci de ne pas se couper de ces catholiques qui font le quotidien de l’Église, tout en étant consciente qu’elle est attendue sur une opposition à l’extrême droite.», et sur les associations chrétiennes pour qui prendre la parole pour condamner l’extrême droite ne semble plus aussi évident qu’avant, alors que l’électorat catholique est dans la «tendance à la fragmentation», marqué par «un affaissement continu du centre droit d’élection en élection». Le vote catholique de droite est surtout centré sur des questions comme la bioéthique, oubliant «les autres points, comme la libération des victimes de l’esclavage moderne ou la promotion d’une économie au service de la personne et du bien commun avaient été mis en sourdine.» Mais celui du vote du centre gauche dont les électeurs souhaitent être des «faiseurs de paix dans le cadre d’un débat démocratique vivant mais qui respecte ses adversaires», est celui de la modération qui sera néanmoins délicat dans la situation actuelle. Finalement, «Les catholiques sont troublés face au choix et ont du mal à se décider. Mais ce qui compte, ce sont les candidats en tant que personnes» (https://www.lavie.fr/actualite/societe/legislatives-2024-face-a-leur-conscience-quels-choix-electoraux-pour-les-chretiens-95117.php).
Enfin, les revues «Esprit», «Germinal», «Le vent se lève» et «Projet» appellent à soutenir les candidats du Nouveau Front populaire, quelle que soit leur étiquette partisane, et à adopter une logique de front républicain au second tour afin de défendre «ce qui doit l’être, à savoir la liberté, l’égalité et la justice sociale, qui sont les valeurs fondatrices de la République française, mais également ce sans quoi de telles valeurs ne peuvent se réaliser pleinement : le pouvoir émancipateur du savoir et tout particulièrement celui que rendent possible les sciences humaines et sociales». En sachant qu’une analyse sur le fond sera, ensuite, nécessaire aux forces progressistes «sur des questions décisives parmi lesquelles, au premier chef, celle de l’antisémitisme à gauche, celle du manque de démocratie au sein des organisations de gauche, celle de la responsabilité de la gauche dans le discrédit de ses idées face à l’extrême droite, ou encore, celle des freins à une réflexion concernant les conséquences politiques à tirer tant de l’interdépendance croissante entre les Etats-nations que de la critique des rapports d’autorité au sein de nos sociétés» (https://www.nouvelobs.com/idees/20240627.OBS90309/des-revues-s-engagent-voter-nfp-sans-s-exonerer-d-un-devoir-de-clarification.html).
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