Libération.fr et l’AFP nous montrent que secouée par les accusations de violences commises au sein de l’établissement catholique situé des Pyrénées-Atlantiques entre les années 1970 et 1990, la Commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a demandé ce mercredi 19 février au gouvernement le lancement d’une «mission d’inspection» de «tous les dispositifs d’alerte existants» dans les établissements accueillant des enfants. «Aujourd’hui en France, les violences sexuelles envers les enfants se produisent et aucune politique publique n’est encore instituée pour y faire face», déplore la Commission dans un communiqué.
La Commission indépendante rappelle avoir préconisé «dès 2023 que le dispositif de remontées systématique d’alertes en cas de violences sexuelles dans les établissements sportifs soit étendu pour tous les lieux qui accueillent les enfants». Elle demande au gouvernement «qu’une mission d’inspection soit lancée pour faire la lumière sur tous les dispositifs d’alerte existants, dans tous les établissements accueillant des enfants, que ce soit dans les structures scolaires et périscolaires, sportives, culturelles, cultuelles». Il faut, insiste la Ciivise, «instaurer les bonnes pratiques garantissant la sécurité des enfants : aucun lieu ne devrait être dispensé de règles spécifiques fermes concernant ces violences ni laissé au bon vouloir de son encadrement professionnel ou bénévole». Dans son communiqué, la Ciivise, instance mise en place en mars 2021 dans le sillage de la publication du livre de Camille Kouchner, «La Familia grande», déplore également que les 82 recommandations remises au gouvernement en novembre 2023 «n’ont pas reçu de réponse à ce jour».
Le collège-lycée de Notre-Dame-de-Bétharram est au cœur d’une vaste enquête sur des violences, agressions sexuelles et viols dénoncés par plus d’une centaine de plaignants. Le parquet de Pau enquête depuis un an sur cette affaire remontant aux années 1970 à 1990. «La commission apporte son total soutien aux personnes qui ont subi ces violences et ont rencontré autour d’elles déni, minimisation et silence administratif et judiciaire», écrit encore la Ciivise. Le scandale Bétharram éclabousse le Premier ministre, François Bayrou, dont plusieurs enfants ont été scolarisés dans le passé dans cette institution, et où son épouse a enseigné le catéchisme. Celui qui a été ministre de l’Éducation de 1993 à 1997 a déclaré n’avoir «jamais été informé» dans le passé des agressions sexuelles et viols dont sont soupçonnés des membres de l’établissement sous contrat entre les années 1970 et 1990.
Libération.fr (https://www.liberation.fr/societe/mon-travail-ne-tient-pas-la-route-les-aveux-de-lauteur-du-rapport-dinspection-sur-betharram-en-1996-20250219_ZNNHBBFHWFA4ZOETX6G27PU6OM/) fait savoir que l’inspecteur d’académie qui a réalisé un rapport sur Notre-Dame-de-Bétharram, commandé par François Bayrou, avait conclu que les élèves n’étaient pas «brutalisés». 29 ans plus tard, ce mercredi 19 février, il reconnaît auprès de Radio France qu’il n’a «pas cherché à savoir ce qui se passait». Cette inspection était survenue après plusieurs faits qui avaient mis la puce à l’oreille des autorités éducatives : un élève avait été giflé par un surveillant, une bousculade entre élèves avait blessé une enseignante et un pensionnaire du dortoir avait été envoyé dehors «en petite tenue» par un surveillant-élève à la suite «d’un chahut» dans le dortoir. À l’époque, seuls les élèves délégués avaient témoigné. Si l’un d’entre eux a eu un discours «plus nuancé» que les autres, selon le document, on ne sait toujours pas ce que cela signifie. Ainsi, l’inspecteur n’avait pas eu l’occasion de rencontrer la professeure de mathématiques qui tentait d’alerter sur la situation au sein de Notre-Dame-de-Bétharram. Et sudouest.fr (https://www.sudouest.fr/politique/education/affaire-betharram-pourquoi-l-etablissement-a-ete-laisse-hors-de-controle-23311803.php) nous montre que pas de suivi après cette inspection, pas même après l’affaire du Père Carricart, ce père de Bétharram mis en examen en 1998 pour viol. Son suicide avait certes éteint l’action publique, mais aurait pu inciter à la vigilance.
