Philippe Clanché dans lavie.fr nous montre que pour sa messe d’aurevoir vendredi 10 décembre à Saint-Sulpice, les catholiques parisiens, partagés entre colère et espérance, demeurent perturbés par la disgrâce de leur archevêque, Michel Aupetit.
Dès la procession d’entrée, au sein de laquelle Michel Aupetit sourit, crosse à la main, derrière une douzaine de confrères évêques, une salve d’applaudissements retentit. La chorale doit s’arrêter un temps. «Il aime ce diocèse, déclare au micro Georges Pontier, administrateur apostolique de l'archidiocèse. Nous sommes là pour le remercier et prier pour le diocèse et pour lui. Nous entendons son invitation à ne pas regarder l’archevêque, mais le Christ.» «Tu découvres tous ces gens magnifiques», lui répond Michel Aupetit qui, se tournant vers l'assemblée poursuit : «Je suis très ému de vous voir, frères évêques, prêtres, séminaristes et fidèles qui me montrez votre affection. Le Christ nous apprend à nous aimer les uns des autres. La tâche unique d’un évêque c’est l’unité. Au-delà de nos différences, l’important est d’être unis par le Christ. Restez unis, frères et sœurs, pour le Seigneur.» Un message qui résonne alors dans les rangs des fidèles, où tristesse et colère dominent. Non sans panache, Michel Aupetit a choisi d’articuler son homélie autour du risque de l’amour. «L’amour rend libre, et fait prendre des risques. Jésus a pris le risque de parler à une femme seule, la Samaritaine. Pourquoi ? Pour la sauver» Et plus explicite encore, il lance : «Une journaliste a écrit "Mgr Aupetit perdu par amour". C’est vrai, mais par amour pour le Christ», a-t-il affirmé déclenchant une nouvelle salve d’applaudissements. En invitant l’assistance, pour conclure son homélie, à Aller jusqu’à aimer ses ennemis. Car devant les injustices, il n’y a pas d’autre remèdes », Michel Aupetit a tenté d’apporter une réponse apaisante.
Dans les travées, tandis que les uns ne portent aucun jugement sur ce qui arrive, et d’autres refusent de répondre, certains cherchent des coupables pensant à de possibles dénonciations allant jusqu’à reprendre la parole pour critiquer le pape. Et maintenant, comment se remettre ? Certains ne sont pas prêts à un autre archevêque, d’autres attendent attends un serviteur du Christ, humble, ou encore quelqu’un qui sache reconnaître les différents courants catholiques. D’ici-là, le diocèse doit poursuivre son chemin, et des fidèles espère le rassemblement et essayent de continuer et d’avoir l’esprit positif. «Pas certain de pouvoir répondre aux centaines de lettres de soutien et d’affection reçues», Michel Aupetit a conclu la célébration en remerciant à nouveau l’assistance. Il a également évoqué «les personnes vulnérables, handicapés, les pauvres. J’espère que c’est avec eux que je continuerai ma mission, car je ne sais pas faire autre chose». Ces ultimes applaudissements ont sans doute un peu rasséréné les fidèles.
Cependant, comme le montre leparisien.fr (https://www.leparisien.fr/societe/succession-de-mgr-aupetit-des-catholiques-demandent-a-etre-associes-au-choix-du-futur-archeveque-de-paris-10-12-2021-J6H6FASACFGFBC4WVXI4BAQHUE.php) l’association des «Baptisés du Grand Paris» a annoncé vendredi avoir envoyé un courrier en ce sens au nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) en France. Ils veulent en finir avec un système qu’ils qualifient d’«opaque» et d’«archaïque». Des catholiques réformateurs réunis en association demandent que les fidèles du diocèse de Paris soient associés à la désignation de l’archevêque qui succédera dans la capitale à Michel Aupetit, démissionnaire. La procédure actuelle, très confidentielle, veut que le nonce, après enquêtes, propose trois noms au pape, qui en retient un. Une procédure qui peut prendre plusieurs mois. «L’attribution autoritaire - et lointaine- d’une charge épiscopale ne garantit nullement une bonne gouvernance», ajoute dans ce courrier transmis à la presse l’association, qui demande la «fin» du système actuel, «devant [son] opacité et [son] archaïsme». «C’est la crédibilité même de l’Église et de ses dirigeants qui est en jeu», insiste-t-elle. L’association prône que les prêtres du diocèse soient eux aussi «écoutés».
Enfin, comme le montre figaro.fr (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/aupetit-paris-match-il-y-aura-plainte-annonce-laetitia-calmeyn-20211213) dans un entretien à La Croix le dimanche 12 décembre, la théologienne et vierge consacrée Laetitia Calmeyn visée par un article de Paris Match insinuant une liaison avec l'ex-archevêque de Paris Mgr Aupetit, annonce qu'une plainte sera déposée, pour «atteinte à la vie privée», «diffamation» ou «calomnie». «Si ç'avait été un homme, un prêtre, au côté de Mgr Aupetit, y aurait-il eu le même traitement médiatique ? Les femmes dans l'Église doivent-elles être réduites à des objets de soupçon, de fantasme, à l'expression de jalousies ou à la servilité ?», déplore la vierge consacrée dans La Croix. Elle poursuit : «Est-ce que tout cela veut dire que, dans l'Église et aux yeux du monde, une relation entre un homme et une femme vécue dans l'amitié est inenvisageable ?». D'autres, sans prêter crédibilité aux insinuations de Paris Match, ont reproché alors à l'archevêque et à sa conseillère une forme d'imprudence à organiser cette rencontre, peu de temps après la démission de Mgr Aupetit - à la suite d'une enquête du Point faisant état d'un mail compromettant échangé avec une autre femme, en 2012. L'existence de Laëtitia Calmeyn comme amie et conseillère «officieuse» de Mgr Aupetit n'était un secret pour personne dans le milieu catholique parisien. Mais cette confiance que lui accordait l'archevêque de Paris suscitait un certain nombre de critiques, voire de jalousies. Cette méfiance à son encontre, observe-t-elle, pose question sur le regard posé sur les femmes dans l'Église.
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