Publié le 8 Novembre 2023
Sudouest.fr avec l’AFP nous montre ce mercredi 8 novembre 2023 que réunis à Lourdes, les évêques catholiques ont tiré la sonnette d’alarme mercredi sur les sujets sociétaux dont les cadres législatifs devraient prochainement évoluer, entre immigration et fin de vie. Au terme de son assemblée plénière d’automne, la Conférence des évêques de France (CEF) a également martelé son «inquiétude à l’idée que la liberté d’avorter puisse être inscrite dans la Constitution», une promesse du président Emmanuel Macron. Si les femmes doivent être «mieux protégées» des violences et leurs droits «mieux garantis», le président de la CEF Eric de Moulins-Beaufort a estimé que «l’avortement, dont la décision est rarement un choix de pleine liberté, ne peut être compris sous le seul prisme des droits des femmes». «L’inscrire dans les droits fondamentaux serait abîmer tout l’équilibre de ceux-ci», avertissent les évêques dans une déclaration distincte.
Être contre dans une attitude conservatrice sur l’avortement n’est pas viable comme on peut le voir lors de scrutins locaux organisés le 7 novembre aux États-Unis, les défenseurs de l’IVG ont enregistré des succès majeurs, notamment dans l’Ohio, qui amende sa Constitution. Plus d’un an après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême, la tendance se confirme : les électeurs se mobilisent pour la liberté de choix des femmes (https://www.courrierinternational.com/article/politique-aux-etats-unis-des-victoires-eclatantes-pour-l-avortement-et-les-democrates).
Au cœur d’un projet de loi examiné depuis lundi au Sénat, le sujet de l’immigration a été évoqué. Là aussi l’avertissement est clair : «Une attention particulière doit être portée à la protection et aux droits de ceux qui contribuent déjà par le travail à la bonne marche de notre pays». Il faut «résister à la tentation de réduire les questions migratoires à des enjeux sécuritaires», estime le texte. Appelant à «un sursaut d’humanité face au fait des migrations», Mgr de Moulins-Beaufort a mis en garde contre «l’illusion d’empêcher toute migration», se disant convaincu que «nous pouvons, en France, encore, recevoir […] ceux et celles qui viennent chez nous dans l’espoir d’une vie meilleure».
L’inquiétude des évêques de France est fondée. Le Sénat a inauguré un nouveau durcissement du projet de loi «immigration», lors du début de l’examen du texte en séance publique, lundi 6 novembre, après celui qui avait eu lieu en commission des lois en mars. Dans un hémicycle contrôlé majoritairement par la droite, les élus du palais du Luxembourg ont adopté deux premières mesures : l’instauration de «quotas», avec le principe d’un débat annuel au Parlement pour fixer des plafonds d’immigration pour certains flux; et un durcissement des conditions du regroupement familial. Les élus de la droite et du centre ont modifié le texte avec l’assentiment du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a mis en avant la «fermeté» du projet (https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/07/le-senat-poursuit-le-durcissement-du-projet-de-loi-immigration_6198589_823448.html).
Et le Sénat a adopté, mardi 7 novembre, la suppression de l'aide médicale d'État (AME), destinée aux sans-papiers, et son remplacement par une "aide médicale d'urgence" à l'occasion de l'examen du projet de loi immigration. Cette réforme a été introduite par un amendement de la droite sénatoriale, auquel le gouvernement ne s'est pas opposé (https://www.francetvinfo.fr/politique/projet-de-loi-immigration-le-senat-adopte-la-suppression-de-l-aide-medicale-d-etat-pour-les-sans-papiers_6170079.html).
Le président de la CEF a aussi souligné l'«inquiétude non moins grande» des évêques «devant le projet de loi en préparation concernant la fin de vie», attendu pour décembre. Le sujet devait être évoqué par Emmanuel Macron lors de sa rencontre mercredi avec les francs-maçons du Grand Orient de France. «Une société humaine doit être fraternelle pour tous et pour toutes jusqu’à la fin de la vie, et promouvoir l’aide active à vivre», a-t-il ajouté, une allusion voilée à l'«aide active à mourir» qui pourrait être comprise dans le projet de loi. Le projet de loi sur la fin de vie doit être théoriquement présenté en décembre en Conseil des ministres, après avoir été reporté. L'exécutif entend articuler ce nouveau droit avec un plan de développement des soins palliatifs (https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/fin-de-vie-emmanuel-macron-promet-une-loi-de-liberte-et-de-respect-sur-le-droit-de-mourir-dans-la-dignite_6171447.html).
Cette assemblée était consacrée à la «mission» (c’est-à-dire comment relayer le message de l’Évangile), mais la guerre entre Israël et le Hamas s’est logiquement invitée dans les discussions. Alors que les actes antisémites explosent en France et que les responsables musulmans déplorent une libération de la parole antimusulmane, les évêques ont appelé à «ne pas céder à la logique simpliste de l’affrontement entre communautés religieuses». «Nous nous élevons contre les attitudes racistes, antisémites et antimusulmanes que cette logique induit», ont-ils martelé.
Ils n’ont toutefois pas donné de consignes pour la marche contre l’antisémitisme de dimanche. «Je suis toujours réticent à donner des consignes politiques», a expliqué Mgr de Moulins-Beaufort, assurant toutefois que la CEF «sera représentée, au moins par le directeur du service aux relations avec le judaïsme». Appelant à «la justice pour le peuple palestinien» qui «a droit à un État libre», il a aussi demandé «une reconnaissance claire, partout, du droit à exister pour l’État d’Israël». Pour le moment, au lieu de réunir la classe politique, cette "grande marche civique", à laquelle participera la Première ministre Élisabeth Borne, se heurte au boycott de LFI et à la participation du RN jugée encombrante à gauche et dans la majorité (https://www.bfmtv.com/societe/religions/marche-contre-l-antisemitisme-l-eglise-representee-sans-donner-de-consignes-aux-fideles_AD-202311080720.html).
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