En grève, les femmes catholiques "n'acceptent plus d’être invisibles"

Publié le 11 Mars 2025

Bahar Makooi vous montre le lundi 10 mars 2024 dans france24.com que des Françaises engagées dans la vie paroissiale ont lancé une grève inédite pour mettre en lumière l’importance de leur rôle au sein de l’Église catholique. Une initiative du Comité de la jupe, né en 2008, les appelle à se mettre en retrait des activités bénévoles qu’elles exercent dans les églises durant toute la période du Carême, qui a débuté le 5 mars, pour demander qu’elles ne soient plus mises de côté dans les décisions essentiellement prises par des hommes dans l’Église catholique. Le mouvement s’adresse aussi aux paroissiens, invités à manifester leur soutien en portant un badge de ralliement ou encore en glissant un mot dans la corbeille au moment de l’aumône. Du 5 mars au 12 avril, elles invitent aussi les fidèles à «réfléchir à la manière dont ils pourraient contribuer à aider l'Église à mieux reconnaître et valoriser les dons et les ministères des femmes» par le biais de discussions, de prières ou du retrait temporaire des missions (https://www.lepoint.fr/societe/inegalites-les-femmes-de-l-eglise-catholique-appelees-a-la-greve-pendant-le-careme-09-03-2025-2584282_23.php). Cette association, qui se préoccupe de l’égalité homme-femme dans les églises catholiques, relaie une mobilisation internationale de l’association américaine "Women’s Ordination Conference". Un mouvement qui trouve aussi écho en Inde, en Espagne ou même en Pologne.

 

Elles dénoncent le manque de reconnaissance de la place des femmes et de leur mise à l’écart des prises de décision à tous les niveaux de l’institution. Le Comité de la jupe explique qu'en France «les paroisses fonctionnent en grande partie grâce au travail bénévole des femmes» assurant la catéchèse, animant et préparant les célébrations, prenant en charge l'entretien des églises ou encore en participant à la préparation des funérailles. «Pourtant, la gouvernance, la hiérarchie est entièrement masculine parce que dans l'Église, pour avoir les charges de gouvernance, il faut être prêtre. Et pour être prêtre, il faut être un homme», dénonce Adeline Fermanian, coprésidente du Comité de la jupe sur France Info. Il compte déjà 300 adhérentes et des milliers de sympathisants comme Mathilde, avocate parisienne et pratiquante : «J'ai pris la décision de ne plus aller, ni à l'église, ni à la messe pendant quarante jours.» (https://www.lepoint.fr/societe/inegalites-les-femmes-de-l-eglise-catholique-appelees-a-la-greve-pendant-le-careme-09-03-2025-2584282_23.php). Il faut dire que le décalage se creuse entre l’institution et la société, souligne l’historienne Annie Crépin, coprésidente de la Commission d’étude sur la place des femmes dans l’Église et membre du Comité de la jupe. "La société française a bougé depuis une quarantaine d’années, mais pas l’Église catholique où les inégalités subsistent."

 

Cette grève, estime-t-elle, est l’aboutissement de plusieurs années de prises de conscience avec quelques évènements accélérateurs, comme le synode de 2023. L’initiative vise aussi à faire réagir les évêques, avec qui un dialogue officiel n’a jusqu’ici jamais été possible, car "la question des femmes provoque des blocages, notamment sur la possibilité d'accès des femmes au diaconat". Si quelques avancées ont été constatées ces derniers mois, comme la nomination pour la première fois d’une femme à la tête d’un ministère au Vatican, la tendance n’est pas à une ouverture, regrette l’association. Le Comité de la jupe a cartographié les églises jugées "accueillantes pour les femmes". Et il a constaté que deux tiers des paroisses de France n’autorisaient pas les petites filles à être enfant de chœur, bien que le service de l’autel soit devenu accessible aussi aux filles depuis 1962 (concile de  Vatican II). Derrière cette interdiction, ce qui dérange "c’est que des filles s’approchent de l’autel", s’inquiète Annie Crépin. "Il y a certainement cette vieille idée inconsciente que les femmes sont impures physiologiquement. Dans certaines paroisses, ce ne sont pas seulement les prêtres qui le demandent, ce sont des laïcs, il faut le reconnaître", regrette-t-elle.

 

Et l’historienne alerte sur l’émergence en France d’une nouvelle génération de "prêtres très conservateurs". "Les prêtres d'un certain âge sont d'une génération, au sein de laquelle il y avait beaucoup plus de catholiques pratiquants et de fait le recrutement était beaucoup plus diversifié. Mais le recrutement des prêtres s'est aujourd’hui effondré". Pour Annie Crépin, il y a urgence à s’ouvrir aux femmes. Elle estime que l’Église catholique court au suicide si elle n’entend pas leurs voix. "Certaines paroisses ont du mal à recruter et ne tiennent que par la présence des femmes". Sylvaine Landrivon ajoute même que les femmes sont "quand même la moitié de l'humanité, on a les mêmes compétences. Rien dans le Nouveau Testament ne nous interdit, au contraire, Jésus a montré que les femmes étaient très importantes, et lui, il avait demandé une horizontalité parfaite". "Les femmes sont, non pas au service de Dieu, mais au service des hommes, et c'est là que ça ne va pas", conclut-elle (https://www.bfmtv.com/societe/religions/le-jeune-du-patriarcat-pour-careme-les-femmes-catholiques-appelees-a-faire-greve-de-leur-service-benevole-en-paroisse_AN-202503090329.html). Tout comme les recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), dans son rapport de 2021 sur les violences sexuelles au sein de l’Église, Annie Crépin estime aussi que la "présence des femmes dans les sphères décisionnelles" devient nécessaire pour empêcher ces abus.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Réforme de l'Église

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article