Publié le 31 Mars 2025
Ouest-France.fr nous montre que le sanctuaire de Lourdes a commencé ce lundi 31 mars à masquer certaines mosaïques de Marko Rupnik, alors que les évêques s’y réunissent pour un colloque sur les violences sexuelles dans l’Église. Deux portes latérales de la basilique du Rosaire ont ainsi été recouvertes de panneaux et «les deux grandes portes centrales le seront d’ici quelques jours, avant le début de la saison des pèlerinages à Lourdes», a déclaré dans un communiqué l’évêque de Tarbes-Lourdes, Mgr Jean-Marc Micas. Ce prêtre et mosaïste slovène est accusé d’avoir exercé des violences psychologiques et sexuelles sur au moins une vingtaine de femmes pendant 30 ans. Cinq femmes accusant cet influent prêtre et mosaïste slovène d’agressions sexuelles ont salué avec «joie» la décision du sanctuaire de Lourdes de dissimuler ses œuvres et appelé les évêques d’autres diocèses à l’imiter, a indiqué Me Laura Sgròdans, dans un communiqué. En juillet déjà, l’évêque de Tarbes-Lourdes avait annoncé «un premier pas», la fin de l’éclairage de ces mosaïques lors des processions rassemblant les pèlerins chaque soir, pour cesser leur «mise en valeur». «Il m’a semblé […] qu’un nouveau pas symbolique devait être fait pour que l’entrée dans la basilique soit facilitée pour toutes les personnes qui aujourd’hui ne peuvent en franchir le seuil», a-t-il ajouté ce lundi. Cette deuxième étape intervient alors que la Conférence des évêques de France organise, lundi et mardi à Lourdes, un grand séminaire de réflexion sur la lutte contre les violences sexuelles, auquel de nombreuses victimes sont invitées. L’importance du sanctuaire de Lourdes, qui a accueilli 3,2 millions de visiteurs en 2024, donne un poids particulier aux décisions concernant ces mosaïques.
radiofrance.fr (https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-info-de-france-inter/l-info-de-france-inter-3127183) nous montre que ce geste vient surtout qu’après avoir reçu des signalements dénonçant des abus sexuels de la part de prêtres de leur diocèse, au moins 18 évêques n'ont pas apporté la réponse attendue par les victimes, selon l'enquête publiée par France Inter le vendredi 28 mars, à quelques jours de l'assemblée plénière des évêques de France. C’est le cas de l'évêque d'Autun accusé de "couvrir" des religieux, de l'évêque de Beauvais qui défend un prêtre finalement renvoyé pour "abus sexuels et abus de pouvoir", de l'évêque d'Annecy accusé d'inaction lorsqu'il était au Mans, l'évêque de Bayonne accusé d'avoir minimisé les faits reprochés à des prêtres, de l'archevêque de Rennes mis en cause pour ne pas avoir saisi la justice, l'évêque d'Évry accusé d'avoir voulu dissuader la victime de porter plainte, de l'évêque d'Aix-en-Provence accusé de ne pas avoir écarté un prêtre signalé, des évêques de Montpellier et Cahors mis en cause pour ne pas avoir pris la mesure des faits, de l'évêque de Belley-Ars montré du doigt pour avoir gardé le silence, des évêques d'Aire-et-Dax, de Grenoble-Vienne et d'Orléans accusés de ne pas avoir donné suite aux alertes, de l'évêque d'Angers accusé d'inertie, de l'évêque auxiliaire de Lyon accusé de ne pas avoir pris conscience de la gravité des faits, de l'évêque de Nancy qui n'est "pas allé plus loin pour chercher" ce qui est reproché au père Preynat, de l'archevêque de Sens-Auxerre pointé du doigt pour la réintégration d'un prêtre, et de l'évêque de La Rochelle mis en examen pour tentative de viol. Face aux accusations, certains d'entre eux font amende honorable, d'autres évoquent des faits datant d'avant le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), d'autres encore répondent à côté ou ne répondent pas du tout.
