Place des femmes dans l’Église : plusieurs collectifs appellent à la «grève» pendant le Carême

Publié le 5 Mars 2025

Matthieu Lasserre, dans la-croix.com nous montre qu’à compter du mercredi 5 mars 2025, et tout au long du Carême, plusieurs collectifs catholiques militant reprenant le mot d’ordre de la Conférence pour l’ordination des femmes (WCO) pour une meilleure intégration des femmes dans l’Église, appellent à un mouvement de grève international en désertant les bancs des églises, en refusant le lectorat, et en suspendant ses actions bénévoles. La WCO, qui se revendique comme «une voix féministe intransigeante» dans l’Église catholique pour l’égalité homme-femme et qui milite pour l’accès de ces dernières au sacerdoce, lance ainsi un véritable appel à la «grève des femmes». Cette mobilisation est née du Synode sur la synodalité, achevé en octobre 2024 à Rome. Selon Kate McElwee, directrice exécutive de la WOC, l’absence de décision sur le diaconat féminin et le manque d’engagement clair pour une réforme de la gouvernance ecclésiale ont été perçus comme une trahison : «Le Carême est un temps de jeûne et de prière. Cette année, nous jeûnons du sexisme et du patriarcat pour une Église plus juste.» (https://www.charentelibre.fr/societe/les-femmes-catholiques-feront-elles-greve-dans-les-paroisses-pendant-le-careme-23487657.php). 

 

La WCO justifie cette interpellation par une situation ecclésiale dans laquelle «les hommes ordonnés décident des paramètres et du rythme de la synodalité, et de quand le temps est “mûr” pour les ministères féminins». Très militante, l’association estime en outre que «l’Église a perdu des générations de femmes qui ont enduré la douleur et l’humiliation de devoir prouver la validité de leur appel». Il faut dire que les femmes jouent un rôle clé dans la vie des paroisses, notamment en assurant : l’éducation religieuse (catéchèse), l’animation et la préparation des célébrations, l’entretien des églises et la prise en charge des funérailles. Toutefois, elles restent exclues des prises de décisions. Seuls les prêtres et évêques détiennent l’autorité ecclésiale, ce qui perpétue une structure patriarcale (https://www.charentelibre.fr/societe/les-femmes-catholiques-feront-elles-greve-dans-les-paroisses-pendant-le-careme-23487657.php).

 

Pour l’organisation féministe, qui avait déjà mené plusieurs initiatives à Rome en octobre 2024, lors de la phase finale du Synode sur la synodalité, les femmes dirigent et coordonnent «la grande majorité des ministères paroissiaux dans le monde». «Nous n’attendrons plus que des hommes ordonnés décident que le moment est venu» pour l’ordination des femmes : «Au lieu d’attendre un “oui” papal, nous lançons notre “non” aux systèmes de misogynie, de sexisme et de patriarcat qui cherchent à arrêter l’Esprit Saint», martèle le collectif. L’association américaine suggère notamment aux femmes de «suspendre (leur) temps de bénévolat» auprès de l’Église; de réorienter les dons à l’Église vers «des organisations pour la justice et l’égalité femmes/hommes»; de «refuser les occasions d’être lecteur, acolyte, ministre eucharistique, catéchiste, membre de la chorale»; ou encore de participer à la messe en ligne pour «que les bancs de (l’)église soient vides». Cette initiative se veut internationale. Sur son site Internet, la WCO recense de nombreux lieux où une grève des femmes sera observée durant le Carême. Aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Australie ou encore dans le nord de l’Italie, les initiatives sont nombreuses. En Suisse, la Ligue suisse des femmes catholiques (SKF) s’est associée à la mobilisation, dénonçant les discriminations structurelles empêchant une pleine égalité des sexes dans l’Église. En Afrique, elles apparaissent inexistantes – ou encore assez rares en Asie.

 

Un mode opératoire «coup-de-poing», dont certains questionnent la pertinence pour faire avancer les choses. Pour Christiane Joly, membre de la communauté apostolique Saint-François-Xavier et autrice d’un ouvrage sur le rôle des femmes dans l’Église, «ce type d’initiative s’inscrit dans un contexte de recherche d’un rôle qui soit une coopération avec le clergé, et non une soumission». Si ces actions peuvent parfois «mettre un coup de pied dans la fourmilière», cette dernière regrette qu’elles placent le sujet «sur le terrain de la revendication, et non de l’évangélisation et de la mission qui sont l’objectif de l’Église». «Si les femmes désertent la messe : ça fera peut-être réfléchir certains, mais est-ce que ça va faire changer les choses ?, s’interroge-t-elle encore. Ce serait peut-être plus constructif de recentrer le débat sur la pluriministérialité, par exemple, que de se concentrer uniquement sur l’ordination des femmes.» En France, l’appel à la grève, relayé notamment par l’association féministe catholique du Comité de la jupe, ne semble pour l’heure ne mobiliser qu’à Paris, selon le recensement de la WCO. Chez les fidèles français, on ne perçoit pour l’instant pas de frémissement en dehors de quelques cercles restreints.

 

Mais pour les militantes, cela n’a rien à voir avec la pertinence de leur action, mais plutôt le fait de donner une véritable place aux femmes dans l’Église, car l’enseignement officiel de l’Église, réaffirmé par le pape Jean-Paul II dans la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis (1994) ne s’est pas montré très ouvert sur la place des femmes puisqu’il exclut l’ordination des femmes, une position confirmée par le pape Benoît XVI et le pape François. On peut alors comprendre que les militantes estiment que la hiérarchie évite un débat nécessaire. Elles accusent le Vatican de tactiques de retardement et affirment que l’étude interminable du rôle des femmes dans l’Église est une stratégie destinée à maintenir le statu quo. Ce mouvement, bien que minoritaire, bénéficie d’une forte amplification médiatique et pourrait influencer les prochains débats synodaux. Son objectif : mobiliser l’opinion publique et faire pression sur la hiérarchie catholique pour une réforme de fond (https://www.charentelibre.fr/societe/les-femmes-catholiques-feront-elles-greve-dans-les-paroisses-pendant-le-careme-23487657.php).

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Réforme de l'Église

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