Publié le 19 Janvier 2024
katholisch.de se pose la question ce vendredi 19 janvier 2024 : Que pense l'Église catholique de l'AfD et des autres partis d’extrême droite ? Dans un appel commun rapporté pour la première fois par le "Spiegel" jeudi soir, les archevêques Heiner Koch (Berlin) et Stefan Heße (Hambourg) ainsi que par les évêques Gerhard Feige (Magdebourg), Ulrich Neymeyr (Erfurt), Heinrich Timmerevers (Dresde-Meissen) et Wolfgang Ipolt (Görlitz), responsables de l'Église en Allemagne de l'Est parlent clairement et ils demandent aux électeurs de prendre une décision responsable, en invoquant leur conscience, qu'ils ne pouvaient pas accepter les positions de partis extrémistes tels que le "III. Weg", le parti Heimat ou même l'AfD qui prônent des «Des fantasmes grossiers d'expulsion pour les migrants et leurs partisans, le rejet des offres de protection pour les réfugiés, l'exclusion des personnes handicapées, la seule focalisation sur la performance, le déni du changement climatique provoqué par l'homme et le mépris général.», car ils «sont incompatibles avec ces valeurs fondamentales de notre société.» Ils demandent aux électeurs de prendre une décision responsable puisque «Lorsque vous examinez vos considérations, pensez aux conséquences à long terme pour notre coexistence, pour vos familles et aussi pour vous personnellement.» Les évêques rappellent également que l'orientation vers les racines chrétiennes, les droits de l'homme, les valeurs de démocratie, l'État de droit et l'économie sociale de marché ont apporté la paix et la prospérité à l'Allemagne. "C'est sur cette base que nous surmonterons également les défis de notre époque." Ils lancent un appel aux électeurs : «Défendez notre ordre social libre et diversifié fondé sur notre constitution !»
L'archevêque de Hambourg Heße a déclaré au Spiegel qu'ils étaient convenus en décembre de s'exprimer maintenant. L’AfD a qualifié Heße d’«antidémocratique» et ses idées d’«ethniques et nationalistes». L'archevêque a poursuivi : "Il n'y a pas de croisement entre le christianisme et l'AfD". L’évêque d’Erfurt Neymeyr a qualifié cet appel de «signal d’alarme pour les catholiques de l’AfD qui s’éloignent de leur foi à travers leur adhésion». Neymeyr a ajouté qu’il ne comprend que dans une certaine mesure le mécontentement à l’égard de la politique. Sa compréhension s’arrête «là où des faits généralement acceptés sont niés, comme le changement climatique provoqué par l’homme». Vendredi, l'évêque de Magdebourg Feige a ajouté à l'appel : "La démocratie est un bien précieux mais également menacé et nécessite l'engagement de nombreuses personnes. J'aimerais penser que cette forme libre de société devrait être défendue massivement contre son affaiblissement - tel qu'il est aujourd'hui.» Le président du DBK, Georg Bätzing, s'est distancié à plusieurs reprises de l'AfD, notamment dans une interview au «Süddeutsche Zeitung» fin décembre. «Être catholique et être en même temps partisan de l’AfD ne fait pas bon ménage pour moi», avait alors déclaré l’évêque de Limbourg.
Enfin, l'évêque de Munster a condamné les idées d'extrême droite et appelé à la protection des migrants. "Nous sommes opposés à toute forme de racisme, d'antisémitisme, de haine et de rejet", a déclaré Felix Genn. "Nous défendons la protection des faibles, la coexistence pacifique pour tous et un oui inconditionnel à la démocratie, à l'État de droit et aux droits de l'homme." Dans son communiqué, le diocèse de Münster a évoqué de nombreuses manifestations en faveur de la démocratie et contre l'extrémisme de droite, par exemple à Münster, Recklinghausen et Clèves. L'évêque auxiliaire de Münster, Rolf Lohmann, participera à un rassemblement à Kevelaer. Les manifestations dans de nombreuses villes sont des réactions aux considérations d'expulsion massive des milieux d’extrême droite qui ont été connues la semaine dernière (https://www.domradio.de/artikel/bischof-genn-verurteilt-rechtsextremistisches-gedankengut).
Et l'évêque d'Essen, Franz-Josef Overbeck, a vivement critiqué l'AfD et mis en garde contre le parti qui selon des recherches du réseau Correctiv, selon lesquelles des membres de haut rang de l'AfD ont également participé en novembre à une réunion d'extrémistes de droite à Potsdam, au cours de laquelle il a été question de la réinstallation massive de migrants. "L'AfD s'est éloignée des principes démocratiques. Le parti ne peut pas être élu par les catholiques. Vous n'avez pas le droit de voter pour lui", a-t-il déclaré lors d'une réunion communautaire à Münster, selon le portail Internet kirche-und-leben.de (Jeudi). "Quiconque veut expulser d'autres personnes les prive de leur dignité humaine. Pour cause, la dignité humaine est fermement ancrée dans la Loi fondamentale. Quiconque s'y oppose n'est plus démocratique", a déclaré Overbeck. Le diocèse d'Essen a confirmé les déclarations de l'évêque sur demande. L'évêque d'Essen voit un signe d'avertissement dans les dernières enquêtes électorales pour les élections régionales de Thuringe de cette année, car "Une personne sur trois veut voter pour l'AfD. C'est effrayant et cela nous interpelle" (https://www.domradio.de/artikel/bischof-overbeck-uebt-scharfe-kritik-der-afd).
Outre les élections au Parlement européen, des élections régionales dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe ainsi que des élections locales dans neuf Länder auront lieu en 2024. Cependant, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne est pris dans un feu nourri de critiques après la révélation de son lien avec une réunion conspirationniste à Postdam portant sur un projet de "remigration" de citoyens allemands d'origine étrangère, ce qui a poussé les Sociaux-démocrates a mené la charge au Parlement, tout en menant à des manifestations contre l'extrême droite qui ont eu lieu à plusieurs reprises dans les villes allemandes ces derniers jours, dont une à Cologne mardi qui a attiré des dizaines de milliers de participants. Des villes moyennes aux grandes métropoles, la mobilisation fait tache d'huile, au rythme de plusieurs rassemblements par jour depuis une semaine. Elle semble témoigner d'une mobilisation de "la majorité silencieuse" pour la défense de la démocratie appelée récemment de ses vœux par le président des services de renseignements intérieurs (BfV) Thomas Haldenwang (https://fr.euronews.com/2024/01/19/lafd-sous-le-feu-des-critiques-pour-ses-liens-avec-un-projet-de-remigration-de-citoyens-al, et https://www.bfmtv.com/international/europe/allemagne/allemagne-des-milliers-de-personnes-manifestent-contre-l-extreme-droite_AD-202401190385.html).
Bien voter permet de ne pas perdre son bulletin de vote avec l’extrême droite. Alors qu’en France, la Conférence des évêques est floue contre l’extrême droite et n’appelle plus à voter contre elle, en Allemagne, les évêques se lèvent contre elle et la société civile montre l’exemple en manifestant contre son arrivée au pouvoir. Il est grand temps que la société française se réveille, car, voter extrême droite nous mènera à des gouvernements que l’on qualifie d’illibéraux, généralement ultra-autoritaires, conservateurs, nationalistes, populistes, et, a minima, eurosceptiques, à l’image de celui de Viktor Orban en Hongrie, ou de ceux installés en Pologne jusqu’à la victoire de Donald Tusk aux législatives de mi-octobre 2023, et que Marine Le Pen voit comme un modèle pour la France.
Merci !