Le porte-parole de l'association des victimes, Alain Esquerre, a réagit ce mercredi matin sur francetvinfo.fr (https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/betharram-bienvenue-a-neuneuland-reagit-le-porte-parole-de-l-association-des-victimes-apres-les-aveux-de-l-inspecteur-d-academie_7083654.html) : "Bienvenue à neuneuland". "J'entends son acte de contrition, et faute avouée est à demi pardonnée", explique Alain Esquerre, mais il se dit tout de même "sidéré et révolté". Il est notamment sidéré par "la désinvolture et la légèreté de cet inspecteur d'académie régional qui doit enquêter sur le dossier Bétharram et qui n'enquête pas sur la perte d'audition de cet enfant" dont le tympan a été percé après un coup au visage porté par un surveillant en 1996. Un inspecteur "payé pour faire un travail" et qui "nous dit aujourd'hui qu'il fait son acte de contrition en disant que ce travail" n'a pas été fait à l'époque. Le porte-parole de l'association des victimes de Bétharram se dit également révolté car la "légèreté" de cet inspecteur "entraîne une très grande responsabilité en termes de violences qui se sont poursuivies ensuite à Bétharram -et notamment après 1996- et qui empêchent les pouvoirs publics d'agir et d'aller plus loin sur ce dossier, et même qui empêchent la justice d'enquêter".
Alain Esquerre déplore également que dans son rapport, l'inspecteur d'académie "met en cause Françoise Gullung, une professeure de mathématiques excellente, qu'il ne rencontre pas parce qu'elle a le nez cassé du fait qu'elle a été bousculée par des élèves -accidentellement soi-disant. Mais par contre, il la décrit avec un état d'esprit très négatif parce qu'il écoute tous les enseignants de Bétharram. Et le crime de Françoise Gullung, c'est de donner à ses élèves le numéro d'urgence, le 119 [numéro du service Allô Enfance Maltraitée]". "Les politiques, comment vous voulez qu'ils agissent si la fonction publique d'État ne fait pas le job pour lequel elle est payée ?", conclut-il.
francetvinfo.fr (https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/affaire-betharram-on-vous-resume-la-contre-attaque-de-francois-bayrou-contre-le-gouvernement-de-lionel-jospin_7083618.html) nous montre que toujours aux prises avec l'affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, François Bayrou a martelé, mardi 18 février, n'être "jamais" intervenu "ni de près ni de loin" dans le dossier suite aux questions qui ne venaient pas de La France insoumise, mais de la socialiste Colette Capdevielle. La députée des Pyrénées-Atlantiques a demandé à François Bayrou de répondre "les yeux dans les yeux" aux dernières révélations sur l'affaire.
Dans un témoignage diffusé dimanche par TF1, le gendarme chargé de l'enquête sur le père Carricart, accusé de viol en 1998, a évoqué une "intervention" de François Bayrou auprès de la justice à l'époque, alors qu'il était député et président du Conseil général. Autre révélation, le juge qui a enquêté sur le viol en 1998 a également relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait "fait la démarche de venir" le voir lorsque le prêtre était en détention. Ce juge d'instruction, Christian Mirande, "c'est mon voisin depuis 50 ans", a répondu le Premier ministre, toujours maire de Pau. "Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire ? Sans doute oui. [Mais] on a pu parler de l'ambiance, on a pu parler de l'établissement, jamais du dossier", a répliqué François Bayrou.
Le Premier ministre a aussi visé le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990. De quoi faire réagir les ministres de l'époque nommément citées : Elisabeth Guigou qui dans cette affaire, dit que "le gouvernement a fait son travail et l'institution judiciaire a fait le sien, en toute indépendance, avant de rappeler son bilan dans la "lutte contre les délits et crimes sexuels", avec l'adoption en 1998 d'une loi contre la pédocriminalité, et Ségolène Royal s'est immédiatement dite "scandalisée par les attaques du Premier ministre" en publiant sur le réseau social X ses instructions datant d'août 1997 sur les "violences sexuelles" dans les établissements scolaires. Cette dernière envisage aussi le dépôt d'une "plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse" contre le Premier ministre. Cependant, Huffingtonpost.fr (https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/cette-nouvelle-revelation-sur-betharram-par-mediapart-affaiblit-encore-la-defense-de-bayrou_246427.html)nous montre que dans une nouvelle enquête, Mediapart évoque une plainte dès 1993, quand François Bayrou était alors ministre de l’Éducation nationale.
