huffingtonpost.fr avec l’AFP nous montre ce lundi 11 mars 2024 que les représentants de l’Église de France se sont montrés très critiques à l’égard du projet de loi sur «l’aide à mourir» détaillé dimanche 10 mars par le chef de l’État. «Une tromperie», «quelque chose d’incompréhensible», «une très mauvaise surprise»… L’Église de France a visiblement du mal à digérer les annonces qu’Emmanuel Macron a faites dimanche 10 mars son projet de loi sur «l’aide à mourir».
Après de longs mois de réflexion et plusieurs reports, le chef de l’État a dévoilé dans un entretien publié par La Croix et Libération, son «modèle français de la fin de vie» : une « aide à mourir » qui doit permettre à certains patients, selon des «conditions strictes», de recevoir une «substance létale». «Cet accompagnement sera réservé aux personnes majeures», a précisé Emmanuel Macron. Autres conditions pour y accéder : faire preuve d’un «discernement plein et entier», être atteint d’une «maladie incurable, avoir un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme» et faire l’objet de souffrances «que l’on ne peut pas soulager».
Du côté de l’Église de France, ces annonces font déjà l’objet de vives critiques. «Appeler “loi de fraternité” un texte qui ouvre à la fois le suicide assisté et l’euthanasie est une tromperie. Une telle loi, quoi qu’on veuille, infléchira tout notre système de santé vers la mort comme solution», a déclaré dans La Croix Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. «Le président de la République présente un texte tout ficelé sur ce qu’il appelle “l’aide à mourir”, mais, sur les soins palliatifs, (ce sont) de vagues promesses avec un chiffrage tout à fait approximatif», a-t-il ajouté.
Autre sujet d’inquiétude pour Éric de Moulins-Beaufort : «nulle part n’apparaît une clause de conscience spécifique», comme il en existe une pour l’interruption volontaire de grossesse. Le président de la Conférence des évêques de France a appelé les parlementaires «à mesurer combien est ambigu le texte annoncé». Selon l’Élysée, néanmoins, une clause de conscience sera bien incluse dans le projet de loi.
Sur France Inter, l’évêque de Nanterre, Mgr Matthieu Rougé, s’est montré tout aussi remonté. «Une très mauvaise surprise», a-t-il regretté. «Il y a quelque chose d’incompréhensible, et la dissimulation, derrière un terme de fraternité, de l’absence de fraternité.» Et de déplorer : «Ce qui me frappe, c’est qu’on a l’impression que dans la “start-up nation”, les personnes non productives n’ont plus le droit de cité.»
liberation.fr (https://www.liberation.fr/societe/sante/fin-de-vie-des-soignants-consternes-mais-lensemble-de-la-communaute-medicale-divisee-20240311_IAR3K6ICRZA25BLI2XKQM2GYMM/) nous montre que 15 organisations professionnelles de soignants et sociétés savantes ont aussi vivement critiqué ce lundi le projet de loi sur «l’aide à mourir» présenté la veille par Emmanuel Macron dénoncent «un système bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants». «C’est avec consternation, colère et tristesse que les soignants réunis au sein du collectif sur la fin de vie ont pris connaissance de l’interview du président de la République», ont ainsi réagi dans un communiqué plusieurs associations de soignants, dont la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), l’Association française des soins oncologiques de support (Afsos), le Conseil national professionnel de gériatrie, le Syndicat national des professionnels infirmiers ou encore le Syndicat des médecins coordonnateurs, Ehpad et autres structures, généralistes ou gériatres (SMCG-CSMF). Ils défendent que «mourir dans la dignité est une demande bien légitime, mais c’est précisément la mission des soins palliatifs notoirement sous-dotés» en France.
Mais derrière cette opposition, la profession reste mitigée sur la question. L’académie de chirurgie s’est par exemple déclarée le 28 février en faveur du suicide assisté, sur le modèle de l’État américain de l’Oregon – tout en s’opposant à une euthanasie active. Cet été, l’Académie de médecine s’était aussi dite favorable à un droit «à titre exceptionnel» à l’assistance au suicide. Dans un communiqué publié ce lundi 11 mars, le Collège de médecine générale se montre également mesuré.
«Enfin, la France sort de la valse-hésitation de ces derniers mois», a réagi l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui salue «un calendrier assez précis». « “Aider à mourir”, c’est vraiment le bon terme», a déclaré à Libération Line Renaud, engagée de longue date sur le sujet de la fin de vie. «Quand les médecins, la famille, les proches d’un malade savent qu’il n’y a plus rien à faire, que c’est une question de mois, et que ces derniers moments vont être une souffrance, alors il faut l’aider à mourir», ajoute l’actrice et chanteuse de 95 ans, qui évoque sa mère, «morte il y a plus de vingt ans» après quatre mois «d’horribles souffrances». «Si l’aide à mourir avait alors existé, je n’aurais jamais eu l’impression de la “suicider”, j’aurais arrêté ses souffrances, c’est tout» (https://www.la-croix.com/sante/fin-de-vie-les-principales-reactions-aux-annonces-d-emmanuel-macron-20240311).
Dans son interview avec La Croix et Libération, Emmanuel Macron a annoncé que le projet de loi du gouvernement, qui inclura aussi un volet pour renforcer les soins palliatifs, serait présenté en avril en Conseil des ministres pour un examen en première lecture à l’Assemblée nationale en mai, avant les élections européennes de juin. Gabriel Attal a ensuite précisé que les débats débuteront le 27 mai au Palais Bourbon.
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