Affaire Bétharram : le livre du porte-parole du collectif des victimes, Alain Esquerre, sort ce jeudi

Publié le 24 Avril 2025

francebleu.fr nous montre que le livre du porte-parole du collectif des victimes de Notre-Dame-de-Bétharram, Alain Esquerre, sort ce jeudi 24 avril en librairie. Dans ce livre, Le Silence de Bétharram, co-écrit avec la journaliste Clémence Badault et publié aux éditions Michel Lafon, le lanceur d'alerte retrace le combat qu'il mène depuis un an et demi contre le "déni collectif" des violences commises au sein de l'institution catholique béarnaise, visé par plus de 200 plaintes pour violences physiques et sexuelles. Alain Esquerre appelle aussi à "ne plus regarder ailleurs". Dans l'avant-dernier chapitre de l'ouvrage, Hélène Perlant, la fille aînée de François Bayrou, raconte avoir été humiliée et rouée de coup par un prêtre alors qu'elle était adolescente, lors d'un camp d'été organisé par la même congrégation à laquelle appartient l'établissement privé Notre-Dame de-Bétharram. Elle évoque aussi la normalisation des scènes de violences devant des dizaines d'élèves. Dans le même chapitre, elle dénonce aussi "la pédophilie" qui "crève tellement les yeux" lorsqu'elle entre en classe de Première. "Le Premier ministre était bouleversé et totalement abasourdi", a dans un premier temps glissé l'entourage de François Bayrou à franceinfo après la parution de l'entretien dans Paris-Match. "Ça me poignarde le cœur", a déclaré l'intéressé à la presse, plus tard mercredi (https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/direct-affaire-betharram-apres-trente-ans-de-silence-la-fille-de-francois-bayrou-temoigne-avec-d-autres-victimes-de-violences-dans-un-livre_7206147.html). Un livre dédié "à tous les enfants victimes de violences commises par des adultes".

 

Âgée de 53 ans aujourd'hui, la fille du Premier ministre affirme n'avoir jamais parlé de ce qu'elle a subi à ses parents, ni à personne. Hélène Perlant a révélé cette histoire dans un entretien au magazine Paris Match, deux jours avant la parution du livre d'Alain Esquerre, dans lequel elle questionne aussi le déni individuel et collectif et cette logique paradoxale : "plus il y a de témoins, moins ça parle". "C'est malheureux pour les victimes parce que ça leur vole un peu la vedette" a réagi ce dernier. Le porte-parole du collectif des victimes de Notre-Dame-de-Bétharram a en effet voulu dédier son récit de 240 pages "à tous les enfants victimes de violences physiques, morales et sexuelles commises par des adultes". Au fil de vingt chapitres, Le Silence de Bétharram retrace l'histoire d'Alain Esquerre, ancien élève externe de Notre-Dame-de-Bétharram, son combat pour faire émerger la parole des victimes de cette institution catholique privée, avec la création d'un groupe Facebook à l'automne 2023, dénoncer un système de violences sexuelles dans l'établissement, et lutter contre la pédocriminalité dans l'Église et dans le milieu scolaire. L'ouvrage amène le lecteur dans le village béarnais de Lestelle-Bétharram, où plusieurs générations d'élèves de Notre-Dame de Bétharram ont vécu châtiments corporels, gifles jusqu'à en perdre l'audition, supplice du perron (se retrouver puni dehors en sous-vêtements pendant plusieurs heures) et violences sexuelles. Alain Esquerre décrit crument les caresses infligées par des laïcs et des religieux, des viols, dans les dortoirs ou dans le bureau du directeur,  jusqu'à la reproduction d'un système de violences : des élèves surveillants qui apportent aux adultes des élèves plus jeunes, et des viols entre élèves.

 

Dans Le silence de Bétharram, Alain Esquerre évoque aussi les accusations à l'encontre de François Bayrou, incriminé par certains d'avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd'hui par d'anciens élèves de Notre-Dame-de-Bétharram, et d'être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de l'institution, ce que le maire de Pau a démenti fermement à plusieurs reprises. "À quoi bon faire le procès d’un seul homme quand c’est toute la société béarnaise qui est responsable ?, écrit le président du collectif des victimes. Je trouve que cette chasse à l'homme n'est pas juste. Tout le monde a fui, tout le monde est lâche." Certains témoignages, pourtant, laissent penser que la famille de François Bayrou ne pouvait ignorer ce qui se passait à Bétharram. C’est le cas d’Éric Arassus, ancien élève, victime de violences physiques, qui partageait sa classe avec Calixte Bayrou, l’un des fils du Premier ministre. Il affirme avoir alerté à plusieurs reprises son camarade et l’avoir même exhorté à en parler chez lui. Elisabeth Bayrou, la femme de François Bayrou, était, à l'époque, enseignante à Bétharram. "Madame Bayrou, j’en suis convaincu, était dans le déni, sans doute en lien avec ses convictions religieuses. Et son mari, à l’époque député local et président du conseil général, ne pouvait pas ne rien savoir", témoignait-il auprès de France 3 Aquitaine (https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/je-decouvre-un-continent-de-violences-sexuelles-le-silence-de-betharram-le-livre-choc-d-un-ancien-eleve-devenu-lanceur-d-alerte-3142277.html). Dans son livre, le Béarnais de 53 ans en appelle à la responsabilité de tous, des responsables politiques, des institutions religieuses. Il rappelle qu'une commission indépendante sur l'affaire Bétharram a été créée. Il espère pouvoir participer à la formation d'un observatoire des violences sexuelles commises au sein des internats. Dans les dernières pages de l'ouvrage, Alain Esquerre semble hanté par l'idée que la page Bétharram puisse se refermer sans que rien ne change, alors que le nombre de plaintes continue d'augmenter, notamment pour des faits non prescrits pour lesquels un ancien surveillant est mis en examen pour viol et agression sexuelle. Alain Esquerre conclut ainsi son livre : "nous avons eu raison de croire que notre silence n'était plus une option".

 

Pointé du doigt pour l’inaction dont il a fait preuve pour faire cesser les violences à Notre-Dame de Bétharram, mais aussi dans d’autres établissements comme le collège-lycée Stanislas à Paris, l’enseignement catholique fait profil bas et promet du changement. Un changement déjà à sa tête : Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique depuis le 1er septembre 2019 cédera sa place à Guillaume Prévost le 1er septembre prochain, selon une décision prise par l’Assemblée plénière des évêques de France, réunie à Lourdes du 1er au 4 avril derniers (https://www.ladepeche.fr/2025/04/24/affaire-betharram-leglise-doit-mieux-faire-a-promis-mgr-aveline-12654262.php).

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités

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