Libération.fr (https://www.liberation.fr/societe/police-justice/affaire-betharram-trois-hommes-places-en-garde-a-vue-pour-viols-aggraves-agressions-sexuelles-et-violences-20250219_VN37AARZRVB3FJ2X5WRT25V66E/) nous montre le nouveau rebondissement dans le scandale Bétharram. Trois hommes ont été placés en garde à vue pour des «viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et /ou violences aggravées» dans le cadre de l’enquête sur l’établissement des Pyrénées-Atlantiques, a annoncé ce mercredi 19 février le parquet de Pau. Dans un communiqué, le procureur de la République Rodolphe Jarry précise que ces derniers sont nés en 1931, 1955 et 1965. Ils sont entendus pour des faits susceptibles d’avoir été commis «entre 1957 et 2004» au sein de l’établissement. Afin de préserver les investigations en cours, le parquet de Pau n’a pas souhaité livrer de plus amples détails sur «les mesures en cours». Il prévoit toutefois de proposer «une communication plus complète» dès l’instant où les gardes à vue seront terminées. Certains de ces faits devraient toutefois être couverts par les délais de prescription, qui sont de trente ans après la majorité du ou de la plaignante. "Il y a la satisfaction que la justice se mette en marche", confie Thierry Sagardoytho, avocat du premier dépôt de plainte dans l'affaire Bétharram, mercredi 19 février sur franceinfo (https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/trois-hommes-en-garde-a-vue-dans-l-affaire-betharram-l-avocat-d-une-victime-dit-sa-satisfaction-que-la-justice-se-mette-en-marche_7084437.html), après l'annonce du placement de trois hommes en garde à vue. Cette mise en marche représente selon lui "une note d'espoir" pour les victimes.
Enfin, la demande de création d’une commission d’enquête «sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires» portée par le député LFI Paul Vannier a été votée à l’unanimité ce mercredi 19 février en commission des affaires culturelles et de l’éducation. Une première étape franchie, avant une discussion en séance plénière. L’Assemblée nationale va désormais devoir se prononcer en séance plénière sur la création de cette commission d’enquête parlementaire. Si elle voit le jour, la commission d’enquête devrait s’étendre plus largement qu’à la seule affaire Bétharram, une commission d’enquête ne pouvant porter sur des faits donnant lieu à des poursuites pénales. Mercredi, plusieurs députés ont aussi émis le souhait de se pencher sur la situation des pensionnats publics, en plus des établissements privés (https://www.liberation.fr/politique/scandale-betharram-lassemblee-nationale-fait-un-premier-pas-vers-la-creation-dune-commission-denquete-parlementaire-20250219_R2CDARXJIJBMJKMQLBAZ4D3PEM/).
En plein «scandale Bétharram», à l’heure où la polémique se focalise sur d’éventuels manquements politiques, le rectorat de Bordeaux fait savoir que l’inspection de l’établissement privé catholique sera avancée à la semaine du 17 mars, à la demande du ministère de l’Éducation nationale. Censé donner des gages sur la gestion actuelle du collège-lycée, ce contrôle veut aussi clore le débat, lancé par deux députés girondins LFI, sur la nécessité de fermer l’établissement à titre provisoire. On pourrait toutefois s’étonner que le calendrier de cette visite soit défini avec le directeur d’établissement et le responsable diocésain… S’étonner surtout que cette mesure n’ait pas été prise plus tôt : au total 130 plaintes ont été déposées pour des violences physiques et sexuelles commises entre les années 1960 et 2011, avec un afflux de dépositions à partir de 2021(https://www.sudouest.fr/politique/education/affaire-betharram-pourquoi-l-etablissement-a-ete-laisse-hors-de-controle-23311803.php).
«Peut-être faut-il passer plus de temps sur place, lors de ces contrôles», réagit Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieuses et des religieux de France, ajoutant que «les prédateurs savent camoufler leurs comportements». «Des contrôles ? Mais il n’y en a pas, ou peu» rétorque de son côté Nicolas Glière, responsable national du syndicat des salariés de l’enseignement privé (Snalc). Ce qu’atteste aussi la Cour des comptes dans un rapport de 2023. «Le contrôle financier des établissements, qui incombe aux directions départementales et régionales des finances publiques n’est pas mis en œuvre. Le contrôle pédagogique réalisé par les inspecteurs pédagogiques régionaux est exercé de manière minimaliste. Le contrôle administratif, qui relève de l’Inspection générale de l’enseignement et des recteurs, n’est mobilisé que ponctuellement, lorsqu’un problème est signalé.» (https://www.sudouest.fr/politique/education/affaire-betharram-pourquoi-l-etablissement-a-ete-laisse-hors-de-controle-23311803.php).
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