Enfin, Claire Gallen pour lunion.fr et l’AFP (https://www.lunion.fr/id702711/article/2025-03-31/leglise-fait-le-point-sur-sa-lutte-contre-les-violences-sexuelles) nous montrent que trois ans et demi après le séisme du rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l'Eglise catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) a donné lundi à Lourdes le coup d'envoi à deux jours de "point d'étape" sur la lutte contre ce fléau. Ce colloque, rassemblant plus de 300 participants, est organisé en amont de l'assemblée plénière de la CEF, qui ouvre mardi soir avec pour objectif d'élire un nouveau président. "Notre intention, pendant ce jour et demi, est de mesurer le chemin parcouru, de tracer des perspectives pour la suite", a affirmé le président de la CEF Eric de Moulins-Beaufort dans son discours d'ouverture. Il a remercié les nombreuses victimes présentes : "leur décision de nous parler leur a parfois valu du mépris. Ils et elles nous ont puissamment aidés" et "pour nous, ces personnes sont passées de victimes à témoins", a-t-il affirmé. Ces victimes devaient prendre la parole lors de plusieurs tables rondes successives. Hasard de la géographie : le colloque se tient à une vingtaine de kilomètres de l'établissement d'enseignement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, au centre de multiples révélations de violences sexuelles. Mgr de Moulins-Beaufort a indiqué avoir rencontré dimanche, "dans la conscience du travail à faire", Alain Esquerre et Pascal Gely, du collectif des personnes victimes à Bétharram, "dont le combat en vue de la prévention, de l’accompagnement des personnes victimes et de la vigilance est désormais bien connu". L'événement a lieu à la Cité Saint-Pierre, sur les hauteurs de Lourdes, à distance donc d'un autre rappel des violences sexuelles dans l'Église : les mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d'agressions sexuelles, et qui restent accrochées au sanctuaire, même si elles ne sont désormais plus éclairées la nuit lors des processions.
Ce "point d'étape" est organisé trois ans et demi après la publication du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église catholique) qui a estimé à 330 000 le nombre de mineurs victimes depuis les années 1950. Dans le sillage de ces révélations, l'Église avait reconnu sa responsabilité institutionnelle et créé deux instances de reconnaissance pour les victimes ainsi que neuf groupes de travail, qui avaient émis des recommandations en mars 2023. Où en est-on de la mise en œuvre? Présenté lors du colloque, un rapport d'une cinquantaine de pages recense les avancées de ces dernières années. Le texte salue "une réelle volonté de changement" même si "c'est forcément un long processus" car "il s'agit d’entrer dans un changement profond de culture". Parmi les mesures mises en œuvre : un cours en ligne sur le "risque d'instrumentalisation de la parole de Dieu", une "charte de bientraitance pour la protection des mineurs", un outil d'autodiagnostic pour les communautés accueillant des mineurs, des procédures d'accueil et de formation des futurs prêtres... "Le chemin est ouvert, mais il est loin d’être achevé", a affirmé Mgr de Moulins-Beaufort en soulignant que les mesures "doivent être poursuivies, approfondies, affinées". L'un des points forts de ce colloque sera, mardi matin, la table ronde réunissant le président de la Ciase Jean-Marc Sauvé, et ceux des deux commissions de réparation décidées en 2021 : Marie Derain de Vaucresson pour l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et Antoine Garapon pour la CRR (Commission reconnaissance et réparation). Ces deux instances proposent une démarche restaurative, ainsi qu'une réparation financière pouvant atteindre 60 000 euros. L'Inirr a été saisie par près de 1600 victimes en trois ans, et la CRR par 1065 personnes au total. En parallèle du colloque, l'association Mouv'Enfants de victimes de violences sexuelles compte organiser lundi dans un hôtel de Lourdes un "faux procès de l'Église et de l'État pour crime contre l'humanité", avec des victimes et des professionnels de la santé et du droit.
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